Des centaines de nazis seraient toujours en liberté, selon un expert
Efraïm Zuroff estime que la plupart ne seront pas traduits en justice car les pays ne sont pas disposés à faire le nécessaire
Des centaines, voire des milliers, d’anciens nazis soupçonnés de crimes de guerre pourraient encore être en liberté, a affirmé jeudi le directeur du Centre Simon-Wiesenthal à Jérusalem, Efraïm Zuroff, reconnu comme un spécialiste mondial de la traque de nazis.
« Ils sont encore des centaines et peut-être des milliers mais la question est de savoir qui peut être traîné en justice », a affirmé M. Zuroff, qui s’exprimait à la veille de la Journée internationale du souvenir de l’Holocauste.
D’après lui, la plupart d’entre eux ne seront pas traduits en justice, de nombreux pays n’étant guère disposés à les poursuivre.
Depuis 2001, 104 anciens nazis ont été condamnés pour leur participation à la Shoah, durant la période où environ 6 millions de juifs ont été assassinés par les nazis et leurs complices, selon les chiffres du Centre Simon-Wiesenthal.
Mais entre avril 2015 et mars 2016, une seule condamnation a été prononcée -cinq ans de prison ferme pour un ancien gardien du camp d’extermination d’Auschwitz âgé de 94 ans, en Allemagne- et seulement deux nouveaux cas ouverts.
« Il va y avoir une augmentation des poursuites en raison des changements dans la politique de la justice allemande », a toutefois expliqué M. Zuroff.
La justice allemande a modifié ses règles en 2011 afin de permettre les poursuites contre ceux qui ont collaboré avec les nazis dans les camps de la mort, même sans avoir participé directement à l’assassinat d’innocents, offrant de nouvelles opportunités de juger des suspects malgré leur âge avancé.
Saluant les efforts de la justice allemande, M. Zuroff a déploré que de nombreux pays refusent de suivre cet exemple.
Des collaborateurs des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale sont à l’abri dans plusieurs pays qui refusent d’entamer des actions en justice.
« En Ukraine, aucune enquête a été ouverte contre ces collaborateurs qui sont nombreux », a affirmé Efraïm Zuroff.
La Norvège et la Suède n’ont pas de règlements permettant de juger les anciens criminels de guerre, d’après ce « chasseur de nazis ».
Or « des Norvégiens se sont portés volontaires pour aider les SS et ont été envoyés à l’est où ils ont commis des crimes contre l’humanité en Ukraine », a-t-il expliqué.
Interrogé sur les efforts de la justice de condamner les anciens nazis, M. Zuroff a estimé « qu’il n’y avait aucun doute que c’était un échec ».
« Le nombre impressionnant de gens impliqués dans la Shoah a rendu impossible le fait de les traduire tous en justice », a-t-il dit.