Des cours de « premiers secours » en santé mentale pour les ados pris d’assaut
Maayan Cohen avait fait une formation aux premiers secours, réalisant ensuite qu'il n'existait pas d'équivalent pour aider les personnes en souffrance psychique
Les jeunes Israéliens ont pris d’assaut une nouvelle formation de « premiers secours » permettant d’intervenir dans une situation de souffrance psychique. Cette formation a été mise au point par une adolescente frustrée que les problèmes de santé psychique des jeunes soient trop souvent poussés à la marge.
Ce sont environ 3 000 personnes qui participent actuellement à cette formation gratuite en ligne. Quand l’essai-pilote se terminera, le mois prochain, les cours délivrés devraient l’être en permanence sur le portail éducatif gouvernemental CampusIL et il devrait attirer des dizaines de milliers d’utilisateurs.
« Comme un grand nombre de jeunes, j’ai fait la formation habituelle aux premiers secours », raconte Maayan Cohen, une jeune fille de 17 ans originaire de Jérusalem au Times of Israel.
« Et je me suis dit qu’il était assez improbable que j’utilise un jour ce que j’avais appris mais qu’en revanche, il était vraiment probable que je me retrouve dans une situation où une personne aurait besoin d’aide face à des souffrances psychiques », déclare-t-elle.
« J’ai commencé à chercher des cours de premiers secours sur la santé mentale sur internet pour les adolescents et je n’ai rien trouvé, sinon des formations très chères, et c’est ainsi que j’ai commencé à réfléchir à la possibilité de créer une formation ».
C’était il y a seulement six mois – et le projet a ensuite avancé rapidement.

Le lancement de cette formation a lieu alors que les professionnels sont aux prises avec l’impact de la pandémie au niveau psychique chez les jeunes.
Une étude de données massives, réalisée récemment au sein de l’État juif, révèle que les problèmes de santé mentale chez les adolescentes ont atteint un pic depuis le premier confinement pour cause de coronavirus, au début de l’année 2020. Le nombre des dépressions diagnostiquées chez ces jeunes filles a presque été multiplié par deux par rapport à l’époque pré-pandémie, et l’usage d’antidépresseurs et d’antipsychotiques a augmenté respectivement de 40 % et de 68 %.
La formation de Cohen met l’accent sur la détection de la souffrance psychique et sur les actions initiales à prendre – d’où le titre « premiers secours ».
Parmi les sujets abordés, la définition d’une situation traumatique, comment identifier la souffrance psychique d’un individu et comment lui venir en aide.
Les cours abordent également le devoir de vigilance à l’égard des autres adolescents – en évitant l’écueil d’une inquiétude non-nécessaire. « On met l’accent sur l’identification des signes qui indiquent qu’un jeune est en détresse – en opposition avec ces comportements qui relèvent avant tout de l’adolescence », explique Cohen.
La jeune fille dit s’être intéressée de plus en plus aux problèmes des souffrances psychiques après avoir entendu parler de plusieurs suicides d’adolescents, et après avoir constaté l’impact négatif de la pandémie sur la santé mentale des jeunes.
Cohen ajoute que dans un monde où les problèmes de souffrance psychique ne cessent d’augmenter chez de nombreux adolescents, la formation qu’elle propose peut aider à sensibiliser à cette problématique et à promouvoir l’intervention des amis de ces jeunes.
« Dans l’ensemble, j’espère que si quelqu’un doit se trouver en proie à des souffrances psychiques, son entourage sera mieux sensibilisé et il sera plus à même de faire ce qu’il faut faire », poursuit-elle.
Cohen fait partie de l’ONG Israel Youth Leadership Development – une organisation qui encourage les jeunes générations à assumer des rôles de leadership dans la société. Le groupe lui a permis de se lier à des partenaires, de mettre au point sa formation et de la proposer sur internet.
L’organisation ERAN, dont les activités se concentrent sur la santé mentale, lui a apporté son soutien et, avec l’aide de psychologues et de psychiatres, elle a mis en place un programme d’étude de 30 heures qui n’est actuellement accessible que pour les jeunes qui se sont inscrits à la phase pilote.