Des militantes se mobilisent en Arabie et en Iran malgré la répression
Amnesty a marqué la Journée des droits de l'Homme en reconnaissant le rôle joué par des militantes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en dénonçant les discriminations sexistes
Quatorze arrestations en Arabie saoudite, 66 en Iran : en 2018, des militantes des droits de l’Homme au Moyen-Orient ont subi des abus commis par des gouvernements et des groupes armés, mais se sont fortement mobilisées pour obtenir des changements, selon Amnesty International.
Amnesty a marqué la Journée des droits de l’Homme en reconnaissant le rôle courageux joué par des militantes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) en dénonçant les préjugés et les discriminations dont les femmes continuent à être victimes dans cette région.
En Iran, en Arabie saoudite, en Egypte, au Maroc et dans les Territoires palestiniens, des femmes ont participé à des mouvements de protestation et ressenti le contrecoup des inquiétudes des pouvoirs en place, hostiles à tout changement du statu quo, écrit l’organisation dans un rapport publié lundi.
Des militantes ont été arrêtées en Arabie saoudite avant la levée en juin de l’interdiction faite aux femmes de conduire. Certaines sont toujours emprisonnées. En Iran, des femmes continuent de défier les autorités concernant le port du voile.
« Entre leur campagne réussie pour la levée de l’interdiction de conduire en Arabie saoudite et leur protestation contre la pratique dégradante et abusive du hijab forcé en Iran, des femmes dans la région se sont levées et ont dénoncé des politiques gouvernementales discriminatoires », déclare Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty.
Dans ce processus, elles ont souvent risqué des arrestations et des détentions, ainsi que des actes de torture et de harcèlement sexuel, souligne l’organisation.
En Egypte, Amnesty cite, parmi « de nombreux cas de militantes », celui d’Amal Fathi, « emprisonnée arbitrairement depuis mai pour avoir seulement posté une vidéo racontant son expérience de harcèlement sexuel et critiquant le gouvernement » pour son inaction.
L’organisation mentionne également le cas d’une Palestinienne, Suha Jbara, qui, selon elle, a été torturée par des agents de l’Autorité palestinienne pendant trois jours en novembre. Selon Amnesty, elle a raconté avoir été battue, jetée contre un mur et menacée de violence sexuelle.
« En dépit du manque de pression internationale, les avancées durement gagnées des militantes des droits de l’Homme cette année et les précédentes soulèvent des espoirs, avec d’autres changements à l’horizon », estime Philip Luther, directeur de recherches d’Amnesty pour la région MENA.