Des parents d’otages, « en colère et humiliés », accusent Ron Dermer de ne pas avoir de plan
Après avoir été taxés d'impolitesse par le ministre des Affaires stratégiques, principal négociateur, ils disent comprendre que leurs proches seront abandonnés dans l'enfer du Hamas

Le père d’Eitan Mor et la mère d’Avinatan Or, tous les deux retenus en otage, ont adressé vendredi une lettre au ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu et négociateur en chef d’Israël dans les pourparlers de cessez-le-feu avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, pour exprimer leur « colère, humiliation, confusion et épuisement » après une rencontre consacrée aux efforts visant à ramener leurs proches conservés en captivité au sein de l’enclave côtière.
Selon Tzvika Mor et Ditza Or, qui sont tous les deux affiliés au Forum Tikva, un groupe de droite radicale, Dermer ne leur a pas demandé pourquoi ils avaient sollicité cet entretien – qu’ils réclamaient pourtant depuis un certain temps.
« Vous avez commencé par une attaque verbale incontrôlée dont nous n’avons presque rien tiré. Nous ne sommes pas stupides. Les quelques mots que nous avons réussi à glisser l’ont été sous forme ‘d’interventions impolies’, selon vos propres termes. Seulement, si nous n’avions pas été impolis, nous n’aurions même pas pu exprimer ce que nous avons exprimé », ont-ils écrit dans leur courrier.
« Le choix de cette stratégie (et vous n’êtes pas le premier à l’adopter) traduit un profond mépris à notre égard en tant que personnes, et en tant que parents au cœur brisé. »
Ils ont poursuivi en disant que « pendant près de deux heures, vous nous avez détaillé de manière fastidieuse et irritante les étapes des combats et des accords conclus depuis le début de la guerre. À plusieurs reprises, nous vous avons demandé de vous concentrer sur la situation actuelle et sur les défis immédiats, mais en vain. Vous avez insisté pour continuer votre résumé historique. Finalement, après deux heures inutiles, il ne restait que peu de temps pour discuter des actions envisageables, et nous étions complètement épuisés. »
Mor et Or ont ajouté que, dans les heures qui ont suivi la rencontre, « nous avons compris l’ampleur du désastre ».
« Ceux qui ne seront pas libérés [de Gaza] dans le cadre du petit groupe actuel seront abandonnés à leur sort dans les profondeurs de l’enfer. Nous n’avons entendu de votre part aucune proposition opérationnelle permettant de ramener [les otages] chez eux, ni aucun calendrier précis. À notre demande, vous avez évoqué un délai estimé entre trois et six mois, mais sans présenter de véritable plan d’action. »
« Nos proches sont abandonnés en enfer, condamnés à attendre patiemment et poliment leur fin tragique. Nous vous avertissons à nouveau : n’osez pas faire de distinction entre les vies, ne sacrifiez pas certains otages pour en sauver d’autres. Vous n’avez pas le droit de capituler ni d’abandonner nos proches. C’est tous ensemble, ou personne. »