Des pièces confirment le triomphe des Maccabées en Israël, au 2ᵉ siècle avant notre ère
La propriété hellénistique intacte située à Khirbet el-Eika en Galilée orientale a probablement été abandonnée par ses habitants à l'approche de Yonatan Maccabee et son armée

Selon de nouvelles recherches, un trésor de pièces de bronze découvert dans les vestiges d’un bâtiment de l’époque hellénistique apporte de nouvelles preuves de la vie en Israël à l’époque tumultueuse du milieu du 2ᵉ siècle avant notre ère, lors de la campagne militaire victorieuse menée par Jonathan Maccabee, frère de Judas, le héros de la fête de Hanoukka.
La cache de 26 pièces a été découverte en 2016 sur le site de Khirbet el-Eika, au sommet d’une montagne surplombant la Galilée orientale, dans le nord d’Israël. Sa découverte a été rendue publique pour la première fois dans un article académique publié le mois dernier dans l’American Journal of Numismatics.
« Khirbet el-Eika était un domaine agricole étroitement lié à la ville côtière d’Akko », a déclaré le Dr. Roï Sabar, de l’Institut d’archéologie de l’Université hébraïque de Jérusalem, lors d’un appel vidéo avec le Times of Israel.
Sabar a cosigné l’article avec Danny Syon, de l’Institut d’archéologie galiléenne du Kinneret Academic College, et avec des collègues chercheurs de l’Université hébraïque, le Dr. Yoav Farhi et le Pr. Uzi Leiber.
Khirbet el-Eika a été étudié pour la première fois au début des années 2000, puis sélectionné pour être fouillé dans le cadre du projet de Galilée hellénistique dirigé par Leiber entre 2015 et 2018.
Si de nombreux sites en Israël ont été occupés pendant la période hellénistique, la plupart sont restés actifs aux époques romaine et byzantine, ce qui rend plus difficile pour les archéologues de découvrir les strates correspondantes.

Khirbet el-Eika a cependant été abandonné vers le milieu du 2ᵉ siècle avant notre ère, très probablement à la suite d’un événement violent, a souligné Sabar.
« Khirbet el-Eika nous a offert une excellente occasion de faire des fouilles directement liées à la période hellénistique, traditionnellement sous-représentée dans l’archéologie israélienne », a-t-il déclaré.
Le site présentait un large éventail de découvertes, telles que des objets de luxe comme un miroir en bronze et un bol en cuivre, ainsi que des outils agricoles en fer.
« Nous avons découvert un nombre impressionnant d’artefacts », a indiqué Sabar.
« Nous avons mis au jour un riche ensemble de poteries, dont de nombreuses amphores provenant de toute la mer Égée. Nous avons également trouvé cinq clés de porte, ce qui est assez rare dans les fouilles archéologiques, ainsi que des restes d’ânes. »
Selon Sabar, les résultats des fouilles sont cohérents avec l’idée que les habitants du site ont ressenti le besoin de fuir.
« Nous pensons que les habitants de Khirbet el-Eika étaient en situation de stress les derniers jours du site, soit parce qu’une armée les avait attaqués, soit parce qu’ils s’attendaient à ce qu’une attaque ait lieu sous peu », a-t-il déclaré.
« La thésaurisation des pièces est une pratique typique des personnes qui veulent cacher de l’argent, et elle est également typique d’une situation de stress. Ils ont essayé de tout préparer pour partir, en espérant qu’un jour ils pourraient revenir. »

Bien que le domaine n’ait jamais été repeuplé, le chercheur a expliqué que les habitants de Khirbet el-Eika ont réussi à s’enfuir car les archéologues n’ont pas trouvé de squelettes humains sur le site.
Cependant, beaucoup de leurs biens sont restés sur place, y compris le trésor de pièces de monnaie.
« Nous parlons d’un lot de 26 pièces, dont certaines ont été trouvées ensemble et d’autres dispersées, mais nous considérons qu’elles appartiennent quand même à ce trésor », a déclaré Farhi, un expert en numismatique, au Times of Israel lors d’un appel téléphonique.
« Nous supposons que les pièces étaient cachées dans une pièce au deuxième étage du bâtiment et qu’elles ont été éparpillées lorsque le bâtiment s’est effondré. »

La plupart des pièces sont des pièces de bronze civiques d’Akko-Ptolémaïs. Au milieu du 2ᵉ siècle avant notre ère, Akko appartenait à la Phénicie et était le principal port du nord de la Terre d’Israël.
Sur une face, les pièces représentent une corne d’abondance, un récipient en forme de corne utilisé comme symbole d’abondance, qui figurait également sur les pièces hasmonéennes des 2ᵉ et 1ᵉʳ siècles avant notre ère sous la forme d’une double corne d’abondance – et qui orne les pièces actuelles de deux shekels israéliennes.

Sur l’autre face, les pièces présentent les têtes des Dioscures, dieux grecs jumeaux considérés comme les protecteurs des marins.
Les archéologues ont mis au jour un autre type de pièce qui faisait probablement partie du magot : une pièce à l’effigie du roi Démétrios II et portant une date équivalente à 144-143 avant notre ère.
En 164 avant notre ère, Judas Maccabée réussit à vaincre les forces locales de l’empire séleucide dirigé par Antiochus IV et purifie le Temple juif de Jérusalem. Au cours des décennies suivantes, la région sera disputée par des dynasties qui tenteront d’imposer leur domination sur différentes parties du territoire.
Démétrios II était l’un de ces rois.

En 144 avant notre ère, le général juif Yonatan, chef des Maccabées, rejoint le roi séleucide Antiochus VI contre Démétrios, allié de Ptolémée VI Philométor d’Égypte, qui avait envahi la région quelques années plus tôt.
« En tant que dernière pièce de la collection, la pièce de Demetrios nous a permis de déterminer très précisément la date du magot », a déclaré Farhi.
Selon le chercheur, le niveau de conservation des pièces d’Akko-Ptolémaïs suggère également qu’elles ont été frappées peu de temps avant d’être thésaurisées.
« Nous pensions auparavant que ce type de pièce n’était frappé que jusqu’à environ 160 avant notre ère, mais les pièces de bronze se détériorent assez rapidement lorsqu’elles sont utilisées, alors que les pièces que nous avons trouvées à Khirbet el-Eika semblent être en très bon état », a-t-il déclaré.

« Par conséquent, elles ont probablement été frappées plus tard, peut-être même au cours de la même décennie où elles ont été cachées. »
« C’est pourquoi ce trésor de pièces est si important », a-t-il ajouté.
« Il nous livre une autre pièce du puzzle de ce qui se passait dans la région au cours de cette décennie. »
La bataille de Jonathan en Galilée est relatée dans le premier Livre des Maccabées, a rappelé Sabar.

« Le Livre des Maccabées décrit une bataille entre les deux armées, celle de Démétrios II et celle de Yonatan au nom d’Antiochus VI. Elles se sont rencontrées à Qadesh, également situé en Galilée orientale, non loin de Khirbet el-Eika. »
Les Livres des Maccabées sont des ouvrages apocryphes non canonisés dans la Torah (bien que certains fassent partie des canons catholiques et protestants).
« Lorsque Yonatan apprit que les princes de Démétrius étaient venus à Cadès [également écrit Qadesh], en Galilée, avec une grande puissance, dans le but de l’expulser du pays, il alla à leur rencontre », lit-on dans un passage du texte (I Maccabées, 11:73-74, traduction de la Septante de Brenton telle qu’elle figure dans la bibliothèque juive en ligne Sefaria).
Les fouilles de Qadesh ont également mis au jour les vestiges d’un bâtiment administratif abandonné à la même époque. Un autre lot de pièces de bronze civiques akko-ptolémaïques, très similaire à celui de Khirbet el-Eika, a été découvert à Har Yona, à environ quatorze kilomètres de là.
« Nous pensons que toutes ces découvertes appartiennent au même événement, la bataille de Yonatan en Galilée orientale », a déclaré Fahri.
Selon Sabar, il reste encore beaucoup à découvrir sur la vie à l’époque hellénistique en Galilée et dans l’ensemble du pays d’Israël.
« De nombreux sites doivent encore être explorés et de nombreuses questions doivent être posées », a-t-il déclaré.
« J’espère que les découvertes de Khirbet el-Eika inciteront d’autres chercheurs à rechercher davantage d’informations et de nouvelles données. »
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