Des propos sur le Hezbollah d’un vice-président de Lyon 2 signalés à la justice
Le chercheur Willy Beauvallet-Haddad avait notamment décrit Hassan Nasrallah comme "une figure fraternelle" qui a rejoint "le panthéon (...) des grands personnages de l'Histoire"

Le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste a déclaré mardi que des propos « très graves » sur le Hezbollah libanais attribués à un vice-président de l’Université Lyon 2 avaient été signalés à la justice.
Willy Beauvallet-Haddad, qui reste maître de conférences en sciences politiques, a annoncé lundi à ses collègues démissionner de la vice-présidence pour « faire baisser la pression très forte » qui pèse sur l’établissement.
Dans son message, rendu public par plusieurs destinataires, le chercheur assure avoir été visé par une « campagne de dénigrement public (…) en raison de prises de positions personnelles relatives à la situation en Palestine et au Liban », sans donner de détails.
« Il avait précédemment fait un hommage à (Hassan) Nasrallah donc chef du Hezbollah », a déclaré mardi le ministre de l’Enseignement supérieur sur France 2. « Un signalement a été fait » auprès de la justice pour « ces faits qui peuvent relever de l’apologie du terrorisme », a-t-il ajouté.
Sur X, Willy Beauvallet-Haddad a reposté plusieurs messages de soutien au peuple palestinien mais son compte Facebook n’est plus accessible. Le syndicat étudiant de droite UNI a reproduit une capture d’écran d’un message attribué au chercheur, dans lequel Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne en septembre 2024, est décrit comme « une figure fraternelle » qui a rejoint « le panthéon (…) des grands personnages de l’Histoire ».
Le Hezbollah libanais pro-iranien et allié du Hamas palestinien est classé comme une organisation terroriste par Israël et les Etats-Unis. Sa branche armée l’est aussi par l’Union européenne.

« Je suis profondément choqué et je ne vois pas comment on peut être vice-président d’une université quand on écrit des choses pareilles », a commenté Philippe Baptiste. « Je prends acte du fait qu’il a déposé sa démission, évidemment ça n’interrompt rien pour autant », a-t-il poursuivi: « c’est à la justice de travailler ».
Le parquet de Lyon n’a pas encore fait savoir s’il avait bien reçu ce signalement. M. Beauvallet-Haddad et l’université n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
Cet épisode survient alors que l’université Lyon 2 est dans la tourmente depuis l’intrusion, le 1er avril, d’un groupe de personnes encagoulées lors d’un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l’Irak et de la Syrie. Vivement pris à parti par des militants le taxant de « raciste » et « sioniste », il avait interrompu son cours.
L’incident a suscité une large condamnation et le parquet, saisi par l’université, a ouvert une enquête pour « entrave à l’exercice de la fonction d’enseignant ».
Une autre enquête a été ouverte sur des menaces de mort adressées à la présidente de Lyon 2, Isabelle von Bueltzingsloewen, après une interview dans laquelle elle dénonçait des « faits intolérables » mais aussi les « paroles complotistes » de Fabrice Balanche qui a évoqué dans de nombreux médias « l’islamo-gauchisme » en vigueur selon lui à Lyon 2.