Des sénateurs juifs accusent Trump d’utiliser l’antisémitisme comme « prétexte » pour attaquer les facs
Pour un groupe formé de cinq démocrates, dirigé par Chuck Schumer, le président américain semble "utiliser une crise réelle comme prétexte pour attaquer les personnes et les institutions" avec lesquelles il est en désaccord

JTA – Aux États-Unis, cinq sénateurs juifs, dont le leader démocrate Chuck Schumer, ont signé une lettre accusant l’administration Trump d’utiliser l’antisémitisme comme « prétexte » pour s’en prendre aux universités.
Une lettre qui a été écrite alors que l’administration Trump a menacé les universités de réduire leurs financements à hauteur de milliards de dollars, en raison de leur prise en charge de la question de l’antisémitisme qui sévit sur les campus, qu’elle a arrêté plusieurs étudiants pro-palestiniens et qu’elle révoqué des visas d’étudiants venus suivre un cursus d’enseignement supérieur dans le pays.
La missive a été adressée à Trump. Elle a été signée par Schumer, qui représente New York ; par le sénateur du Nevada, Jacky Rosen ; le sénateur du Connecticut, Richard Blumenthal ; le sénateur de Californie Adam Schiff et enfin par le sénateur d’Hawaï Brian Schatz.
« Nous sommes extrêmement troublés et perturbés par les attaques générales et extra-légales que vous menez contre les universités, contre les établissements d’enseignement supérieur et contre les membres de leurs communautés – des attaques qui semblent aller bien au-delà de la lutte contre l’antisémitisme, en utilisant ce qui est une véritable crise comme prétexte pour vous en prendre aux personnes et aux institutions qui ne sont pas d’accord avec vous », ont écrit les sénateurs.
Ces responsables politiques ont rejoint un mouvement croissant d’opposition de la part des groupes juifs, qui dénoncent les mesures de répression appliquées par l’administration sur les campus et qui affirment qu’elles ne permettront pas de renforcer la sécurité des Juifs. Plus de la moitié des Juifs américains désapprouvent la façon dont Trump a pris en charge le problème de l’antisémitisme, selon un récent sondage.
Une grande partie de la lettre se focalise sur la campagne lancée par l’administration contre Harvard, qui a vu son financement fédéral gelé à hauteur de 2,2 milliards de dollars. Son statut d’exonération fiscale est, par ailleurs, actuellement menacé. Le président de l’institution, Alan Garber, a annoncé au début du mois que l’école ne se plierait pas aux changements de politique exigés par l’administration pour retrouver les financements perdus.
« Ces attaques vont bien au-delà des efforts constructifs et nécessaires qui visent à soutenir les étudiants juifs sur les campus pendant une période d’antisémitisme national sans précédent », ont écrit les sénateurs. « Elles semblent plutôt avoir pour objectif de modifier en profondeur le fonctionnement de l’université, en imposant d’énormes sanctions qui n’ont aucun rapport avec la lutte contre l’antisémitisme, et nous craignons qu’elles ne visent plutôt à saper, voire à détruire ces institutions vitales, tout en se dissimulant sous le prétexte du combat contre l’antisémitisme ».

La lettre pose toute une liste de questions à l’administration Trump, dans le but d’obtenir des éclaircissements sur les attaques lancées par l’administration contre Harvard. Elle remet également en question les révocations de visas et le placement en détention d’étudiants pro-palestiniens.
Les sénateurs demandent également des réponses concernant les réductions budgétaires qui ont été imposées par l’administration au Bureau des droits civils du ministère de l’Éducation, en charge des enquêtes sur l’antisémitisme dans les écoles. Ils réclament des réponses avant le 30 avril.