Des soldats distribuant des colis essuient des jets de pierre à Mea Shearim
Il n'y a pas eu de blessés parmi les militaires qui distribuaient des colis alimentaires ; un pare-brise a été cassé ; le chef d'Etat-major a dénoncé l'agression
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Des pierres ont été jetées sur deux soldats qui distribuaient des produits alimentaires dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim à Jérusalem, mardi dans la journée, a fait savoir l’armée. Plus tard, des douzaines de résidents ont pris part à une manifestation et huit protestataires ont été arrêtés.
Les troupes n’ont pas été blessées par les jets de pierres, mais le véhicule dans lequel ils circulaient a été endommagé et le pare-brise arrière a été brisé par les projectiles lancés. L’armée a indiqué que la police avait ouvert une enquête sur l’incident.
« Les forces de l’ordre effectuent actuellement des recherches pour retrouver les suspects », a noté la police qui a ajouté que des pierres, des œufs et autres ont été lancés vers les soldats alors qu’ils traversaient le quartier en voiture.

Dans un communiqué, le chef d’Etat-major Aviv Kohavi a dénoncé l’attaque perpétrée contre les soldats.
« Cela a été un acte violent, criminel qui mérite une condamnation totale. Le fait que des soldats de l’armée israélienne qui venaient en aide aux autorités locales et aux citoyens en distribuant des colis alimentaires aient été violemment attaqués par des résidents de Mea Shearim est très grave et doit être dénoncé, traité avec sévérité et donner lieu à un réel travail d’introspection », a déclaré Kohavi.
« L’armée israélienne continuera à apporter son aide dans les efforts actuellement livrés par la nation tant que cela lui sera demandé », a-t-il ajouté.
Mardi, en fin de journée, des douzaines de résidents du quartier ont manifesté et huit personnes ont été arrêtées pour avoir perturbé la paix publique, a expliqué la police.
Ces incidents sont survenus après la diffusion d’une vidéo montrant un agent de police poussant au sol un homme haredi dans le quartier de Mea Shearim, à Jérusalem, une vidéo qui a circulé dans plusieurs groupes ultra-orthodoxes importants, sur WhatsApp, avec la légende : « Ce n’est pas Auschwitz, c’est Mea Shearim.”
Dimanche, la police s’est aussi opposée à des hommes et à des jeunes ultra-orthodoxes qui jetaient des pierres à Mea Shearim pour protester contre les restrictions imposées dans le cadre de la crise du coronavirus. Cinq manifestants ont été arrêtés.
Les forces de l’ordre ont indiqué que « plusieurs douzaines de personnes » s’étaient rassemblées, « perturbant la paix publique et jetant des pierres en direction des agents ». Elle a ajouté que ces derniers « ont repoussé les manifestants ».
Ce mouvement de protestation avait été organisé malgré l’allègement de certaines restrictions et seulement quelques heures avant l’expiration du bouclage de certains quartiers de Jérusalem.
Sur des images de la manifestation, la police, équipée de moyens anti-émeutes, charge un groupe de manifestants assis à un carrefour majeur et bloquant la route. Les agents maîtrisent les protestataires avant de les éloigner du lieu de rassemblement sous les huées de certains badauds.
Dimanche également, le ministère de la Justice a ouvert une enquête interne sur un incident survenu la semaine dernière, lors duquel une fillette de neuf ans avait été blessée par une grande incapacitante lancée par des agents de police pendant des affrontements survenus dans ce quartier ultra-orthodoxe de la ligne dure.
Des émeutes avaient éclaté, jeudi soir, lorsque des manifestants avaient commencé à jeter des objets en direction des agents dans le cadre d’une manifestation contre l’interdiction des prières communautaires et contre les restrictions imposées à l’usage des bains rituels dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
Ces mouvements de protestation n’avaient pas été coordonnés avec les autorités et ils n’avaient pas respecté les directives émises par le ministère de la Santé sur la distanciation sociale – comme cela a été le cas, par ailleurs, d’une manifestation dénonçant la corruption qui a réuni 2 000 personnes à Tel Aviv.

Au cours des manifestations de jeudi, certains manifestants avaient jeté des pierres, des barres en métal, des œufs et autres objets sur les policiers. Des violences avaient également éclaté à l’intérieur d’une synagogue après l’entrée des forces de l’ordre dans le lieu de culte.
Des images enregistrées par les caméras de surveillance, dans une rue avoisinante, avaient montré les policiers jetant une grenade incapacitante qui avait rebondi sur une fille de neuf ans qui passait à ce moment-là dans la rue. La grenade avait explosé à proximité d’une poussette.
L’enfant, Zissel Margaliot, avait raconté au site d’informations Ynet qu’elle avait été blessée près de l’oeil et qu’elle avait eu l’impression que sa tête était « en feu ». Elle avait ajouté avoir fui les lieux en courant, paniquée et cherchant quelqu’un de susceptible de lui venir en aide.

Les parents de la fillette avaient indiqué avoir emmené leur enfant dans une clinique privée plutôt qu’à l’hôpital, craignant une contamination potentielle au coronavirus.
La police avait expliqué dans un communiqué que 12 personnes avaient été arrêtées et que les officiers « n’avaient pas remarqué la présence de la mère et de l’enfant dans l’oeil du cyclone » au moment de la dispersion des émeutiers.
Le commandant des forces de police pour le nord de Jérusalem, le général de brigade Ofer Shomer, avait expliqué à la chaîne publique Kan que les agents avaient fait usage d’une « force raisonnable ».
Trois policiers avaient été blessés pendant les émeutes, selon les forces de l’ordre, et l’un d’eux avait dû être hospitalisé.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.