Détour par l’année 1918 en Syrie et en Palestine pour éclairer l’actualité
France-Inter propose une série de 4 émissions pour revenir sur le partage de l'Orient et ses grandes figures telles Lawrence d'Arabie
Épaulé par la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, le quotidien La Croix et RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France, France Inter part « en Syrie et en Palestine, durant l’immédiat après-guerre » à travers une série de 4 émissions.
« Articles de presse et textes d’époque à l’appui, l’historien Nicolas Offenstadt et Ali Baddou vous proposent de redécouvrir, au plus près des événements, comment la Syrie et la Palestine ont vécu 1918 ».
Nous sommes fin 1915, en pleine Première guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne discutent d’un partage des provinces arabes de l’Empire ottoman.
L’accord Sykes-Picot du 16 mai 1916 entre Londres et Paris préfigure les frontières en vigueur cent ans après au Proche Orient.
Parallèlement, pour créer un nouveau front et contrer l’appel au jihad du sultan-calife soutenu par l’Allemagne, le Haut commissaire britannique en Egypte Henry McMahon négocie avec le chérif Hussein de La Mecque, lui faisant miroiter l’indépendance arabe.
Les deux grandes puissances coloniales de l’époque sont déjà présentes dans la région : la France par son influence économique et culturelle dans ce qu’on appelait alors le Levant, et la Grande-Bretagne en Egypte, qu’elle occupe depuis 1882.
Elles désignent deux diplomates, le Français François Georges-Picot (grand-oncle de l’ex-président Valéry Giscard d’Estaing) et le Britannique Mark Sykes (qui mourra trois ans après à Paris de la grippe espagnole), pour négocier un arrangement secret, passé à la postérité sous leurs noms.
A l’époque, c’est l’ « accord Cambon-Grey », entériné dans un échange de lettres les 9, 15 et 16 mai par l’ambassadeur français à Londres Paul Cambon et le chef de la diplomatie britannique Edward Grey. La Russie puis l’Italie s’y rallieront.
Sykes disait vouloir « tracer une ligne allant du ‘e’ d’Acre au dernier ‘k’ de Kirkouk », raconte l’auteur britannique James Barr dans A line in the sand (2011).
Ce trait noir barre le Proche Orient par le milieu sur les cartes de l’accord, au mépris des ethnies ou distinctions religieuses : la « Syrie » des Français au nord, l’ « Arabie » des Britanniques au sud ; le tout divisé en cinq zones.
L’accord stipule que « la France et la Grande-Bretagne sont disposées à reconnaître et à soutenir un Etat arabe indépendant ou une confédération d’Etats arabes » dans des zones d’influence respectives A (Syrie intérieure avec Damas et Alep plus la région de Mossoul) et B (entre la ligne Sykes-Picot et une ligne Aqaba/Koweït).