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Analyse

Doha et Le Caire à Washington : La mort de Sinwar complique les négociations sur les otages

Les États-Unis y voient une opportunité, mais les médiateurs arabes estiment qu'avec sa mort, il n’y a plus d'autorité centrale pour négocier un cessez-le-feu

Jacob Magid

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des partisans houthis brandissant une affiche du dirigeant du Hamas Yahya Sinwar, éliminé par les troupes israéliennes à Gaza, lors d'un rassemblement anti-Israël à Sanaa, au Yémen, le 18 octobre 2024. (Crédit : Osamah Abdulrahman/AP)
Des partisans houthis brandissant une affiche du dirigeant du Hamas Yahya Sinwar, éliminé par les troupes israéliennes à Gaza, lors d'un rassemblement anti-Israël à Sanaa, au Yémen, le 18 octobre 2024. (Crédit : Osamah Abdulrahman/AP)

Les médiateurs qataris et égyptiens auraient averti les Etats-Unis la semaine dernière que l’assassinat par Israël de Yahya Sinwar, chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, compliquait les négociations en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages, selon deux responsables américains et un diplomate arabe qui se sont confiés au Times of Israel.

L’administration Biden a tenté de présenter l’élimination de Sinwar par Tsahal le 16 octobre comme une opportunité pour faire avancer les négociations sur les otages, arguant que le chef du Hamas était le principal obstacle à un accord.

Le Qatar et l’Égypte ont toutefois souligné que la mort de Sinwar avait laissé un vide au niveau du leadership du Hamas que le groupe terroriste aurait du mal à combler, comme l’ont souligné les trois responsables. Les médiateurs arabes auraient relayé leurs inquiétudes au secrétaire d’État Antony Blinken lors de sa visite dans la région la semaine dernière.

Les médiateurs qataris et égyptiens ont également relevé que Sinwar avait réussi à maintenir l’allégeance de toutes les factions de Gaza, y compris des groupes terroristes tels que le Jihad islamique palestinien, qui détient plusieurs des 101 otages restants, ont indiqué les responsables.

Le Hamas est désormais dirigé par un conseil composé de plusieurs hauts responsables depuis Doha en attente de nommer un successeur. Cependant, les médiateurs ont averti les États-Unis que ce remplaçant pourrait ne pas réussir à centraliser l’autorité à Gaza, compliquant ainsi la logistique pour parvenir à un accord sur les otages.

Les États-Unis ont répondu aux inquiétudes des médiateurs arabes en soutenant que les négociations étaient au point mort depuis plus de deux mois à cause de Sinwar, et que sa disparition n’était pas un facteur susceptible d’aggraver la situation, a affirmé l’un des responsables américains.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, à gauche, rencontre le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, à Doha, au Qatar, le 24 octobre 2024. (Crédit : Nathan Howard/Pool Photo via AP)

Cet argument n’a pas convaincu le Qatar et l’Egypte, qui estiment que les Etats-Unis minimisent la responsabilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans l’impasse. Selon un diplomate arabe, un accord aurait pu être conclu l’été dernier si le Premier ministre n’avait pas imposé de nouvelles conditions exigeant le maintien de la présence militaire israélienne dans les corridors de Philadelphi et de Netzarim.

Début juillet, le Hamas avait renoncé à sa principale exigence, à savoir un engagement israélien à mettre fin à la guerre. Ce changement aurait suffi, selon l’Égypte et le Qatar, à garantir un accord jusqu’à ce que Netanyahu revoie la proposition d’Israël, laquelle a par la suite été rejetée par le Hamas.

Le diplomate arabe a ajouté que l’administration Biden comprenait graduellement les complications logistiques créées par la mort de Sinwar.

Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a indiqué lors d’un briefing lundi que les États-Unis attendaient toujours de voir si le Hamas était prêt à s’engager de manière crédible dans des négociations sur les otages.

« À un moment donné, ils entameront un processus pour désigner un nouveau chef, et les résultats des prochaines semaines révèleront si leur position a changé », a-t-il déclaré.

Miller a aussi souligné qu’Israël avait atteint certains de ses objectifs de guerre, notamment la dégradation significative des capacités militaires du Hamas et l’assassinat de ses principaux dirigeants, semblant ainsi exprimer son espoir de voir Jérusalem se montrer plus encline à accepter un accord pour mettre fin à la guerre.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken serre la main du ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty lors d’une conférence de presse conjointe au palais Tahrir au Caire, en Égypte, mercredi 18 septembre 2024. (Crédit : Evelyn Hockstein/AP)

Mais lundi, Netanyahu a fait savoir qu’il n’était toujours pas disposé à accepter un cessez-le-feu permanent en échange des otages.

Le Hamas a des exigences que nous ne pouvons pas accepter, comme la fin de la guerre », a-t-il déclaré lors d’une réunion de la faction du Likud qui a rapidement été fuitées à la presse.

Netanyahu aurait accepté un cessez-le-feu temporaire mais a nié l’existence d’une proposition égyptienne en ce sens, bien qu’elle ait été confirmée par le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi lors d’une conférence de presse.

Il a également déclaré aux députés du Likud qu’il était impossible de prédire si l’assassinat de Sinwar créerait de ‘nouvelles opportunités’, ajoutant que les successeurs potentiels de Sinwar seraient ‘encore plus Sinwar que Sinwar [plus extrêmes que ce dernier]».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avant son discours le jour de l’ouverture de la session parlementaire d’hiver, à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Un responsable israélien impliqué dans les négociations sur les otages a exprimé sa frustration face aux propos de Netanyahu, et a indiqué que le Premier ministre savait pertinemment qu’ils seraient divulgués à la presse et qu’ils donneraient « une excuse de plus » au successeur de Sinwar pour adopter une approche plus belliqueuse dans les négociations.

Netanyahu s’est également abstenu d’élargir le mandat de l’équipe israélienne de négociation sur les otages, ce qui, selon le responsable israélien, aurait augmenté les chances de parvenir à un accord.

Le Premier ministre a préféré une approche plus dure, laissant à son équipe de négociation une marge de manœuvre très réduite dans les pourparlers, a déploré le responsable israélien.

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