Egypte : 89 % pour la révision constitutionnelle prolongeant la présidence Sissi
La révision controversée permettant la prolongation de la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, et qui renforce ses pouvoirs et ceux de l'armée égyptienne, a été approuvée
La révision constitutionnelle controversée permettant la prolongation de la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, et qui renforce ses pouvoirs et ceux de l’armée égyptienne, a été approuvée par référendum à 88,83 %, a annoncé mardi l’Autorité nationale des élections.
Le président de cet organisme, Lachine Ibrahim, a précisé lors d’une conférence de presse au Caire que 11,17 % des électeurs « se sont prononcés contre » cette réforme et que « le taux de participation (…) a atteint 44,33 % ».
Les Egyptiens ont voté du samedi 20 au lundi 22 pour ou contre la modification de plusieurs articles de la Constitution qui limitait notamment la présidence à deux mandats consécutifs de quatre ans.
M. Ibrahim a insisté sur le caractère « démocratique » du scrutin. Mais le référendum a été organisé en un temps record, quatre jours après un vote au parlement, et sans véritable débat de fond sur les enjeux de la réforme.
L’opposition et les ONG de défense des droits de l’homme, qui ont dénoncé un renforcement de « l’autoritarisme » du régime, ont été écartés des grands médias, tous étroitement contrôlés par l’Etat.
La révision constitutionnelle permet de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant son terme à 2024. L’ex-maréchal pourra se représenter à un troisième mandat, de six ans, lors de l’élection de 2024.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2014, les ONG dénoncent les nombreux procès contre des voix dissidentes, la hausse des condamnations à mort ainsi que le musellement de la presse. Le pouvoir nie systématiquement ces accusations, insistant sur « la stabilité » et « la lutte antiterroriste » dans ce pays situé au coeur d’une région sensible.
L’ex-maréchal Sissi a été élu président en 2014 avec 96,9 % des voix, un an après avoir renversé avec l’armée, à la faveur d’un mouvement populaire, le président islamiste Mohamed Morsi. Il a été réélu en 2018 à 97,08 %.
Au-delà de la prolongation de sa présidence, la révision constitutionnelle permet d’accroître son contrôle sur le système judiciaire. Elle octroie également un pouvoir politique à l’armée, pilier du régime de M. Sissi.