En Arabie saoudite, Blinken évoque normalisation avec Israël et avenir de Gaza
Il a assuré que tous les dirigeants rencontrés dans les six premiers pays de son voyage avaient accepté de travailler avec Washington pour contribuer à la reconstruction de Gaza
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré lundi qu’il y avait un « intérêt clair » à poursuivre l’objectif d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, dans le cadre d’une tournée régionale visant à apaiser les tensions au Moyen-Orient.
Avant d’arriver en Israël ce lundi soir, M. Blinken a, depuis l’Arabie saoudite, assuré que tous les dirigeants rencontrés dans les six premiers pays de son marathon diplomatique avaient accepté de travailler avec les États-Unis pour contribuer à la reconstruction et à la stabilisation au long terme de la bande de Gaza.
Il s’est exprimé après s’être entretenu avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, près d’Al-Ula, ville historique du nord-ouest du royaume.
« Nous en avons parlé (de la normalisation avec Israël) » y compris « bien sûr ici en Arabie saoudite ». « Et je peux vous dire qu’il y a un intérêt clair à poursuivre dans cette voie », a-t-il indiqué aux journalistes avant de s’envoler pour Tel Aviv.
L’Arabie saoudite a suspendu les négociations sur une possible normalisation avec Israël une semaine après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante du groupe terroriste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.
Le royaume du Golfe, gardien des premiers lieux saints de l’islam, n’a pas adhéré aux accords d’Abraham de 2020, négociés par les États-Unis, qui ont permis à ses voisins, Bahreïn et les Émirats arabes unis, ainsi qu’au Maroc, d’établir des liens officiels avec Israël.
« Travailler ensemble »
Il s’agit de la quatrième tournée dans la région du chef de la diplomatie américaine depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. Avant l’Arabie saoudite, il s’est rendu en Turquie, en Grèce, en Jordanie, au Qatar et aux Émirats arabes unis.
Il a déclaré qu’il existait un « large consensus » parmi les dirigeants, notamment sur le fait que « les Israéliens doivent pouvoir vivre en paix et en sécurité », que la Cisjordanie et la bande de Gaza doivent être unies sous une gouvernance palestinienne, et qu’un État palestinien indépendant doit être établi.
« Nous avons convenu de travailler ensemble et de coordonner nos efforts pour aider à stabiliser et reconstruire Gaza, tracer une voie politique pour les Palestiniens et œuvrer en faveur d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité à long terme », a-t-il ajouté.
« Les dirigeants sont prêts à prendre les engagements nécessaires et les décisions difficiles pour faire avancer tous ces objectifs et cette vision pour la région », a encore dit M. Blinken.
En Arabie saoudite, il a également évoqué les attaques menées en mer Rouge par les rebelles Houthis (soutenus par l’Iran) du Yémen, voisin méridional de l’Arabie saoudite, qui perturbent la navigation sur cette route maritime essentielle en soutien aux Palestiniens, selon eux.
M. Blinken et le prince héritier ont « discuté des efforts en cours pour réduire les tensions régionales, y compris la dissuasion des attaques des Houthis contre la navigation commerciale dans la mer Rouge », selon un communiqué du Département d’Etat publié à l’issue de leurs entretiens.
Le sujet est délicat pour les Saoudiens, qui interviennent dans la guerre civile au Yémen en soutien au gouvernement face aux Houthis. Une trêve négociée en avril 2022 a expiré en octobre mais le pays connaît une relative accalmie.
L’objectif de la tournée de M. Blinken est triple, selon des responsables américains : éviter une escalade et notamment que les tensions entre Israël et le Hezbollah libanais, allié de l’Iran, ne débordent hors de contrôle, presser Israël d’entrer dans une nouvelle phase de sa campagne militaire à Gaza moins coûteuse en vies palestiniennes, et engager un dialogue « difficile » sur l’après-guerre.
Face à un bilan qui dépasse désormais les 23 000 morts dans la bande de Gaza selon le gouvernement du Hamas – un chiffre impossible à vérifier de sources indépendantes –, le secrétaire d’État américain a dit vouloir « parler de la direction que va prendre la campagne militaire à Gaza » et « insister sur l’impératif absolu » qu’Israël « en fasse plus pour protéger les civils ».