« En temps de guerre, pas de civils », disait un membre de la Garde nationale de Ben Gvir
Lors d'une conférence en 2019, Efraim Laor déclarait que l'armée "ne devrait pas faire de distinction entre le genre, le sexe ou l'âge" et a exhorté les civils à combattre
Un membre de la commission directrice de la Garde nationale proposée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré en 2019 qu’Israël ne devrait pas faire de différence entre les combattants et les non-combattants dans les guerres et que les civils israéliens devraient jouer un rôle actif dans les combats.
« Quiconque se retrouve dans la ligne de conflit, c’est parce qu’il a choisi ou que quelqu’un a choisi en son nom qu’il soit là. Il ne devrait pas y avoir de distinction de genre, de sexe, d’âge ou de quoi que ce soit d’autre. Quiconque se trouve sur la ligne de front n’a qu’un seul droit : gagner ou mourir », avait déclaré Efraim Laor lors d’une conférence à l’université de Bar Ilan, selon un reportage publié lundi par la Treizième chaîne.
Il a aussi déploré le fait que « l’establishment de la défense dépense beaucoup d’énergie pour éviter de blesser des non-combattants ».
Laor est l’un de la quinzaine de membres de la commission établie au début de l’année selon les directives de Ben Gvir pour son projet de création d’une Garde nationale.
Laor est un ancien officier de l’armée israélienne qui a été félicité pour sa conduite pendant la guerre de Kippour en 1973. Ces dernières années, il a occupé des postes de direction dans plusieurs organisations impliquées dans l’aide aux sinistrés.
Lors de la conférence de 2019, Laor a également déclaré que les civils israéliens devraient jouer un rôle actif dans les combats. Il a salué la manière dont les groupes rebelles en Syrie ont fait appel à des civils pour lutter contre le gouvernement dans la guerre civile du pays.
« Les civils israéliens auraient dû commencer à le faire il y a longtemps », a-t-il déclaré.
Il a évoqué un éventuel scénario dans lequel la ville de Kiryat Shmona, dans le nord du pays, serait attaquée depuis le Liban. Laor a fait valoir que c’est aux habitants de Kiryat Shmona, et non à Tsahal, qu’il incombe de se protéger.
« Il est absurde qu’un Arabe de [la ville libanaise] Marjaayoun puisse tirer sur Kiryat Shmona et qu’un Juif de [la ville frontalière du nord d’Israël] Metulla ne puisse pas tirer sur la ville de Marjaayoun. Kiryat Shmona doit se défendre », a-t-il déclaré.
« Les civils font partie des combats », a déclaré Laor, affirmant que les forces israéliennes devraient se cantonner aux combats en territoire ennemi.
Le bureau de Ben Gvir a déclaré à la Treizième chaîne ne pas avoir connaissance de la conférence, mais n’a pas donné plus de détails.
Le cabinet a voté en avril la création de la Garde nationale, et le ministre d’extrême droite Ben Gvir a demandé qu’elle lui soit directement rattachée.
Cette force controversée devrait comprendre 2 000 militaires qui seront chargés de lutter contre la « criminalité nationaliste » et le terrorisme, et de « rétablir la gouvernance là où c’est nécessaire ». Le calendrier de création de cette force reste en revanche flou. Les pouvoirs spécifiques accordés à la garde nationale et les personnes à qui elle devra rendre des comptes sont également encore incertains.
Cette initiative a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part du commissaire de police israélien Kobi Shabtaï, qui a averti que si l’unité n’était pas subordonnée à la police, cela entraînerait un effondrement des forces de police et porterait atteinte à la sécurité des citoyens.
La procureure générale Gali Baharav-Miara a également tiré la sonnette d’alarme, et a indiqué au gouvernement qu’il existe un « obstacle juridique » à la version actuelle de la proposition et que les forces de police peuvent faire face aux défis auxquels elles sont confrontées sans organe concurrent.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis à Ben Gvir qu’il soumettrait la question à un vote du cabinet en échange du maintien du ministre d’extrême droite au sein du gouvernement, malgré la forte opposition de Ben Gvir à l’interruption par le Premier ministre de la législation sur la refonte du système judiciaire pour permettre un dialogue avec l’opposition. Depuis, Netanyahu a déclaré qu’il ne permettrait pas à la Garde nationale de devenir la « milice privée » de Ben Gvir.
Un groupe d’anciens hauts responsables de la police a également mis en garde contre ce projet, notamment l’ancien chef de la police Moshe Karadi, qui a déclaré que Ben Gvir pourrait utiliser cette force pour lancer un « coup d’État ».
Les groupes de défense des droits civiques, ainsi que les politiciens de l’opposition, ont également exprimé leur extrême inquiétude quant à la proposition de placer une telle force sous le contrôle direct d’un ministre, arguant qu’elle pourrait politiser le maintien de l’ordre et saper le principe d’égalité dans l’application de la loi.