En verve, Netanyahu rit à l’idée que ce nouveau gouvernement sera son dernier
Gantz joue le second violon alors que le Premier ministre se réjouit du début de ces 18 mois supplémentaires, minimum, au centre de la scène

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Immédiatement après la prestation de serment de son cinquième gouvernement par la Knesset dimanche après-midi, approuvé par une écrasante majorité de 73 à 46 voix, un Premier ministre très en verve, Benjamin Netanyahu, a trouvé quelques minutes pour accorder une interview à la radio de l’armée.
Il a reconnu que son gouvernement de 35 ministres est plus important qu’il ne l’aurait souhaité, a promis qu’il donnerait la priorité à la « création d’emplois » et à la relance de l’économie après les coups portés par la Covid-19, et a juré que l’Iran n’obtiendrait jamais d’armes nucléaires tant qu’il serait le Premier ministre d’Israël.
Puis on lui a demandé si, en tant que chef du 35e gouvernement de l’histoire moderne d’Israël, il avait l’intention de diriger également le 36e. Riant, Netanyahu a répondu : « Pas plus que le 37e ».
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Ne sachant pas trop quoi penser de cette réponse, son interlocuteur a persisté : le Premier ministre pourrait-il confirmer que, dans 18 mois, lorsqu’il est censé céder le pouvoir à son partenaire de coalition, Benny Gantz, nous marquerons la fin de l’ère Netanyahu ? Le Premier ministre, âgé de 70 ans, a encore gloussé et a fait remarquer, « Si je devais compter tous ceux qui ont annoncé que l’ère Netanyahu est terminée… eh bien, certains d’entre eux sont encore en vie ».
De retour du bord du gouffre malgré les efforts concertés de Gantz pour l’évincer après trois campagnes électorales douloureuses, et malgré l’ombre de son procès pour corruption qui s’ouvrira la semaine prochaine, Netanyahu s’est réjoui dimanche de la perspective d’un minimum de 18 mois supplémentaires à la tête du pays, se réjouissant du soutien renouvelé sur le devant de la scène dont il bénéficie.
Ayant obtenu un accord selon lequel il occupe le poste de chef de gouvernement en premier dans leur gouvernement de rotation, alors que Gantz est Premier ministre « par alternance » et ministre de la Défense, c’est Netanyahu qui a présenté cette coalition d’unité d’urgence à la Knesset – une Knesset surréaliste, remplie de députés masqués dispersés aux quatre coins de la salle pour une distanciation physique maximale. Gantz a clairement joué un second rôle, prêtant serment d’office en tant que « Premier ministre par alternance et futur Premier ministre ».
Et c’est Netanyahu, dans une autre scène surréaliste et virale, qui peu après a présidé la première réunion de cette équipe ministérielle de taille record, tenant séance entouré de Gantz et du secrétaire du cabinet, Tzahi Braverman, dans la salle Chagall de la Knesset, avec les nouveaux ministres assis en rangs espacés face à eux.

Netanyahu a défini les cinq priorités de ce gouvernement : combattre la pandémie, même si cette menace se manifeste désormais ; faire en sorte que la « roue économique d’Israël tourne à nouveau » ; lutter contre l’Iran, notamment sa menace nucléaire et ses efforts pour établir sa présence militaire en Syrie ; contrer la « menace stratégique » que représentent les démarches de la Cour pénale internationale afin de poursuivre Israël pour des crimes de guerre présumés et faire « rapidement » valoir son intention déclarée d’étendre la souveraineté israélienne à certaines parties de la Cisjordanie.
« Nous réaliserons tout ce que nous avons prévu de faire, ensemble », a-t-il promis. « Nous ferons de grandes choses pour Israël ».
Lorsque ce fut finalement le tour de Gantz de prendre la parole, Netanyahu interrompit son « Premier ministre par alternance » presque dès qu’il eut commencé, intervenant pour remercier le numéro 2 de Gantz, le nouveau ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, pour sa contribution à la mise en place de la coalition.

Après une brève allocution de Gantz, qui a également reconnu que le cabinet est trop important et souligné ses mots d’ordre de « responsabilité et d’unité », Netanyahu a repris le dessus et la parole, approuvant et modifiant les mots d’ordre de Gantz en « réconciliation et unité ». Après avoir salué la nomination de Pnina Tamano-Shata comme première femme députée d’origine éthiopienne à occuper un poste ministériel, M. Netanyahu a ensuite brandi une bouteille de désinfectant pour les mains et a terminé la séance par l’appel suivant : « Au travail ! ».
En dépit des nombreuses oraisons funèbres politiques prononcées par ses adversaires, le plus ancien Premier ministre d’Israël n’est jamais parti. Mais dès dimanche après-midi, il était de retour.
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