Israël en guerre - Jour 538

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Opinion

Enfin, un État arabe heureux d’être vu en compagnie d’Israël

En réponse, les Palestiniens, avec l'inefficace Abbas à leur tête, s'alignent aux côtés de l'Iran, de la Turquie et du Hamas, en disant simplement non - et pas même “non, mais…”

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des délégués des EAU saluent l'avion d'El Al au départ, à la fin des pourparlers de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, à Abu Dhabi, le 1er septembre 2020. (Bureau du porte-parole d'El Al)
Des délégués des EAU saluent l'avion d'El Al au départ, à la fin des pourparlers de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, à Abu Dhabi, le 1er septembre 2020. (Bureau du porte-parole d'El Al)

Outre sa rapidité, une chose est frappante dans le processus de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis : l’enthousiasme manifeste de ces derniers.

Les relations actuelles d’Israël avec ses deux partenaires voisins, l’Égypte et la Jordanie, se déroulent de façon quasi-secrète. Les liens au sujet de la sécurité et du renseignement et les interactions techniques et commerciales sont profonds, permanents et vitaux – mais sont menés à l’abri des regards du public. Nos ambassadeurs travaillent dans les environnements les plus contraignants. Les dirigeants et les officiels ont des contacts ouverts limités. Les médias locaux sont remplis d’hostilité.

Notre nouveau et troisième partenaire régional, avec lequel nous n’avons pas d’antécédents d’effusion de sang, accueille cependant ouvertement Israël. Cet accueil renferme bien sûr une dimension de realpolitik – notamment les préoccupations communes concernant l’Iran et l’intérêt des EAU pour les F-35 et d’autres matériels militaires américains qu’un partenaire non pacifiste ne pourrait espérer obtenir.

Mais notre correspondant diplomatique Raphael Ahren, qui est rentré mardi du voyage de normalisation sans précédent des délégations israélienne et américaine à Abou Dhabi, a découvert un pays hôte tout à fait confiant dans sa stratégie, à l’aube de ses nouvelles relations officielles avec Israël, et déterminé à montrer qu’il s’agira d’une paix chaleureuse. Un contraste frappant avec ce qui est malheureusement devenu des relations obscures, presque furtives, avec le Caire et Amman, Abou Dhabi se montre heureux d’être vu publiquement en notre compagnie.

Nous sommes aux premiers jours de cette nouvelle relation. Seuls nos responsables et nos journalistes représentent un contact, et les Israéliens et les Émiratis ne visitent pas encore les hôtels, les sites historiques, les plages et les lieux de culte des uns et des autres. On dit que les EAU sont un peu contrariés que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ait parlé des avantages de l’innovation israélienne combinée aux investissements émiratis, alors que les EAU se considèrent comme la Start-up Nation du Golfe.

Un échange avec la guide qui a accompagné Ahren et ses confrères dans un musée d’Abou Dhabi mardi mérite d’être noté et est matière à réflexion : « Elle nous a raconté la biographie du père fondateur des EAU, Cheikh Zayed, et lorsque nous lui avons demandé ce qu’il penserait de la normalisation avec Israël, elle a répondu : ‘Il serait très heureux. C’était un homme de paix.’ Et que pense-t-elle de tout cela ? ‘Nous suivons nos chefs. Quoi qu’ils décident, nous les soutenons, aveuglément’, a-t-elle dit. »

Néanmoins, le fait est que, pour la première fois, un État arabe – et un État arabe prospère et influent de surcroît – dit à son peuple, au nôtre et au monde qu’il n’est pas simplement résigné à notre existence ou prêt à nous tolérer, mais qu’il est enclin à vraiment nous aimer, nous, Israël, l’État juif.

Un plaisir bien peu familier.

Un minyan juif organisé à l’hôtel de la délégation israélienne à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 1er septembre 2020. À droite, Meir Ben-Shabbat, conseiller à la sécurité nationale d’Israël. (Raphael Ahren/Times of Israel)

Dire simplement non

Une autre chose également frappante dans ce rapide processus : l’intransigeance et le dysfonctionnement de la réaction de l’Autorité palestinienne.

Elle ne cesse de dire non. Et pas même « non, mais… »

Ce n’est pas surprenant. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a notoirement choisi de ne pas répondre à l’offre du Premier ministre Ehud Olmert, en 2008, qui proposait à peu près tout ce que les Palestiniens disent ostensiblement vouloir. Mais il pratique un mauvais leadership, qui va à l’encontre des intérêts de son peuple – et des nôtres.

Israël n’a pas livré d’accord global pour chaque aspect de la proposition « De la paix à la prospérité » de l’administration Trump, mais l’a acceptée, y compris ses dispositions conditionnelles pour un État palestinien, comme base de négociation.

L’Autorité palestinienne dirigée par Abbas a rejeté le plan avant même qu’il n’ait été présenté – même si l’Autorité a été et reste invitée à soumettre les amendements et réserves qu’elle considère comme essentiels à ses intérêts. Cette position préventive fait écho à son comportement en 2017, lorsque l’AP avait rejeté la reconnaissance par le président américain Donald Trump des frontières (non spécifiées) de Jérusalem comme capitale d’Israël, et a rompu tous les liens avec l’administration américaine, plutôt que de négocier ses revendications dans la ville sainte.

Aujourd’hui, fulminant contre les ignobles Émirats arabes unis et leur acte odieux de « trahison » – même si l’accord de normalisation prévoyait la suspension indéfinie de l’annexion unilatérale par Israël de quelque 30 % de la Cisjordanie – Ramallah a demandé à la Ligue arabe et à l’Organisation de coopération islamique de lui apporter leur soutien. Et, à la date de rédaction de ces lignes, elle n’a abouti à rien.

Jared Kushner espère publiquement que les 22 États arabes finiront par faire la paix avec Israël, déclarant mardi « qu’il est logique qu’ils le fassent ». Mais les Palestiniens, mal dirigés par Abbas – eux-mêmes l’un de ces 22 États de la Ligue arabe –, s’allient au contraire sur l’axe extrémiste, avec l’Iran, la Turquie, le Koweït et, lamentablement, l’organisation terroriste islamiste du Hamas.

Le conseiller présidentiel américain Jared Kushner (à gauche), le conseiller à la sécurité nationale américain Robert O’Brien (à droite) et le chef du Conseil national de sécurité israélien Meir Ben-Shabbat posent avec l’équipage avant de monter à bord du vol LY971 d’El Al, qui transportait une délégation israélo-américaine de Tel Aviv à Abou Dhabi, à l’aéroport Ben Gourion, le 31 août 2020. (Nir Elia/Pool/AFP)

Interviewé par les médias émiratis lors de son voyage à Abou Dhabi, Kushner a déclaré espérer qu’il ne faudrait que « quelques mois » avant que le prochain État arabe suive l’exemple des Émirats arabes unis. Ce timing est crucial : une cérémonie de signature entre Israël et les Emirats Arabes Unis, prévue à la Maison Blanche normalement ce mois-ci, donnerait un bon coup de pouce électoral à Trump. Un flot d’Etats arabes qui normaliseraient avec Israël justifierait la déclaration de Kushner, ici même, dimanche, selon laquelle son beau-père « écrit un scénario pour un nouveau Moyen-Orient » depuis qu’il a entrepris son premier voyage à l’étranger en tant que président, en mai 2017, en Arabie Saoudite, en Israël et au Vatican.

Cette semaine, les Saoudiens jouent la retenue, réaffirmant leur engagement envers l’initiative de paix arabe qu’ils ont formulée en 2002. Mais loin de condamner la nouvelle normalisation, comme Abbas l’aurait espéré, ils ont signalé leur soutien clair aux Émirats arabes unis et, par extension, à Israël.

Lundi, ils ont autorisé l’avion El Al LY971 à voler au sein de leur espace aérien, faisant soi-disant une exception, parce que Kushner et la délégation américaine se trouvaient à bord. Mardi, ils ont laissé le même avion, le vol LY972, revenir par la même route – même sans les Américains. Et mercredi, ils ont annoncé que leur espace aérien sera désormais ouvert à « tous les pays » voyageant depuis et en direction des EAU, ce qui, selon Netanyahu, signifie que les vols en provenance d’Israël peuvent également utiliser cette route lorsqu’ils se dirigent plus à l’est, réduisant ainsi les temps de vol et les tarifs aériens. Ryad aussi fait sans doute ses calculs pour l’élection présidentielle américaine, peut-être par crainte de s’aliéner un président Joe Biden, mais aussi par crainte d’une approche conciliante de type Obama à l’égard de l’Iran.

On oublie souvent que le premier voyage de Trump à l’étranger ne l’a pas seulement conduit à Ryad, Jérusalem et Rome. Trump a également visité les Territoires palestiniens, rencontrant Abbas à Bethléem le 23 mai 2017, et déclarant avec insistance au public israélien, dont Netanyahu, lors de son ultime événement ici quelques heures plus tard, qu’Abbas et les Palestiniens « sont prêts à tendre la main vers la paix… Je sais que vous l’avez déjà entendu. Je vous le dis. C’est ce que je fais. Ils sont prêts à tendre la main vers la paix ».

Le président américain Donald Trump marche aux côtés du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d’une cérémonie de bienvenue dans la ville de Bethléem en Cisjordanie, le 23 mai 2017. (Thomas Coex/AFP)

Le 13 août de cette année, quelques heures après avoir annoncé la bombe diplomatique Israël-Émirats, Trump a dit à peu près la même chose : « Je pense que les Palestiniens… veulent vraiment faire partie de ce que nous accomplissons… Je vois la paix entre Israël et les Palestiniens. Je la vois arriver. Je pense que, lorsque ces pays très grands, très puissants et très riches entreront en scène, je pense que les Palestiniens suivront, tout naturellement. »

Pour l’heure, les Palestiniens montrent tous les signes de résistance à cette logique ostensible. Exhortés par les Émirats arabes unis à saisir l’occasion, l’annexion n’étant plus à l’ordre du jour, et à se réengager, ils font au contraire d’Abou Dhabi un nouvel ennemi et encouragent les actions de boycott contre lui. Assurés par les États-Unis que le plan Trump n’est pas gravé dans le marbre, ils tiennent à le traiter comme un fait accompli.

Il est merveilleux qu’un quart de siècle après notre dernier accord, avec la Jordanie en 1994, une nation arabe prospère soit devenue notre troisième partenaire de paix, et que d’autres puissent suivre le mouvement. Mais les Émirats arabes unis sont à trois heures de vol… même au-dessus de l’espace aérien saoudien. Les Palestiniens, qui traitent les artisans de la paix de traîtres et s’alignent sur les partisans du rejet régionaux, sont ici. Le « scénario complet pour un nouveau Moyen-Orient » ne peut se réaliser sans eux.

Une version antérieure de ce texte a été envoyée mercredi dans le courriel hebdomadaire réservé aux membres de la communauté du Times of Israël. Pour recevoir le courriel dès sa publication, rejoignez la communauté du ToI ici.

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