Enquête ouverte à Paris après les mails racistes envoyés à des parlementaires
L'enquête a été ouverte pour apologies publiques de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne
Une enquête a été ouverte au Pôle national de lutte contre la haine en ligne après le signalement de parlementaires dénonçant la réception de courriels antisémites, racistes et homophobes, a indiqué jeudi le parquet de Paris sollicité par l’AFP.
L’enquête a été ouverte pour apologies publiques de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire, a précisé le parquet.
Les infractions d’injures publiques et provocation publique à la violence, à la haine, à la discrimination à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race, une religion ou à raison de leur sexe, ont été également retenues.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, avaient chacun de leur côté saisi la justice après la réception par des députés et sénateurs de ces courriels.
« De très nombreux députés ont été visés, tous les groupes sont touchés », avait précisé mercredi la présidence de l’Assemblée. « C’est une opération qui a manifestement été faite via un logiciel », avait-on ajouté.
Plus de 80 parlementaires de la majorité présidentielle ont déposé une plainte collective auprès du parquet numérique, avait de son côté indiqué le groupe Renaissance à l’Assemblée.
Ces députés ont reçu, lundi et mardi, sur leurs adresses mail de l’Assemblée nationale, deux courriels accompagnés de « tracts antisémites, racistes, homophobes » ayant pour objectif de « rétablir la domination de la race blanche en Europe », selon le député de Moselle Ludovic Mendes.
Les tracts contenaient un lien renvoyant vers un site internet « encourageant des actions de violences ultimes à caractère raciste, antisémite et homophobe », avec « plusieurs références explicites au régime nazi et au négationnisme de la Shoah, ainsi qu’un retour au national-socialisme », avait-il détaillé.
Le président du Sénat a, lui, fait état dans un courrier « de courriels antisémites et d’incitation à la haine raciale, qui comportaient de nombreux symboles nazis » envoyés à plusieurs sénateurs.
Le tract en question a aussi récemment été envoyé au maire de Rouen et à une vingtaine de mairies du Finistère, et a été distribué dans un village normand.
Un tract raciste, homophobe et antisémite qui reprend toute la symbolique nazi. Il ne faut jamais banaliser ce genre d’événement. Cela ne doit rien au hasard. Voilà où mènent les autorisations accordées aux manifestations de nazis. Cela doit cesser sans délais. pic.twitter.com/1djvU9d7Ij
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) June 4, 2023
Le tract, signé « Département d’éveil racial du peuple », a été publié et diffusé initialement sur Internet par le site néo-nazi du blogueur français néo-nazi Boris Le Lay.
Boris Le Lay a été condamné à plusieurs reprises à des peines de prison ferme pour incitation à la haine raciale, apologie de crime contre l’humanité ou contestation de crime contre l’humanité.
Un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui, mais il réside à l’étranger, au Japon, un pays avec lequel la France n’a pas de convention d’extradition.
En 2018, après un énième article consacré à une personnalité sur qui son site « Démocratie participative » avait apposé l’étoile jaune, en l’occurrence le secrétaire d’État Gabriel Attal, le procureur de la République avait assigné en référé les opérateurs de télécoms pour qu’ils bloquent le site Internet d’extrême droite – une démarche inédite.
Neuf opérateurs français, dont les quatre principaux, avaient été assignés au Tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de cette procédure d’urgence.
Interdit en France, le site haineux ressurgit néanmoins au gré de ses modifications d’URL et migration au fil des blocages.