« Choqués » par des courriels racistes, 14 députés Renaissance déposent plainte
Le tract en question a aussi récemment été envoyé au député Meyer Habib et à une vingtaine de mairies du Finistère, et a été distribué dans un village normand
« Choqués » par la réception de courriels antisémites, racistes et homophobes, ou promouvant l’idéologie nazie, 14 députés Renaissance ont déposé une plainte collective auprès du Pôle national de lutte contre la haine en ligne du tribunal judiciaire de Paris, a-t-on appris mercredi.
« Le parquet national de lutte contre la haine en ligne a bien pris en compte le signalement et a confié les investigations à un service spécialisé », a confirmé le parquet national numérique.
La cheffe des députés macronistes Aurore Bergé fait partie du groupe d’élus ayant déposé cette plainte collective mardi.
Celle-ci fait suite à la réception, lundi et mardi, sur leurs adresses mail de l’Assemblée nationale, de deux courriels accompagnés de « tracts antisémites, racistes, homophobes » ayant pour objectif de « rétablir la domination de la race blanche en Europe », a précisé le député de Moselle Ludovic Mendes, qui a déposé la plainte.
Les tracts contenaient un lien renvoyant vers un site internet « encourageant des actions de violences ultimes à caractère racistes, antisémites et homophobes », avec « plusieurs références explicites au régime nazi et au négationnisme de la Shoah, ainsi qu’un retour au national-socialisme », a-t-il poursuivi.
« Ces courriels nous ont profondément choqués par les messages de haine qu’ils véhiculent, par leurs appels à la violence, ainsi que par l’utilisation des références à la barbarie nazie ». Mais, « ceux-ci semblent être envoyés via un logiciel ne permettant (pas) de remonter directement à l’expéditeur », a noté le député mosellan.
« Au regard de la gravité des propos, du ciblage opéré et de l’impact que ceux-ci peuvent avoir sur nous-mêmes, ainsi que pour de nombreux citoyens français, nous souhaitons déposer plainte collectivement afin que les responsables de ces envois soient recherchés et poursuivis », a-t-il indiqué.
Les autres députés associés à cette plainte sont Sylvain Maillard (Paris), Fadila Khattabi (Côte d’Or), Jean-Marc Zulesi (Bouches-du-Rhône), Sacha Houlié (Vienne), Caroline Yadan (Paris), Constance Le Grip (Hauts-de-Seine), Hadrien Ghomi (Seine-et-Marne), Laure Miller (Marne), Nadia Hai (Yvelines), Anne Brugnera (Rhône), Mounir Belhamiti (Loire-Atlantique) et Eric Bothorel (Côtes d’Armor).
Le tract en question a aussi récemment été envoyé au député Meyer Habib et à une vingtaine de mairies du Finistère, et a été distribué dans un village normand.
https://twitter.com/Meyer_Habib/status/1666153371915386881
Un tract raciste, homophobe et antisémite qui reprend toute la symbolique nazi. Il ne faut jamais banaliser ce genre d’événement. Cela ne doit rien au hasard. Voilà où mènent les autorisations accordées aux manifestations de nazis. Cela doit cesser sans délais. pic.twitter.com/1djvU9d7Ij
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) June 4, 2023
Le 3 juin 2023 plusieurs mairies du Finistère reçoivent un tract nazi intitulé « à l’adresse des compatriotes de race blanche". Un tract raciste, homophobe et antisémite qui reprend toute la symbolique nazie. Une enquête a été ouverte.⤵️
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) June 5, 2023
Le tract, signé « Département d’éveil racial du peuple », a été publié et diffusé initialement sur Internet par le site néo-nazi du blogueur français néo-nazi Boris Le Lay.
Boris Le Lay a été condamné à plusieurs reprises à des peines de prison ferme pour incitation à la haine raciale, apologie de crime contre l’humanité ou contestation de crime contre l’humanité.
Un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui, mais il réside à l’étranger, au Japon, un pays avec lequel la France n’a pas de convention d’extradition.
En 2018, après un énième article consacré à une personnalité sur qui son site « Démocratie participative » avait apposé l’étoile jaune, en l’occurrence le secrétaire d’État Gabriel Attal, le procureur de la République avait assigné en référé les opérateurs de télécoms pour qu’ils bloquent le site Internet d’extrême droite – une démarche inédite.
Neuf opérateurs français, dont les quatre principaux, avaient été assignés au Tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de cette procédure d’urgence.
Interdit en France, le site haineux ressurgit néanmoins au gré de ses modifications d’URL et migration au fil des blocages.