Enquête sur le meurtre d’un Palestinien en Cisjordanie
Des Palestiniens affirment que des résidents de l’implantation d’Adei Ad ont attaqué des villageois sur leur terre et tiré sur Hamdi Na'asan
Samedi après-midi, un Palestinien a été tué et un autre sérieusement blessé lors d’affrontements avec des habitants d’implantations et des soldats israéliens, dans un village cisjordanien au nord-est de Ramallah, affirment des officiels palestiniens. Au moins cinq autres Palestiniens ont été blessés moins grièvement, et un Israélien souffre de blessures légères.
D’après l’armée israélienne, l’enquête initiale a démontré qu’Hamdi Taleb Naasan, un père de famille de 38 ans et quatre enfants, avait été abattu par un habitant d’implantation armé, aux alentours du village d’al-Mughayyir.
Les récits sur le déroulement des événements sont contradictoires : des Palestiniens ont affirmé que des habitants de l’implantation d’Adei Ad se sont rendus dans une oliveraie des alentours d’al-Mughayyir et ont attaqué des villageois, tirant des coups de feu et blessant plusieurs personnes. Les Palestiniens affirment que Naasan a été abattu dans le dos.
Parallèlement, les habitants d’implantation ont affirmé qu’un jeune avait été piégé par une foule de Palestiniens avant d’être poignardé à la main. Cela aurait déclenché des affrontements, poussant certains habitants de l’implantation à tirer des coups de semonce après « avoir eu le sentiment que leurs vies étaient en danger ».
Dans un communiqué, le jeune Israélien qui aurait été attaqué a déclaré qu’il s’était éloigné de 200 mètres de l’implantation parce qu’il avait besoin d’être seul quand « soudain, j’ai vu trois Arabes qui m’ont tendu une embuscade. Ils m’ont attaqué, ils m’ont frappé et ont essayé de m’entraîner vers [leur] village. J’ai réussi à m’échapper vers Adei Ad, et en chemin, je me suis rendu compte que javais été poignardé au bras. J’ai vu du sang ».
Il a affirmé avoir appelé l’unité de l’armée israélienne de l’avant-poste, qui a « poursuivi les assaillants ».
De son côté, l’armée israélienne a expliqué que des affrontements ont éclaté entre les deux camps. Au cours des échauffourées, un ou plusieurs habitants d’implantation ont ouvert le feu, tuant apparemment Naasan et blessant probablement plusieurs autres personnes.
#شاهد إصابات بالرصاص الحي خلال مواجهات مستمرة مع قوات الاحتلال في قرية المغير قرب رام الله pic.twitter.com/NB4T0B3pO8
— وكالة شهاب للأنباء (@ShehabAgency) January 26, 2019
Il n’était pas tout de suite clair si les Palestiniens blessés avaient aussi été touchés par les tirs des habitants d’implantations ou s’il l’avait été au cours des affrontements qui ont suivi quand les soldats israéliens sont arrivés pour séparer les deux camps.
Une enquête de l’armée sur les incidents est en cours. La police israélienne a également lancé une enquête et déclaré que des suspects avaient été convoqués pour être interrogés.
Faraj Naasan, le maire d’al-Mughayyir, a déclaré au Times of Israël : « avec la protection de l’armée, des habitants d’implantation ont tenté d’attaquer le village par son flanc nord. Des personnes se sont opposées aux d’habitants d’implantation pour les empêcher d’entrer dans le village. Ils ont alors ouvert le feu sur nous, tuant un de nos fils, alors que l’armée tirait en l’air. La personne tuée était mon neveu ».
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné les « attaques de gangs d’habitants d’implantation sur le village d’al-Mughayyir qui ont conduit à la mort en martyr d’Hamdi Na’asan », a rapporté Wafa, le site d’information officiel de l’AP.
« Nous tenons le gouvernement israélien entièrement responsable de ce nouveau crime », a déclaré Saeb Erekat, chef du comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine.
Les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien ont appelé à venger la mort de Naasan.
Dans le même temps, de violentes manifestations ont été signalées le long de la frontière avec Gaza, samedi après-midi. Des manifestants ont brûlé des pneus et lancé des objets sur les soldats israéliens. Certaines personnes ont tenté de vandaliser la barrière de sécurité. De leur côté, les soldats israéliens ont riposté par des jets de gaz lacrymogène et d’autres armes non mortelles.
Vendredi soir, l’armée a déclaré qu’un Palestinien de 16 ans avait été tué par des soldats israéliens à proximité de Ramallah après avoir lancé des pierres sur des véhicules israéliens.
Selon l’armée, l’adolescent, accompagné de deux autres jeunes, lançaient des pierres sur des voitures israéliennes à proximité de la route 60, la principale route de Cisjordanie reliant le nord au sud. Les soldats ont tiré sur les trois adolescents, touchant deux d’entre eux. Les soldats ont administré des soins aux blessés, mais l’adolescent de 16 ans a succombé à ses blessures. On ne sait pas clairement dans quel état se trouvait le deuxième adolescent blessé.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle enquêtait sur l’incident.
L’incident s’est produit alors que des milliers de Palestiniens se rassemblaient à la frontière gazaouie lors des manifestations hebdomadaires. Environ 5 000 personnes ont pris part au rassemblement, une participation moins importante que les semaines précédentes. Les manifestants ont brûlé des pneus et jeté des pierres sur les soldats israéliens. La ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas a déclaré qu’une personne avait été tuée et 23 autres, blessées dans les affrontements.
La Cisjordanie est parfois le théâtre d’événements similaires le vendredi, en signe de soutien avec les rassemblements gazaouis.
Jeudi dernier, un adolescent juif a été inculpé pour son rôle dans le meurtre d’une femme palestinienne victime d’un jet de pierre.
L’adolescent israélien de 16 ans, qui étudie à la yeshiva Pri Haaretz dans l’implantation de Rehelim au nord de la Cisjordanie, a été inculpé pour homicide involontaire aggravé après avoir lancé une pierre sur un véhicule en mouvement, et pour acte de vandalisme volontaire sur un véhicule. Toutes les charges sont liées au meurtre d’Aisha Rabi, une Palestinienne de 47 ans et mère de huit enfants. L’adolescent a agi « dans le cadre d’un acte terroriste ». S’il est condamné, il risque une très longue peine de prison ; les meurtres à caractère terroriste étant passibles d’une peine maximum de 20 ans de prison.