Faurisson vs Le Monde : la justice fait preuve d’un courage nouveau
“Dire aujourd'hui que Faurisson est un faussaire est vrai au regard de la loi”, explique Ariane Chemin
En 2012, Ariane Chemin, journaliste au Monde, a cité une phrase prononcée par Robert Badinter face à Robert Faurisson dans un procès en 2007. Il qualifiait le négationniste de « faussaire de l’histoire ». La journaliste y avait ajouté les qualificatifs de « menteur professionnel et falsificateur ». Faurisson a porté plainte. Le jugement, historique a été rendu la semaine dernière.
Historique, car pour la première fois, le spécialiste de la remise en cause de l’existence des chambres a gaz comme outils d’extermination des Juifs, n’a pas été débouté en raison de « la bonne foi » de son adversaire, mais parce que le tribunal a jugé que celle-ci avait écrit « la vérité ».
Dans les procès précédents en diffamation intentés par Faurisson, seul moyen de s’assurer un peu de visibilité, explique Ariane Chemin sur France Culture, le tribunal avait certes toujours donné raison aux auteurs des propos jugés diffamatoires, mais le tribunal mettait en avant « la bonne foi » de ceux-ci.
C’est-à-dire qu’il considérait qu’au vu des éléments à la disposition du public, on pouvait de bonne foi qualifier Robert Faurisson de négationniste, ou de faussaire. C’est l’intention de l’accusé qui était jusqu’alors jugée, non la véracité de ses dires.
Ce type de jugement, explique le grand reporter Ariane Chemin, permettait à Faurisson de clamer que le tribunal ne l’avait pas désavoué sur le fond.
Aujourd’hui, grâce au jugement de la 17e chambre du Tribunal de grande instance rendu mardi 6 juin dernier, Faurisson peut être décrit comme un faussaire de l’histoire et un menteur, des affirmations désormais vraies au regard de la loi.
« Le droit a décidé de faire un peu d’histoire », conclut Chemin.