France: « île martyre » pendant la guerre, Cézembre renaît de ses cendres
Ouverte en 2018 après son déminage, cette île qui fut le territoire le plus bombardé au m2 de la Seconde guerre mondiale accueille des dizaines d'estivants chaque jour
- Des touristes passent devant des bunkers et des épaves de canons d'artillerie sur l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo, le 4 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
- Un touriste lit des bannières informant les touristes de l'histoire de l'occupation allemande sur l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo, le 5 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
- Des touristes débarquent sur la jetée de l'île Cezembre, au large de Saint-Malo, le 5 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
- Vue aérienne de l'île de Cezembre, au large de Sain( Malo, le 4 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
- Des touristes passent devant des bunkers et des épaves de canons d'artillerie sur l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo, le 4 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
- Des touristes avancent vers les épaves d'un canon d'artillerie et d'un bunker allemand sur l'île Cézembre, au large de Saint-Malo, le 5 août 2022. (Crédit : Damien MEYER / AFP)
Dans le nord-ouest de la France, à Cézembre, un sentier, ouvert en 2018 après son déminage, accueille des dizaines d’estivants chaque jour, ravis et émus de découvrir cette île qui fut le territoire le plus bombardé au m2 de la Seconde guerre mondiale.
« Il y a un effet lagon, c’est magnifique ! », s’extasie Maryse Wilmart, sexagénaire venue de La Rochelle, sur la côte atlantique, en contemplant la superbe plage de sable blond aux eaux turquoises, avec une vue unique sur les remparts de la cité corsaire.
« Mais quand derrière on voit tout ça… Est-ce qu’on peut seulement arriver à s’imaginer ce qui s’est passé ici ? », s’interroge-t-elle, non loin des barbelés et des panneaux « Danger ! Terrain non déminé au-delà des clôtures ».
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Il faut remonter 80 ans en arrière pour comprendre ce qui s’est déroulé sur cet îlot granitique inhabité d’une dizaine d’hectares, au relief escarpé dans sa partie nord.

En 1942, l’armée d’occupation allemande saisit l’importance stratégique de l’îlot pour le Mur de l’Atlantique et installe bunkers, casemates et pièces d’artillerie. Le 17 août 1944, Saint-Malo (nord-ouest de la France, en Bretagne) est libéré par les Américains mais le commandant nazi de Cézembre, rattaché à Jersey, à la tête de 400 hommes, refuse de se rendre.
S’ensuit un déluge de feu venu des airs et du continent des Alliés. « On dit qu’au mètre carré c’est le plus grand nombre de bombardements de tous les théâtres d’opération de la Seconde guerre mondiale. Il y a eu entre 4 000 et 5 000 bombes lâchées », dont certaines au napalm, explique Philippe Delacotte, auteur de l’ouvrage Les secrets de l’île de Cézembre (Cristel).
Le 2 septembre 1944, le drapeau blanc est finalement hissé et quelque 350 hommes hagards se rendent. « Certains rescapés ont pu dire que c’était comme Stalingrad », relate M. Delacotte. L’île est entièrement dévastée, à tel point que son altitude a baissé à cause des bombes.
Déminages
« L’une des conséquences de ces bombardements est que le ministère de la Défense (française), au sortir de la guerre, est devenu propriétaire de l’île et a fermé complétement le site », explique Gwenal Hervouët, chargé de mission du site pour le Conservatoire du littoral, devenu propriétaire de l’île en 2017.

Si les premiers déminages, notamment de la plage, ont débuté dans les années 1950, il a fallu patienter jusqu’en 2018 pour qu’environ 3 % de la superficie de l’île soit enfin accessible aux visiteurs : le sentier d’environ 800 m permet de serpenter entre les canons rouillés et les bunkers, avec des paysages à couper le souffle.
« On voit encore les énormes crevasses et les canons sont impressionnants », note Olivier, 25 ans, agriculteur venu de Savoie (Sud-Est).
Depuis l’ouverture du sentier, « il n’y a pas eu d’accident » même « s’il y a toujours des gens qui veulent aller au-delà de la partie autorisée », confie Jean-Christophe Renais, garde du littoral et technicien travaux pour le département, qui gère le site.
Au fil du temps, les colonies d’oiseaux marins ont refait leur apparition sur cette île, à la végétation rase, comme les goélands, les cormorans, les pingouins torda ou les guillemots de Troïl. « La biodiversité se porte à merveille, tout s’est recolonisé et revégétalisé, les oiseaux ont pris possession du site. C’est juste un bonheur », glisse M. Hervouët.

Preuve de l’importance conférée à la faune, le sentier a été partiellement fermé en avril « pour maximiser les chances de succès et d’envol de poussins du faucon pèlerin », explique Manon Simonneau, responsable du suivi de l’île pour une association locale de protection de la nature.
Certains promeneurs disent espérer que le sentier soit allongé pour permettre de faire le tour complet de l’île. Vœu pieux, répond le Conservatoire du littoral : les sommes pour déminer seraient astronomiques et ce sont désormais les oiseaux et la nature qui sont les maîtres de Cézembre.
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