Israël en guerre - Jour 430

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« Golda » n’est pas un biopic classique, c’est un rappel du coût de la victoire

Le dernier film de Guy Nattiv, avec Helen Mirren dans le rôle de Golda Meir, n’est pas une leçon d'histoire et se concentre sur son humanité pendant la guerre du Kippour

  • Helen Mirren et Camille Cottin dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren et Camille Cottin dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren et Lior Ashkenazi dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren et Lior Ashkenazi dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren dans "Golda". (Crédit : Jasper Wolf/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren dans "Golda". (Crédit : Jasper Wolf/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren et Lior Ashkenazi dans "Golda". (Crédit : Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren et Lior Ashkenazi dans "Golda". (Crédit : Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren, Rami Heuberger, Lior Ashkenazi et Dvir Benedek dans "Golda". (Crédit : Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren, Rami Heuberger, Lior Ashkenazi et Dvir Benedek dans "Golda". (Crédit : Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
  • Helen Mirren et Liev Schrieber dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)
    Helen Mirren et Liev Schrieber dans "Golda". (Crédit: Sean Gleason/Bleecker Street/ShivHans Pictures)

On peut dire qu’un biopic est à l’avant-garde lorsqu’il ne s’intéresse pas à l’histoire de son sujet – du jour de son auguste naissance et jusqu’à sa mort. La vie est chaotique et elle n’épouse jamais le cadre d’une œuvre en trois actes. Et c’est donc avec astuce que le réalisateur Guy Nattiv utilise « Golda » pour observer Golda Meir, non pas pendant toute sa vie, mais à travers l’épreuve de la guerre de Kippour. De plus, plutôt que d’être le simple récit du triomphe sur l’adversité, « Golda » est une histoire qui raconte le prix du leadership et celui des erreurs humaines commises par ceux qui nous dirigent.

Nattiv nous amène rapidement aux jours qui avaient précédé la guerre de Kippour, en 1973, et il fait remarquer à son public combien le gouvernement d’Israël se sentait – trop – confiant après les succès remportés lors de la guerre des Six jours, en 1967.

Ce qui plante le décor de ce mois d’octobre 1973 – un mois où Meir (Helen Mirren) est consciente du fait que la guerre est (une fois encore) aux portes du pays, mais où elle s’efforce de manœuvrer à travers les égos, les certitudes, les politiques de ses conseillers – et elle est consciente également de la place occupée par son pays dans le monde. Et lorsque, le jour de Yom Kippour, une attaque est commise par une coalition d’États arabes avec, à leur tête, l’Égypte et la Syrie, Meir doit utiliser tout son tact et toutes ses compétences politiques pour prendre la défense d’Israël, tout en appelant aux intérêts américains représentés par le secrétaire d’État Henry Kissinger, incarné par Liev Schreiber.

Plutôt que de raconter un conte héroïque avec enthousiasme, Nattiv plonge son histoire dans la mort. Il tire le meilleur parti d’un budget limité en réalisant un long-métrage qui n’a pas nécessité de scènes de batailles coûteuses. A la place, de manière à la fois forte et efficace, il utilise un mélange de séquences réelles de la guerre et de scènes où les personnages du film suivent la bataille, de loin. Dans une scène, le ministre de la Défense Moshe Dayan, joué par Rami Heuberger, assiste à la destruction de ses troupes par les forces adverses, les explosions des chars se reflétant dans son regard horrifié. Dans une autre scène, Meir écoute à la radio les pertes subies au combat par les troupes israéliennes, une nécessité de la guerre mais non moins déchirante, grâce notamment à l’excellente performance de Mirren.

Plutôt que de nous présenter un monde de machisme et de patriotisme, Nattiv dépeint un monde de froide realpolitik où tout le monde meurt. Les troupes israéliennes meurent. Les forces arabes meurent. Même Meir est en train de mourir, en montrant à plusieurs reprises dans le film les traitements qu’elle subit pour soigner son cancer. C’est un monde où la mort est à portée de main, et alors que les films sur les personnalités américaines aiment utiliser une rhétorique flamboyante et de grandes émotions, le monde de « Golda » se compose de pièces exiguës remplies de fumée de cigarette.

Évidemment, tout film traitant de faits historiques soulèvera toujours des questions quant à la fidélité aux faits. Néanmoins, je conseille aux spectateurs d’y chercher davantage une vérité émotionnelle et une cohérence thématique qu’une leçon d’histoire. Golda Meir fumait-elle vraiment des cigarettes à proximité de sa bouteille d’oxygène ? J’en doute ! Mais c’est une métaphore visuelle puissante pour une personne qui vit sa vie avec une marge de manœuvre des plus minces (fumer n’est pas glamour pour Meir dans « Golda » ; c’est sa seule détente qu’elle s’autorise) et dont les actions peuvent avoir des conséquences catastrophiques. En nous fixant sur nos livres d’histoire, nous risquons de passer à côté de ce qui se passe réellement.

Helen Mirren dans « Golda ». (Crédit : Autorisation de Bleecker Street/ShivHans Pictures)

L’histoire que Nattiv cherche à raconter ne se veut pas une encyclopédie de Golda Meir. Il nous invite à partager quelques jours dans un espace restreint. Nattiv ne cherche pas à rendre compte de l’ampleur de la vie de Golda Meir (tâche impossible dans un film d’une centaine de minutes). Il nous fait plutôt découvrir la complexité du personnage de Meir et la façon dont les événements de la guerre du Kippour illustrent cette complexité.

Certains quitteront le film en s’interrogeant sur son accession au pouvoir ou sur les détails de son enfance, mais Nattiv n’a pas besoin de sonder tous les coins et recoins de l’existence de Meir pour réussir son film.

Les biographies de Meir ne manquent pas (du tout), mais il y a relativement peu de films sur Golda Meir et son héritage.

Ceux qui viennent voir le film à la recherche d’informations générales sur Meir et l’histoire d’Israël risquent de se sentir un peu perdus. Ils peuvent même se demander pourquoi ce drame politique a pour personnage central Meir, plutôt que d’autres personnalités impliquées dans la guerre du Kippour. Mais Nattiv et Mirren démontrent de manière convaincante que les bons dirigeants peuvent non seulement assumer le poids de décisions capitales, mais aussi en subir les conséquences.

Ce qui m’a le plus plu dans « Golda », c’est qu’il ne s’agit pas vraiment d’un film sur la résilience ou le fait de surmonter des obstacles. Il s’agit plutôt d’un film sur la nécessité d’absorber les traumatismes dans l’intérêt de la paix future. Meir ressent la perte de vies de manière aiguë, et Nattiv a le mérite de ne pas ignorer les vies arabes perdues non plus (le film est dédié à tous ceux qui ont perdu la vie pendant la guerre du Kippour, et pas seulement aux soldats israéliens).

Ce que « Golda » démontre, c’est qu’il est essentiel de subir le traumatisme de la guerre, car sans lui, il n’y a aucune raison d’aller vers la paix. Il faut s’armer pour le combat, mais il ne faut jamais le savourer.

« Golda » fonctionne non pas parce qu’il s’agit d’une célébration, mais parce qu’il s’agit d’une reconnaissance du sacrifice. Ce n’est pas un film qui parle de domination de l’ennemi, mais plutôt des conséquences de penser qu’une seule victoire suffit à vous assurer une victoire éternelle.

C’est un film sur le pragmatisme froid qui conduit à une paix chaude. Quels que soient les détails de la vie de Meir ou de ses actions pendant la guerre du Kippour, la vérité dans « Golda » apparaît à travers le regard porté sur les dirigeants, non pas en termes de popularité, mais en termes de leur empathie.

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