Hamas aux Européens : « nous utiliserons plutôt des missiles à longue portée »
Moussa Abu Marzouk conditionne notamment un cessez-le-feu à l'arrêt des "actions militaires" israéliennes sur le mont du Temple
Un haut responsable du Hamas a déclaré mercredi que le groupe terroriste était prêt à mettre fin aux combats intensifs actuels avec Israël, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le vice-président du bureau politique du Hamas, Moussa Abu Marzouk, a fait cette offre lors d’une conversation téléphonique avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, qui supervise également les questions relatives au Moyen-Orient.
Moussa Abu Marzouk l’a toutefois conditionnée à l’arrêt des frappes israéliennes et à la pression exercée par la communauté internationale sur l’État juif pour qu’il mette fin aux « actions militaires » à la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple.
Israël ne cherche pas à obtenir un cessez-le-feu pour le moment, a fait savoir l’armée.
Abu Marzouk a adopté un ton différent dans des interviews accordées mercredi à des médias liés au Hamas, déclarant que « les Européens nous ont contactés et nous ont dit d’arrêter de tirer des missiles à courte portée, sinon ils ne participeraient pas à la reconstruction de Gaza. Je leur ai dit que nous arrêterons nos missiles à courte portée et que nous utiliserons plutôt des missiles à longue portée. »
Les propos d’Abu Marzouk interviennent après trois jours de tirs de roquettes depuis la bande de Gaza sur Israël, au cours desquels plus de 1 300 projectiles ont été lancés sur l’État juif, tuant cinq civils, dont un enfant de 6 ans et blessant des dizaines de personnes. Un soldat israélien a été tué par des tirs de missiles antichars à la frontière de Gaza.
Jérusalem, la capitale, et Tel Aviv, le pôle commercial, ont été pris pour cible, ainsi que des villes du sud et du centre du pays. Israël a répondu en pilonnant des centaines de cibles du Hamas et d’autres groupes terroristes, y compris des frappes qui ont tué de hauts commandants du groupe terroriste.
Les groupes terroristes palestiniens ont lié ces attaques aux émeutes qui ont eu lieu à Jérusalem à l’occasion de la prière sur le mont du Temple pendant le mois sacré musulman du Ramadan, ainsi qu’à la potentielle expulsion d’un certain nombre de familles palestiniennes de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, dans le cadre d’un litige judiciaire.
Selon la Russie, Abu Marzouk, s’exprimant au nom de la direction du Hamas, est prêt « à arrêter toute action militaire contre Israël sur une base réciproque, étant entendu que la communauté internationale exercera les pressions nécessaires sur la partie israélienne pour supprimer les actions militaires dans le complexe de la mosquée Al-Aqsa », selon le communiqué.
Abu Marzouk a également conditionné l’offre apparente de cessez-le-feu à la fin de ce qu’il a appelé les mesures « illégales » prises par Israël contre les « habitants arabes indigènes » de Jérusalem.
L’appel téléphonique a eu lieu à la demande des Palestiniens, a précisé le ministère. Abu-Marzouk a évoqué la forte escalade de la violence au cours des derniers jours et a également soulevé la question des familles palestiniennes menacées d’expulsion à Sheikh Jarrah. Il s’est également plaint de ce qu’il a a décrit comme des bombardements israéliens sur des quartiers résidentiels de la bande de Gaza.
Bogdanov a souligné l’importance d’un arrêt immédiat de la violence ainsi que « l’inadmissibilité des attaques contre des civils, quelles que soient leur nationalité et leur religion, y compris les frappes sur des cibles civiles en territoire israélien et palestinien », selon le communiqué.
Les responsables israéliens ont déclaré mercredi qu’ils n’avaient pas l’intention d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et qu’ils prévoyaient que Tsahal continue de frapper les cibles associées au Hamas, au Jihad islamique et à d’autres groupes terroristes dans la bande de Gaza afin de restaurer le pouvoir de dissuasion à leur égard pour empêcher de nouvelles attaques et affaiblir considérablement leurs capacités.
« Nous ne parlons pas d’un cessez-le-feu, certainement pas dans les deux prochains jours », a déclaré Hidai Zilberman, porte-parole de l’armée israélienne, au radiodiffuseur public Kan.
« Il n’y a actuellement aucune date de fin pour l’opération. Ce n’est que lorsque nous aurons obtenu le calme complet que nous pourrons parler de calme », a déclaré le ministre de la Défense Benny Gantz lors d’une visite d’Ashkelon, touchée par des roquettes. « Nous n’écouterons pas les prêches moralisateurs d’aucune organisation ou institution concernant notre droit et notre devoir de protéger les citoyens d’Israël. »