Haniyeh: Les manifestations marquent le retour dans « toute la Palestine »
Les Palestiniens "n'accepteront pas de conserver le droit au retour au stade d'un simple slogan", a déclaré le chef du Hamas
Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le mouvement de protestation organisé vendredi le long de la frontière avec la bande de Gaza marque le début du retour des Palestiniens dans « toute la Palestine », a déclaré le chef du groupe palestinien Hamas Ismail Haniyeh dans un discours prononcé sur les lieux.
« Nous sommes là pour déclarer aujourd’hui que notre peuple n’acceptera pas de conserver le droit au retour au simple stade du slogan », a-t-il dit. Haniyeh a ajouté que la « marche du Retour » avait également pour objectif d’envoyer un message au président américain Donald Trump, celui que les Palestiniens ne renonceront pas à leur droit à Jérusalem.
Ses commentaires sont survenus alors que des informations font état de la mort de trois Palestiniens et de plus d’une centaine de blessés par des tirs israéliens à balles réelles et en caoutchouc dans le cadre d’une série de mouvements de protestation massifs le long de la clôture de sécurité qui entoure Gaza, selon des sources palestiniennes.
Des milliers de Palestiniens se sont réunis le long de la frontière avec Gaza pour participer aux manifestations de « la marche du Retour », selon l’armée israélienne, et ce nombre devrait encore augmenter au cours de la journée.
L’armée a fait savoir qu’elle avait tiré sur les « instigateurs » des manifestations à la barrière de sécurité. Un reportage diffusé à la télévision israélienne a indiqué que l’un des Palestiniens tués était soupçonné d’avoir tenté de placer un dispositif explosif sur la clôture.
Les organisateurs de la manifestation ont affirmé qu’elle se voulait pacifique mais les responsables et l’armée israélienne se sont préparés à des flambées de violence attendues le long de la frontière avec l’enclave côtière dirigée par le Hamas.
Les principaux sites de manifestation à Gaza sont Rafah, Khan Younis dans le sud, el-Bureij et Gaza City dans le centre, et Jabalya, situé au nord de l’enclave côtière.
Les militaires ont fait savoir que les manifestants faisaient brûler des pneus et jetaient des pierres de l’autre côté de la clôture de sécurité.
Les responsables israéliens ont averti les Palestiniens de manière répétée de ne pas s’approcher de la barrière de sécurité, relayant l’information par le biais des médias sociaux, des prospectus jetés depuis les avions et par le biais de déclarations faites aux médias.
Les chefs du Hamas ont indiqué ces derniers jours que les manifestations seraient « pacifiques » et « non-violentes ». Ils ont toutefois averti que les Palestiniens réagiraient si Israël utilisait la force pour disperser les manifestants.
Un communiqué émis par le Hamas, un groupe terroriste qui cherche ouvertement à détruire Israël, a appelé jeudi les Palestiniens à « prendre part de manière effective à la grande marche du Retour et à rester pacifique pour atteindre l’objectif de cet événement ».

Khalil al Haya, haut-responsable du Hamas, a expliqué que les Palestiniens ne redoutaient pas les menaces israéliennes d’empêcher les manifestants d’approcher la frontière entre la bande de Gaza et Israël.
Les Palestiniens sont déterminés à retourner sur leurs terres et dans leur patrie, a dit Haya durant une visite des chapiteaux qui ont été dressés par les manifestants à proximité de la frontière avec Israël. Les Palestiniens se réfèrent à ces tentes comme aux « tentes du retour ».
« Notre peuple ne se laissera pas intimider par les menaces israéliennes », a-t-il expliqué. « Cela fait trop longtemps que nous attendons de revenir sur les terres dont nos grands-parents ont été expulsés il y a 70 ans ».
Lors des pourparlers de paix antérieurs, les Palestiniens ont toujours demandé, avec la souveraineté en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-est et dans la Vieille Ville, un « droit au retour » en Israël pour les Palestiniens qui avaient quitté ou avaient été dans l’obligation de quitter l’Etat juif lors de sa fondation. Les Palestiniens ne demandent pas seulement l’exercice de ce droit pour les centaines de milliers de réfugiés encore en vie – un chiffre qui atteindrait des dizaines de milliers de personnes – mais également pour leurs descendants, qui sont des millions.
Aucun gouvernement israélien ne pourrait probablement accepter cette demande puisqu’elle signerait la fin d’Israël en tant qu’Etat à majorité juive. Le positionnement israélien est que les réfugiés palestiniens et leurs descendants pourraient devenir les citoyens d’un Etat palestinien à l’apogée du processus de paix, comme cela avait été le cas des Juifs contraints à fuir les pays du Moyen-Orient en raison de gouvernements hostiles qui sont devenus par la suite des ressortissants israéliens.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.