Hélène de Portes, instigatrice de l’armistice franco-allemande
La maîtresse du président du Conseil, sur lequel, selon De Gaulle et bien d'autres, elle exerçait un véritable ascendant, a réussi à imposer le retour de Pétain et l'armistice contre l'avis de son amant Paul Reynaud
Hervé Bentégeat livre dans Et surtout, pas un mot à la Maréchale ! Pétain et ses femmes, un portrait de la fin de la IIIe république vu des alcôves, mais pas seulement.
Un chapitre de cet ouvrage est consacré à la maîtresse de Paul Reynaud, Hélène de Portes, fille d’un industriel richissime, toquée de politique, qui s’invite régulièrement au Conseil président par son amant : on la voit faire et défaire des carrières, et même décider, car il s’agit bien de cela selon l’auteur, du sort de la France.
En l’occurrence, de la poursuite de la guerre ou de l’armistice, qui amènera à la collaboration, avec les conséquences tragiques que l’on connaît.
« L’ambassadeur des Etats-Unis est consterné par l’influence qu’elle exerce sur le chef du gouvernement. Il écrit à Roosevelt : ‘Ne dites rien de confidentiel à Reynaud au téléphone : la dame est toujours là et répète partout tout ce qu’elle a entendu !’ , explique Bentégeat à l’Obs.
Il décrit les heures où s’est jouée l’histoire de la France, alors que les armées allemandes déferlent sur le pays : « Reynaud est épuisé, et ne sait plus ce qu’il faut faire. Hélène de Portes ne cesse de le harceler. Dans l’après-midi du 16 juin, il tente encore de convaincre son gouvernement de poursuivre la guerre à partir des colonies, d’autant que la Grande-Bretagne, par l’intermédiaire de De Gaulle, vient de proposer à la France une union totale des deux pays. Mais Hélène de Portes ne le lâche pas : au cours de cet ultime conseil des ministres, elle lui fait passer un mot pour lui interdire de livrer la France à l’Angleterre, l’ennemie héréditaire… ».
Quelques heures plus tard, Reynaud démissionne, et Pétain est nommé chef du gouvernement.
Mais laissons au Général de Gaulle, qu’elle détestait, le soin de l’oraison funèbre : en apprenant l’accident fatal de voiture dont sont victimes Reynaud et de Portes en juin 1940, il se serait exclamé, selon Bentégeat, cité par l’Obs : « J’espère qu’elle est crevée, la salope ! ».
Et surtout, pas un mot à la Maréchale ! Pétain et ses femmes, Hervé Bentégeat, Albin Michel, 252 pages, 17 €