Herzog : Netanyahu gâche une “chance historique”
Après la nomination de Liberman à la Défense par Netanyahu, le chef de l’opposition critique Yachimovich pour une “sale campagne” contre lui
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le chef de l’opposition Isaac Herzog a cherché à expliquer mercredi soir son échec à former un gouvernement d’unité via des négociations de coalition à présent abandonnées, accusant le Premier ministre Benjamin Netanyahu et lançant une attaque sévère contre sa collègue de l’Union sioniste, Shelly Yachimovich, pour sa campagne contre lui menée depuis quelques semaines.
Pendant sa deuxième conférence de presse de la journée, après l’annonce de Netanyahu qu’il poursuivait les négociations avec le parti Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman et pas avec l’Union sioniste, Herzog a déclaré qu’il avait atteint des « réussites importantes » pendant les discussions mais que le Premier ministre avait refusé de mettre l’accord par écrit.
Changeant apparemment de direction par rapport à ses déclarations précédentes, le chef de l’Union sioniste a déclaré avoir mis fin aux discussions mardi soir, et pas après l’invitation de Netanyahu à Liberman mercredi matin.
« J’ai informé Netanyahu de la fin des négociations hier soir », a dit Herzog mercredi.
Herzog a déclaré aux journalistes que Netanyahu avait laissé passer « une chance historique » de contribuer à une avancée du processus de paix en choisissant de faire entrer Liberman au gouvernement comme ministre de la Défense.
Liberman a rencontré Netanyahu mercredi après-midi pour discuter de la possibilité de faire entrer les six sièges de son parti dans la coalition, des informations indiquant que le poste de ministre de la Défense lui avait été proposé, et qu’il avait accepté.
Netanyahu cherchait à étendre sa coalition depuis la formation de son gouvernement avec une majorité de 61 sièges (sur 120) il y a un peu plus d’un an, disant que faire avancer un projet de loi avec une majorité si étroite était difficile, mais les discussions n’ont semblé s’intensifier que ces dernières semaines, Herzog pensant être proche d’un accord pour rejoindre le gouvernement.
Après avoir listé une série de « réussites » faites dans les négociations, dont s’être vu offert neuf postes ministériels, Herzog s’est lancé dans une attaque cinglante de Yachimovich, qu’il a remplacée à la tête du Parti travailliste, disant qu’elle était au final responsable de la nomination de Liberman comme ministre de la Défense.
« Ma prédécesseur, qui m’a supplié pour un poste dans le gouvernement de Netanyahu, a mené une sale campagne contre moi. Ironiquement, elle a dirigé le parti sans beaucoup de réussite, mais n’en a pas tiré les leçons », a-t-il déclaré, faisant référence aux 15 sièges gagnés par le parti dirigé par Yachimovich pendant les élections de 2013. En 2015, sous la direction d’Herzog, le parti a remporté 24 sièges.
« Elle sera le sceau avec lequel Liberman sera nommé ministre de la Défense, et elle est responsable de sa nomination », a-t-il dit.
Yachimovich avait vivement critiqué son successeur, qui cherchait à rejoindre le gouvernement de Netanyahu, et avait promis de l’empêcher de le faire. Herzog « veut vraiment beaucoup rejoindre la coalition », avait-elle écrit sur Facebook en début de semaine. « C’est notre travail de lui dire qu’il ne peut pas. »
Herzog a critiqué ce qu’il a appelé l’alliance « Gal-on/Yachimovich », faisant référence à la présidente du parti Meretz, Zehava Gal-on, et affirmant que Yachimovich essayait de tirer l’Union sioniste vers la gauche.
« Nous sommes un parti de centre gauche, pas un parti d’extrême-gauche. Les mêmes personnes qui prêchent nuit et jour la négociation avec l’Autorité palestinienne et le Hamas empêchent de tester une réelle opportunité », a-t-il dit.
Yachimovich a répliqué mercredi aux accusations d’Herzog, disant à la Deuxième chaîne qu’elle avait rejeté l’opportunité de devenir la femme la plus haut placée au gouvernement, et qu’elle n’avait pas encore décidé si elle allait défier Herzog en tant que chef de l’opposition.
Herzog a promis mercredi soir de rester chef de l’opposition et de combattre le gouvernement dirigeant, malgré les appels à la démission provenant de son propre parti.
Une source haut placée au sein de l’Union sioniste avait déclaré mercredi au Times of Israël que sans accord de coalition, Herzog serait probablement évincé par le parti, au vu de la large opposition face à ses efforts pour rejoindre le gouvernement.
Le député de l’Union sioniste Erel Margalit a appelé sur Facebook à une nouvelle direction pour le parti, rejoignant d’autres de ses collègues.
La députée Stav Shaffir, de l’Union sioniste, avait précédemment écrit sur Facebook que les efforts d’Herzog pour emmener l’Union sioniste dans un gouvernement d’unité dirigé par Netanyahu ne servaient que lui et étaient « impardonnables », alors que son collègue Mickey Rosenthal réclamait aussi la démission d’Herzog, disant que le chef du parti avait perdu la confiance des électeurs.
« Le parti ne pourra pas se remettre si vous ne remettez pas les clés. Vous avez perdu la confiance de l’électorat », a-t-il écrit sur Twitter.
La nomination de Liberman est ‘délirante’
Pendant ce temps, Netanyahu et Liberman étaient tous les deux critiqués quand il est apparu que le chef de Yisrael Beytenu allait prendre le ministère de la Défense, évinçant Moshe Yaalon.
La décision de Netanyahu de nommer Liberman à la Défense est « délirante » et montre « un manque de responsabilité envers l’establishment de la défense et les citoyens d’Israël », a déclaré à la Deuxième chaîne Benny Begin, député du Likud et ancien ministre.
Le député travailliste Omer Barlev a accusé Netanyahu de vendre « le dernier gardien de l’armée israélienne » en remplaçant Yaalon par Liberman. « Yaalon était un phare dans la nuit, un guerrier qui ne s’est jamais assoupi pendant qu’il gardait l’armée israélienne, son caractère ou ses valeurs, a-t-il déclaré. Pour le bien d’un siège supplémentaire, Netanyahu a vendu le dernier gardien de Tsahal. »
Le conseil des dirigeants des communautés bordant la bande de Gaza a également appelé Netanyahu à maintenir les politiques sécuritaires mises en place pendant que Yaalon était ministre de la Défense.
« La réalité de la situation sécuritaire nécessite une direction qui sauvegardera l’équilibre », les a cités la Dixième chaîne, alors que les sirènes d’alerte aux roquettes retentissaient dans la région, apparemment pour une fausse alerte. « Nous espérons que la politique du ministre Yaalon continuera. »
Liberman, ancien ministre des Affaires étrangères avant de refuser de rejoindre le gouvernement l’année dernière, a fait nombre de déclarations dans le passé qui ont été largement perçues comme bellicistes, dont des menaces de bombarder l’Egypte et d’exécuter les dirigeants du Hamas.
Le député Dov Khenin, de la Liste arabe unie, a déclaré que la nomination était « une continuation directe du tournant à droite de Netanyahu au cours de la dernière année. »