Hong Kong obtient un erouv pour les Juifs pratiquants
La création d'une zone dans laquelle ils peuvent porter des objets le jour du Shabbat va changer la vie des membres de la communauté pratiquante et celle de leurs invités
L’été, le week-end est un bon moment pour visiter ce que les habitants de Hong Kong appellent The Peak, ce parc situé au sommet d’une montagne qui offre une vue magnifique sur la ville et une certaine fraîcheur par rapport à la chaleur tropicale qui y règne pendant plus de six mois.
Mais pour les dizaines de Juifs pratiquants qui vivent à Hong Kong, ce parc et la ville dans son ensemble étaient jusqu’à présent hors de portée pendant une grande partie du week-end en l’absence d’un erouv, cette zone dans laquelle les Juifs peuvent transporter des objets le Shabbat et les jours fériés.
En l’absence d’erouv, les Juifs pratiquants peuvent se déplacer mais sans rien porter. Pour les familles avec enfants en bas âge, qui doivent utiliser des poussettes ou des porte-bébé, cela revient à une assignation à résidence de facto du vendredi au samedi soir.
Mais les choses ont changé, cette année, à Hong Kong, pour les 3 000 Juifs qui y vivent, grâce à l’action de la communauté juive locale qui a défini un erouv, le plus oriental qui soit aux dires du rabbin.
« Cet erouv ne va pas peut-être pas servir à beaucoup de monde, mais il va changer la vie de ceux qu’il concerne », explique Seth Fischer, juif orthodoxe qui vit à Hong Kong depuis 2004.
Avant l’annonce de la création de l’erouv, il ne se rendait jamais au Parc le jour de Shabbat parce qu’il ne pouvait pas prendre avec lui de bouteille d’eau, « et c’est un problème quand il fait si chaud », explique-t-il au Times of Israel.

Né à New York, ce père de quatre enfants âgé de 51 ans est l’un des quelque 80 habitants de Hong Kong dont la vie était très contrainte le jour de Shabbat en raison de l’absence d’erouv, dit-il.
« Cela impliquait de ne pas se promener avec les enfants, de ne pas pouvoir apporter de bouteille de vin pour un dîner le vendredi soir, de ne pas pouvoir apporter de repas à un voisin malade », ajoute-t-il.
« Cet erouv change la nature du Shabbat pour nous », confie Fischer, installé à Hong Kong pour raisons professionnelles (il travaille dans la finance).
Cet erouv va révolutionner le week-end des habitants, mais aussi des Juifs pratiquants qui viennent passer quelque temps à Hong Kong, explique le rabbin Asher C. Oser, de la synagogue Ohel Leah de Hong Kong.

Un erouv est une frontière symbolique qui, selon la halakha – le corpus de règles du judaïsme traditionnel – transforme un espace public en espace clos privé. Pour établir un erouv, la zone doit avoir les caractéristiques d’un domaine privé. Cela peut être réalisé de plusieurs façons, comme par exemple en faisant en sorte que la communauté en loue des parties et démontre qu’il peut être fermé.
En milieu urbain, la création d’un erouv peut être longue et coûteuse, car elle implique parfois des aménagements physiques, sous réserve d’obtenir les permis nécessaires.
À Amsterdam, la création d’un nouvel erouv, il y a 15 ans, a coûté plus de 30 000 dollars et occasionné des mois de travaux, pour faire installer des barrières rétractables sur certaines routes. (Ces barrières ne sont jamais déployées : elles restent rangées dans des boîtes métalliques installées avec l’autorisation de la mairie et dont seuls les membres de la communauté ont les clés.)

Compte tenu de sa topographie, Hong Kong est naturellement doté d’un erouv, explique Oser au Times of Israel.
« Il n’a pas été nécessaire de faire de travail sur le terrain », dit-il.
L’erouv englobe la plupart des grands hôtels, la synagogue Ohel Leah et le centre communautaire juif tout proche, ainsi que le bâtiment où se trouve le Habad.
Le rabbin Oser a invité le rabbin Avner Cohen, qui a établi un erouv à Jérusalem et Moscou, à passer une semaine à Hong Kong et étudier la possibilité d’en créer un.
Cohen a conclu que c’était faisable.
Le rabbin Mordechai Avtzon, de Habad Chine, a obtenu le soutien de rabbins de Sydney, New York et Budapest, pour donner à cet erouv une légitimité internationale.

Les virages des routes principales situées à l’intérieur de l’erouv ont contribué à le créer, tout comme le fait qu’il se trouve sur une île reliée au continent par des tunnels et non des ponts, ajoute Oser.
Pour autant, l’erouv ne couvre que la partie nord-ouest de l’île de Hong Kong, avec ses étendues verdoyantes et ses zones résidentielles. La moitié nord et industrialisée de la ville, qui se trouve sur le continent face à la côte de l’île, se situe en dehors de l’erouv, comme la majeure partie de l’île.

Suite à la pandémie de COVID-19, des centaines de Juifs ont quitté la ville, souligne Fischer.
Mais Hong Kong a toujours l’une des communautés juives les plus dynamiques d’Extrême-Orient, avec un rabbin à plein temps et un assistant, des écoles juives de la maternelle au lycée, « et de nombreuses conférences données par des Juifs venus d’ailleurs », conclut Fischer.
Avec cet erouv, « notre grande communauté profitera beaucoup plus de la vie ».
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