Horvilleur distingue les gilets jaunes des actes d’antisémitisme « marginaux »
"L'antisémitisme, ces dernières années, est toléré, justifié," déplore la femme rabbin du MJLF
Pour Delphine Horvilleur, rabbin du Mouvement Juif Libéral de France (MJLF), s’il « y a eu des dérapages antisémites en marge du mouvement des gilets jaunes, des manifestations pas complètements surprenantes (…) il ne faudrait pas ramener le mouvement à une problématique antisémite ».
Sur France Inter, elle dénonce par ailleurs le fait que « l’antisémitisme, ces dernières années est toléré, justifié : à Toulouse, par exemple, [lors de la tuerie aux abords d’une école juive] comment comprendre que des enfants assassinés n’aient pas mis la France dans la rue ? »
Plusieurs témoins rapportent la présence d’une poignée de groupuscules « nationalistes et d’extrême droite » au sein des gilets jaunes, selon le journal Libération.
Déjà le 17 novembre, le militant néo-nazi Hervé Ryssen avait été aperçu arborant un gilet jaune en marge d’une marche. On notait également la présence de Dieudonné, le polémiste jugé coupable à plusieurs reprises d’incitations à la haine et à la violence contre les Juifs.
.@rabbidelphineH , rabbin, sur le surgissement d'actes antisémites au sein du mouvement des #giletsjaunes : "L'#antisémitisme est une lecture simplifiée de l'histoire" #le79Inter pic.twitter.com/cD5N0fiNrx
— France Inter (@franceinter) January 4, 2019
Certains manifestants ont été filmés portant des pancartes et scandant des slogans décrivant le président français Emmanuel Macron comme une « pute des Juifs » et leur « marionnette ».
Ce genre de propos « sont apparus dès le début des manifestations et persistent encore », a expliqué Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), tout en ajoutant également que cela se produisait « en marge » des manifestations.
A noter que la France a connu une augmentation de 69 % des incidents antisémites en 2018 par rapport à l’année précédente.
Lors des manifestations parisiennes du 1er décembre, le quotidien Libération a ainsi repéré « aux abords de la place de l’Etoile Yvan Benedetti, ancien président du groupe ultranationaliste ‘L’œuvre française’, dissout en 2013 après la mort de Clément Méric. Place des Ternes, de nombreux graffitis du GUD (Groupe Union Défense), une organisation étudiante d’extrême droite, ont été réalisés sur les devantures de commerces et sur le mobilier urbain ».
L’Oeuvre française n’est pas seulement ultranationaliste, elle regroupe aussi des nostalgiques du maréchal Pétain et des antisémites. Ce groupe, très proche du Front National avant son changement de dénomination (Rassemblement National), se présente comme étant « à la pointe du combat nationaliste, de l’action anti-sioniste et anti-marxiste au sein de la nation française ».
Après la mort de l’activiste anti-fasciste Clément Méric, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé le 24 juillet 2013 la dissolution de l’organisation à l’issue du Conseil des ministres.
Il déclarait que l’Œuvre française est une « association qui propage une idéologie xénophobe et antisémite, des thèses racistes et négationnistes, qui exalte la collaboration et le régime de Vichy, et qui rend des hommages réguliers au Maréchal Pétain, à Brasillach ou à Maurras ».
Marianne signale également la présence d’Axel Lousteau conseiller régional du Rassemblement national (RN), proche de Marine Le Pen et ancien membre du GUD. L’hebdomadaire évoque aussi la présence de plusieurs formations d’extrême-gauche comme les Black Blocs.