Il y a 80 ans, la libération de la prison de Montluc – un « lieu de souffrance »
Depuis le 17 février 1943, près de 10 000 personnes ont été internées, Juifs, résistants, opposants politiques, réfractaires au Service du travail obligatoire (STO)
Un « lieu de souffrance » devenu un « espace mémoriel ».
Il y a 80 ans était libérée la prison de Montluc, un des centres de la répression allemande au sein de la ville de Lyon, où ont été détenus Jean Moulin et les enfants d’Izieu.
« C’est la première fois que nous commémorons sans rescapés : malheureusement beaucoup nous ont quitté, certains n’ont pas pu être présents aujourd’hui », trop fatigué par l’âge, a regretté auprès de l’AFP la directrice du mémorial de la prison, Aurélie Dessert, samedi en marge de la cérémonie d’hommages de la journée commémorative.
« C’est vraiment un temps où on se rassemble avec les associations, avec les familles des internés, qui sont aussi très mobilisées, et où on fait mémoire et souvenir tous ensemble », a-t-elle souligné.
La prison est libérée le 24 août 1944, sous pression de la Résistance, la Croix-Rouge et les autorités religieuses. Au cours de l’été, la population carcérale culmine dans l’établissement, lié à la Gestapo et son chef local Klaus Barbie.
La prison de Montluc est le premier territoire lyonnais libéré, quelques jours même avant la ville de Lyon, qui ne le sera que le 3 septembre.
Depuis le 17 février 1943, près de 10 000 personnes ont été internées, Juifs, résistants, opposants politiques, réfractaires au Service du travail obligatoire (STO)… Ainsi les résistants Jean Moulin et Marc Bloch, ou les 44 enfants d’Izieu, pour une nuit, avant d’être déportés et tués.
Plus d’un millier de détenus ont été fusillés, 6 000 déportés.
« Ici, mémoire de la Résistance et mémoire de la Shoah sont étroitement liées », a souligné Sylvie Tomac, adjointe à la mairie de Lyon, lors de la cérémonie.
La prison est devenue un mémorial en 2010, un des dix hauts lieux de la mémoire nationale. Emmanuel Macron s’y était rendu en mai 2023 afin de rendre hommage à la Résistance et à son chef Jean Moulin.
Klaus Barbie y a été incarcéré une semaine en février 1983, sur le lieu de ses crimes, à la demande du ministre de la Justice Robert Badinter.