Israël en guerre - Jour 396

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Israël a 30 jours pour résoudre la crise de l’aide à Gaza – US

Antony Blinken et Lloyd Austin ont dressé une série d'exigences, dont l'autorisation de faire entrer 350 camions par jour dans l'enclave et la garantie que le nord de Gaza ne soit pas "isolé"

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président américain Joe Biden, entouré du secrétaire d'État Antony Blinken (à gauche) et du secrétaire à la Défense Lloyd Austin (à droite), s'exprimant lors d'une réunion avec les membres de son cabinet, dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche, le 20 septembre 2024. (Crédit : Manuel Balce Ceneta/AP)
Le président américain Joe Biden, entouré du secrétaire d'État Antony Blinken (à gauche) et du secrétaire à la Défense Lloyd Austin (à droite), s'exprimant lors d'une réunion avec les membres de son cabinet, dans la salle du Cabinet de la Maison Blanche, le 20 septembre 2024. (Crédit : Manuel Balce Ceneta/AP)

La Maison Blanche a averti Israël qu’il avait un mois pour apporter des améliorations significatives à la situation humanitaire dans la bande de Gaza, sous peine de compromettre la poursuite de l’approvisionnement en armes américaines, notant que l’aide humanitaire entrant dans la bande avait grandement chuté ces derniers mois.

Dans une lettre adressée dimanche au ministre de la Défense Yoav Gallant et au ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, consultée mardi par le Times of Israel, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin déplorent que les derniers mois aient été marqués par une détérioration significative de la quantité d’aide entrant dans la bande de Gaza.

Les hauts fonctionnaires américains ont déclaré que cette évolution remettait en question l’engagement d’Israël à ne pas restreindre l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza et à utiliser les armes américaines conformément au droit international.

Cet engagement écrit a été pris en mars dernier afin de garantir le respect par Israël d’un mémorandum sur la sécurité nationale (NSM) publié par le président américain Joe Biden en février. Ce mémorandum s’applique à tous les bénéficiaires de l’aide américaine à la sécurité.

La lettre a été envoyée quelques semaines seulement avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, mais l’échéance du 13 novembre devrait ostensiblement atténuer certaines des retombées politiques, étant donné que Biden fera office de « figurant » lorsqu’il décidera si Israël a pris les mesures nécessaires pour se conformer au NSM.

Un fonctionnaire israélien à Washington a déclaré par la suite au Times of Israel que Jérusalem était en train d’examiner ce dernier point. « Israël prend cette question au sérieux et a l’intention de répondre aux préoccupations soulevées dans cette lettre avec nos homologues américains », a expliqué le fonctionnaire.

Un homme portant un paquet d’aide humanitaire fourni par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), dans le centre de la ville de Gaza, le 27 août 2024. (Crédit : Omar Al-Qattaa/AFP)

Bien qu’Israël ait mis en œuvre une série de dispositions visant à améliorer le flux d’aide à Gaza après avoir promis de le faire au printemps, « la quantité d’aide livrée a [depuis] chuté de plus de 50 % », ont écrit Blinken et Austin, ajoutant que la quantité d’aide entrée à Gaza en septembre était la plus faible de tous les mois de l’année écoulée.

« Pour inverser la trajectoire humanitaire descendante et conformément aux assurances qu’il nous a données, Israël doit – dès maintenant et dans les 30 jours – prendre les mesures concrètes suivantes », ont-ils écrit.

« L’incapacité à démontrer un engagement durable à mettre en œuvre et à maintenir ces mesures peut avoir des implications pour la politique américaine dans le cadre du NSM-20 et de la législation américaine pertinente », indique la lettre.

Le NSM de février exigeait des bénéficiaires de l’aide américaine à la sécurité qu’ils fournissent l’assurance qu’ils ne l’utiliseraient pas pour violer les droits de l’homme ou restreindre l’aide humanitaire dans les zones où les armes américaines sont utilisées.

En cas de non-respect des conditions énoncées dans la note, l’administration se mettrait en infraction avec la législation américaine, ce qui compromettrait la poursuite des livraisons d’armes offensives au pays en question.

La note ne cite aucun pays en particulier, mais elle a été publiée alors que les législateurs progressistes américains demandent de plus en plus souvent que l’aide à Israël soit soumise à des conditions, en raison des inquiétudes suscitées par les opérations militaires de ce pays contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza. Celles-ci ont été déclenchées par le pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

La note demandait également à Blinken d’informer périodiquement le Congrès du respect des conditions par les bénéficiaires de l’aide.

En mai dernier, Blinken a fourni au Congrès la première de ces mises à jour, informant les législateurs qu’il était raisonnable d’estimer qu’Israël ait utilisé certaines armes fournies par les États-Unis d’une manière incompatible avec le droit international. Toutefois, le secrétaire d’État a noté que les assurances données par Israël quant au respect de la note étaient « crédibles » et qu’il n’y avait pas encore de preuves suffisantes qu’Israël eut violé ces engagements.

Le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, a confirmé l’existence de la lettre lors d’une réunion d’information plus tard dans la journée de mardi, mais a déclaré qu’il s’agissait d’une correspondance privée que Washington n’avait pas prévu de rendre publique, laissant entendre que des responsables israéliens étaient à l’origine de sa publication.

Les demandes de Blinken et de Austin portaient sur trois catégories : l’augmentation de l’aide humanitaire d’ici le début de l’hiver, la facilitation de l’acheminement de l’aide par la Jordanie et la fin de « l’isolement » du nord de la bande de Gaza.

En ce qui concerne la première catégorie, les deux membres du cabinet Biden ont déclaré qu’Israël devait permettre l’entrée d’au moins 350 camions d’aide dans la bande de Gaza chaque jour par les quatre principaux points de passage contrôlés par l’armée israélienne.

Blinken et Austin ont également insisté sur la nécessité d’instaurer des trêves « adéquates » dans les combats menés par Tsahal afin de permettre les opérations humanitaires et de permettre aux Palestiniens de la zone humanitaire côtière de Mawasi de se déplacer vers l’intérieur des terres avant l’hiver. Ils ont noté que « de multiples ordres d’évacuation ont forcé 1,7 million de personnes » à se réfugier dans la région.

En ce qui concerne l’aide en provenance de Jordanie, les États-Unis ont insisté sur le rétablissement d’un minimum de 50 à 100 camions commerciaux par jour, après que ce nombre a chuté de manière significative au cours des derniers mois.

En ce qui concerne le nord de la bande de Gaza, les deux collaborateurs de Biden ont demandé à Israël de préciser qu’il n’existe aucune politique gouvernementale visant à évacuer de force les civils de cette partie de la bande de Gaza et de veiller à ce que les groupes d’aide continuent d’avoir accès à la zone.

Au début du mois, Tsahal a émis des ordres d’évacuation pour la ville de Jabaliya, dans le nord du pays, et les zones environnantes, afin d’empêcher la résurgence du Hamas. Ces opérations ont alarmé les agences humanitaires et les gouvernements étrangers, qui craignent qu’Israël n’adopte une politique recommandée par plusieurs anciens généraux israéliens, selon laquelle le nord de Gaza devrait être débarrassé des civils et les terroristes restants devraient être assiégés jusqu’à ce qu’ils se rendent.

Israël a nié vouloir mettre en œuvre cette politique. Il rejette également les accusations d’entrave à l’acheminement de l’aide.

Sigrid Kaag, coordinatrice principale de l’ONU pour l’action humanitaire et la reconstruction à Gaza, visitant un camp de fortune pour les Palestiniens déplacés à Mawasi Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 octobre 2024. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT), l’organe militaire israélien qui supervise la distribution de l’aide à Gaza, a publié sur les réseaux sociaux au cours du week-end que cinq boulangeries produisent actuellement 1,3 million de pitot par jour dans le nord de la bande de Gaza.

Dans la fin de leur lettre, Blinken et Austin ont exprimé leur préoccupation au sujet du projet de loi récemment avancé à la Knesset visant à interdire à l’Office (très) controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’opérer en Israël.

Ils ont déclaré qu’ils reconnaissaient les préoccupations d’Israël concernant les liens de certains employés de l’UNRWA avec le Hamas et leur implication dans les massacres du 7 octobre, et que le groupe terroriste palestinien « utilisait à mauvais escient » les installations de l’agence onusienne.

Toutefois, « l’adoption de telles restrictions aurait pour effet de dévaster la réponse humanitaire à Gaza en ce moment critique et de priver des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est de services scolaires et sociaux cruciaux, ce qui pourrait avoir des conséquences au regard de la législation et de la politique américaines en la matière ».

Dans le cadre d’une loi adoptée plus tôt cette année, les États-Unis ne peuvent plus financer l’UNRWA jusqu’en mars 2025, bien que la Maison Blanche ait déclaré le mois dernier qu’elle soutenait le rétablissement de cette aide « avec des garanties appropriées ».

Les deux hommes ont également pris note d’information faisant état d’abus à l’encontre de Palestiniens détenus pour terrorisme et ont demandé instamment que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse leur rendre visite.

Blinken et Austin ont conclu la lettre en soulignant la nécessité d’établir un nouveau canal par lequel les États-Unis et Israël peuvent discuter des « incidents de dommages civils ».

Des soldats de l’armée israélienne en opération dans la bande de Gaza, une photo publiée le 15 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Nos engagements à ce jour n’ont pas produit les résultats nécessaires. Nous demandons que la première réunion virtuelle de ce canal se tienne avant la fin du mois d’octobre », ont-ils écrit.

Le mois suivant la publication du mémorandum, les États-Unis ont estimé qu’Israël respectait leurs critères.

La semaine dernière, Miller a déclaré lors d’un point de presse que l’idée avait toujours été celle d’une « évaluation continue » et que, bien que l’administration n’ait pas conclu qu’Israël bloquait l’acheminement de l’aide, « il est urgent qu’ils [Israël] corrigent la situation et permettent à l’aide humanitaire d’entrer ».

Toutefois, les responsables américains ont plus récemment tiré la sonnette d’alarme concernant la crise humanitaire croissante dans le nord de la bande de Gaza, alors que le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) signalait il y a quelques jours qu’aucune aide n’était entrée dans cette partie de la bande de Gaza depuis près de deux semaines. Une aide limitée a depuis été renouvelée.

Lors d’un appel téléphonique dimanche entre Gallant et Austin, le secrétaire américain à la Défense « a évoqué la situation humanitaire désastreuse à Gaza et a souligné que des mesures devaient être prises pour y remédier », selon un communiqué du Pentagone.

Le même jour, Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis et candidate à l’élection présidentielle, a appelé Israël à faire davantage pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza.

« Les civils doivent être protégés et avoir accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments. Le droit international humanitaire doit être respecté », a-t-elle écrit sur son compte du réseau social X.

En réponse à la lettre de Blinken et Austin, le groupe de lobbying pro-Israël AIPAC a critiqué l’administration Biden pour avoir averti que l’aide militaire américaine pourrait être limitée si Israël ne mettait pas en œuvre ses demandes.

« Menacer de couper le soutien américain à Israël, qui affronte l’Iran et ses mandataires sur sept fronts, affaiblit notre allié, sape les intérêts américains et envoie un message dangereux à nos ennemis communs quant au soutien américain à nos alliés démocratiques », a écrit l’AIPAC sur X, affirmant qu’Israël a pris des mesures pour faire face à la crise dans des conditions difficiles.

L’administration Biden a retenu la livraison d’une cargaison de bombes lourdes à Israël, craignant qu’elles ne soient utilisées dans des zones densément peuplées.

Israël a ensuite adapté ses opérations pour tenir compte des craintes de l’administration concernant les pertes civiles massives et les deux alliés se sont efforcés d’aplanir leurs divergences.

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