Israël ne nourrit plus les pélicans migrateurs pour lutter contre la grippe aviaire
Après une propagation de la maladie chez les oiseaux sauvages, l'année dernière, Israël estime que les programmes d'alimentation qui les ont attirés font partie du problème
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
L’Autorité israélienne de la nature et des parcs a décidé de stopper son programme d’alimentation en direction des pélicans migrateurs, dans le nord du pays, avec pour objectif de réduire la propagation de la grippe aviaire qui décime les volées d’oiseaux.
Au mois de décembre 2021, une recrudescence de la grippe aviaire dans l’industrie de l’élevage de volailles s’était aussi répandue chez les oiseaux sauvages, ce qui avait été une première.
Parmi les victimes de l’épidémie, environ 500 pélicans qui étaient arrivés vers la fin de la saison des migrations et qui s’étaient arrêtés dans le secteur de Beit Shean, au sud du lac de Tibériade.
Les autorités pensent que les programmes d’alimentation mis en place pour conserver les pélicans et les autres oiseaux à l’écart des champs agricoles et des bassins de pisciculture privilégient la concentration des volées, ce qui facilite la propagation de la maladie.
Les experts ont par ailleurs indiqué ne pas comprendre encore clairement la manière dont la grippe aviaire se répand aussi rapidement parmi les oiseaux sauvages.
Les pélicans font leur migration via Israël chaque été pour se rendre en Afrique, où ils passent l’hiver. Ils commencent généralement à arriver au milieu du mois d’août.
Ils ne restent pas longtemps, s’envolant vers le désert du Sinaï et descendant le Nil pour atteindre leur destination hivernale.
Cette année, l’Autorité israélienne de la nature et des parcs a cessé de les alimenter dans la vallée de Hula, dans le nord d’Israël, là où la majorité des bassins de pisciculture ont fermé. Les pélicans qui se rendront dans la vallée pourront encore trouver du poisson, mais il ne sera pas fourni par la main humaine.
L’organisation continue à fournir du poisson dans plusieurs plans d’eau du secteur de Sharon, dans le centre du pays, non seulement parce que l’industrie est encore substantielle dans la région mais aussi parce que les oiseaux ne repartiront qu’une fois le ventre plein. C’est leur dernière étape alimentaire avant leur entrée dans le désert du Neguev.
« Entre la mi-août et vendredi dernier, 26 000 pélicans sont entrés en Israël et 22 000 sont partis sur un total attendu de 50 000 oiseaux », a commenté auprès du Times of Israel Amit Dolev, écologue pour le nord du pays au sein de l’Autorité. Les autres traverseront l’État juif au mois d’octobre et au mois de novembre.
« Nous effectuons des contrôles constants et jusqu’à présent, nous n’avons pas vu de pélicans morts ni d’éléments laissant penser à la présence de la grippe aviaire », a-t-il continué.
Le principe, pour tous ces oiseaux sauvages, doit être de limiter autant que possible la distribution artificielle d’alimentation pour éviter la concentration des volées dans un secteur particulier, a-t-il continué.
Il s’est néanmoins refusé à dire s’il y aurait des changements dans les programmes d’alimentation de l’Autorité concernant les grues, affirmant que le problème était plus complexe.
Les grues avaient été les principales victimes de l’épidémie, l’année dernière. Une grue sur cinq était morte de la maladie, selon les estimations, et en particulier dans la réserve du Lac Hula et dans ses environs, dans la vallée de Hula, précisément là où les oiseaux étaient nourris.
Entre 80 000 et 90 000 grues traversent Israël, arrivant à un rythme de plus en plus fréquent dès le mois d’octobre. Environ 30 000 à 40 000 grues passent l’hiver dans le pays, ne le quittant qu’à partir du début du mois de mars et à la mi-mars.
Plusieurs instances sont impliquées dans les discussions portant sur le maintien des programmes d’alimentation et notamment le ministère de l’Agriculture.
Les grues empruntent trois itinéraires – celui le plus à l’Est s’étend de la Scandinavie à la Russie, à l’Ouest des montages de l’Oural ; il traverse la Turquie et Israël avant de continuer vers le Nord-Est de l’Afrique, l’Éthiopie et le Soudan.
Avec des déserts vastes à l’Est et la mer méditerranée à l’Ouest, Israël est une voie migratoire déterminante pour des centaines de millions d’oiseaux qui se déplacent entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique à l’automne et au printemps – notamment pour les passereaux, pour les échassiers et pour les oiseaux de proie.
Plus d’un million de rapaces traversent le pays tous les ans, dont la majorité des éperviers à pieds courts et des aigles des steppes, une espèce en péril, ainsi que des centaines de milliers de bondrées apivores et de buses variables.
Selon Ohad Hatzofe, écologue au sein de l’Autorité de la nature et des parcs d’Israël, environ 550 espèces ont été enregistrées dans le pays – une richesse qui est plus caractéristique des tropiques, sur la base d’un calcul par kilomètre. Sur ce chiffre, environ 120 ou 130 vivent sur le territoire toute l’année ou viennent y nicher.