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Israël pionnier de la technologie dans la lutte contre le virus Ebola

Le tabac serait la clé pour traiter cette maladie atroce – et CollPlant en connaît un rayon sur les « traitements au tabac »

David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.

Une serre de tomates de l'entreprise CollPlant qui sert à "produire" du collagène humain (Crédit : Autorisation)
Une serre de tomates de l'entreprise CollPlant qui sert à "produire" du collagène humain (Crédit : Autorisation)

Les scientifiques du monde entier qui se démènent pour trouver un traitement contre le virus Ebola se tournent vers les plantes de tabac qui permettraient de synthétiser les anticorps du vaccin. Et cela signifie qu’ils vont probablement se tourner vers la compagnie israélienne CollPlant, une entreprise pionnière dans le développement de protéines recombinées grâce aux plantes de tabac.

Même si CollPlant n’est pas impliqué dans le développement de Zmapp, le « cocktail » synthétisé grâce au tabac développé par plusieurs compagnies américaines qui, pour le moment, est le seul traitement probable contre le virus Ebola, la compagnie israélienne en connaît un rayon sur la production de masse de cellules humaines dans les plantes de tabac, explique le Pr Oded Shosheyov, le fondateur et le directeur scientifique de CollPlant.

« Nous étions la première compagnie au monde à utiliser les plantes de tabac pour fabriquer à grande échelle de la protéine humaine, et les premiers à recevoir l’autorisation de l’UE de commercialiser du tabac avec des éléments humains synthétisés », a-t-il précisé lors d’une interview accordée au Times of Israel.

Zmapp, selon ses créateurs, Leaf bio de San Diego et Mapp Biopharmaceutical, assistés par Dreyfus Inc. de Toronto, le gouvernement américain et l’Agence de la santé publique du Canada, « est composé de trois anticorps monoclonaux humanisés fabriqués dans des plantes, la Nicotiana pour être plus précis. C’est un cocktail optimisé qui associe les meilleurs composants de trois anticorps ». Ces anticorps se lient aux protéines du virus Ebola, ce qui stimule le système immunitaire et détruit le virus.

Zmapp, toujours selon ses créateurs, a été considéré, pour la première fois, comme un traitement possible pour lutter contre le virus Ebola en janvier dernier. Il a été depuis utilisé pour traiter des victimes du virus avec des résultats mitigés. On l’a administré à une dizaine de patients, la plupart ont survécu. Même si les tests sur les animaux se sont avérés concluants, Zmapp n’a pas encore été cliniquement testé sur des êtres humains.

Cependant, Zmapp est la meilleure option pour traiter le virus Ebola, tout du moins pour le moment. Le problème est qu’il n’y a pas de doses suffisantes pour mener des essais cliniques – ou pour traiter les patients.

La production est entre les mains de la compagnie Kentucky Bioprocessing (KBP), qui utilise les plantes de tabac pour synthétiser Zmapp. On injecte dans les plantes de tabac le virus Ebola, lequel a été fusionné au préalable avec les gènes d’un virus naturel qui infecte le tabac. Les plantes de tabac répondent à cette attaque virale en produisant des anticorps pour lutter contre le virus. Ces anticorps sont ensuite extraits et injectés aux victimes d’Ebola.

CollPlant est le pionnier en matière de production de masse de matériaux humains issus de plantes de tabac. « Nous n’avons pas inventé cette méthode, nous sommes juste allés plus loin que les autres », explique Shoseyov. En ayant recours à la nanotechnologie, CollPlant produit du collagène humain extrait des plantes de tabac. C’est la meilleure manière de fabriquer cet élément essentiel pour la réparation des os et des articulations, comparé aux autres solutions qui existent – qui eux utilisent des matériaux extraits de vaches et de cochons pour produire du collagène artificiel.

Le collagène est un élément clé du corps, et joue un rôle important dans les régénérations des tissus conjonctifs et est utilisé par le corps pour réparer les os et les articulations fracturés.

Lorsque l’on met une attelle sur un os cassé et que les deux parties séparées se touchent à nouveau, le corps produit en général suffisamment de collagène pour engager le processus de réparation. Cependant, s’il manque une partie d’un os, le corps sera incapable de le remplacer ou de le réparer. Dans ces cas-là, du collagène artificiel est appliqué à l’endroit où l’os s’est brisé. On place une espèce d' »échafaudage » pour maintenir les différents éléments en place, permettant ainsi au corps de réparer l’os grâce au collagène injecté.

Le collagène artificiel provenant de porcs ou de vaches est une chose commune mais pas idéale. L’autre alternative est de prélever le collagène des dépouilles humaines. Le collagène prélevé sur des corps humains demeure le plus efficace, mais les prélèvements ne sont autorisés que sur les corps des donneurs, ainsi, les réserves sont limitées.

La solution de CollPlant permet de produire du véritable collagène humain – en fabriquant des matériaux qui peuvent être utilisés efficacement par le corps humain – sans dépendre des morts. CollPlant injecte du collagène humain dans les plantes de tabac qu’ils font pousser dans des serres à l’abri de la chaîne alimentaire.

Ces plantes génétiquement modifiées imitent la synthèse naturelle des protéines humaines et produisent du Procollagène, le précurseur naturel du collagène. Ce Procollagène est extrait des plantes et transformé en collagène artificiel grâce à une technologie développée par CollPlant.

« La tabac a une grande biomasse et pousse rapidement ; vous pouvez avoir une plante qui fait plus d’un mètre quatre-vingt de hauteur en moins de deux moins », indique le PDG de CollPlant, Tehiel Tal.

« Le processus de production est facile à contrôler grâce à notre technologie. Nous pouvons connaître la quantité de collagène qu’il y a dans les feuilles de nos plantes et pouvons ajuster sa puissance. Et les feuilles de tabac sont grandes, donc elles peuvent contenir beaucoup de collagène ».

CollPlant, qui est en activité depuis six ans environ, est aussi la compagnie la plus expérimentée du monde pour produire une grande quantité de matériaux humains complexes dans les plantes de tabac, indique Shoseyov.

« Il y a plusieurs compagnies, par exemple, qui développent la production d’insuline dans les plantes de tabac, mais l’insuline n’est juste qu’une protéine. Le collagène est élément beaucoup plus complexe. Pour le produire, vous devez synthétiser cinq gènes humains, ce qui est en soi une tâche difficile. Je ne connais pas beaucoup d’entreprises qui sachent le faire ».

De ce fait, CollPlant est prêt à porter assistance aux créateurs de Zmapp, ou à quiconque qui lui demanderait de l’aide pour le processus de production. Non pas qu’ils aient besoin d’aide, ajoute Shoseyov. « Nous les connaissons très bien, et ils savent ce qu’ils font. Nous sommes en contact avec eux régulièrement ; la communauté de chercheurs qui travaille dans ce domaine est très restreinte ».

L’expérience de CollPlant dans ce domaine sera probablement une ressource importante dans de nombreux traitements médicaux. La fabrication de collagène, d’anticorps, de protéine et d’autres composants humains grâce aux plantes – surtout les plantes de tabacs – est l’avenir, explique Shoseyov.

« Les investissements ont un sens, aussi bien dans le développement – en ‘amont’ – que dans les essais cliniques et la production – en ‘aval’ », explique-t-il.

« Actuellement, les industriels doivent mettre en place une salle blanche [pièce où la concentration particulaire est maîtrisée afin de minimiser l’introduction, la génération, la rétention de particules à l’intérieur, généralement dans un but spécifique industriel ou de recherche scientifique] avec toutes sortes de matériels et d’équipements, ce qui coûte près de 100 millions de dollars, pour pouvoir développer de nouveaux traitements. De plus, ces installations requièrent des autorisations et des permis gouvernementaux, de ce fait le processus entre le début de la recherche et la production peut prendre cinq ans. Installer une serre pour faire de la médecine expérimentale coûte à peu près un demi-million de dollars et est moins contrôlé par le gouvernement », précise-t-il.

« En outre, les chercheurs qui travaillent sur ces traitements n’ont pas besoin d’être aussi rigoureux dans les processus pour empêcher les contaminations par bactérie ou virus – les plantes ne sont pas sensibles aux pathologies humaines. Le processus de recherche est plus facile, les chercheurs se concentrent plus sur la résolution des problèmes. Beaucoup de chercheurs et de compagnies s’intéressent de plus en plus à cette méthode pour développer de nouveaux traitements en tout genre, et cela, j’en suis persuadé, va servir à tout le monde », ajoute Shoseyov.

S’il y a un conseil que Shoseyov donnerait aux créateurs de Zmapp, ce serait celui-ci : « Faites-le. Les méthodes de productions sont aussi simples que de faire pousser des tomates ou de la laitue – et le monde n’attend que ça [un traitement contre le virus Ebola] ».

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