Israël se dit inquiet de voir le Soudan se rapprocher de l’Iran – média
Partenaire des Accords d'Abraham mais en pleine guerre civile, une source proche d'Abdel Fattah al-Burhan a reconnu que "pour le bien des intérêts du Soudan, nous aurions même conclu un pacte avec le diable"

Israël s’inquiète de voir le Soudan, partenaire des Accords d’Abraham, se rapprocher de l’Iran, alors qu’il cherche de l’aide pour faire face à la guerre civile qui secoue le pays depuis 2023, a rapporté lundi la chaîne publique Kann.
En juillet 2024, le chef militaire soudanais Abdel Fattah al-Burhan a renoué des relations diplomatiques avec l’Iran, relations qui avaient été rompues en 2016. Depuis lors, a rapporté Kann, al-Burhan a reçu une aide militaire de Téhéran alors que ses forces combattent les Forces de soutien rapide (FSR).
Selon le reportage, Burhan s’est tourné vers l’Iran après avoir été de plus en plus déçu par l’incapacité d’Israël à lui venir en aide militairement, comme cela avait été envisagé.
Bien que Burhan ne cherchait pas spécifiquement l’aide de Téhéran, une source proche du dirigeant soudanais a déclaré à Kann que « le Soudan est contraint de coopérer avec toute partie intéressée à lui fournir des armes ».
« Il existe actuellement une grande opportunité pour quiconque souhaite aider le Soudan, publiquement et confidentiellement » a déclaré la source, ajoutant que le pays nord-africain aurait dû recevoir une telle aide d’Israël, car cela aurait pu conduire à « une véritable avancée dans les relations ».
Mais l’aide de Jérusalem ne s’étant jamais concrétisée, la source a expliqué que le Soudan « s’est retrouvé sans assistance et s’est tourné vers l’Iran, qui a saisi l’occasion après que les alliés du Soudan l’ont abandonné ».
« Pour le bien des intérêts du Soudan, nous aurions même conclu un pacte avec le diable », a ajouté la source.
Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d’une guerre entre les FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, et l’armée menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays.
Il a fait des dizaines de milliers de morts, jeté sur les routes plus de 12 millions de personnes et créé une pénurie alimentaire qui se traduit par une famine dans plusieurs régions.
Les FSR et leurs alliés ont signé en février au Kenya une charte déclarant la formation d’un « gouvernement de paix et d’unité » dans les zones sous leur contrôle.
Cette décision a suscité de vives critiques, notamment de la part du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a averti que la formation d’un gouvernement parallèle « aggraverait encore la fragmentation du Soudan ».
L’Arabie saoudite, qui avait auparavant servi de médiateur dans les négociations de cessez-le-feu entre les belligérants, a également rejeté la décision des FSR, tout comme d’autres pays du Golfe, dont le Koweït et le Qatar.
Les Émirats arabes unis, accusés à plusieurs reprises de fournir des armes aux FSR – allégations qu’ils ont démenties – n’ont pas encore fait de commentaires.
L’ONU a lancé en février un appel de six milliards de dollars afin de fournir une assistance cruciale à près de 26 millions de personnes au total.