Israël veut que les sociétés étrangères fabriquent sur place
Plus de 300 multinationales possèdent déjà des centres de R&D en Israël, mais le pays veut attirer les industries de fabrication avancée
L’état hébreu veut que les multinationales opérant dans le pays fassent plus qu’investir dans la recherche et le développement ou que d’acquérir des technologies et des entreprises israéliennes. Israël souhaite qu’elles étendent leurs activités à la fabrication avancée et à d’autres domaines.
« Nous voulons faire d’Israël le meilleur environnement commercial, avec moins de réglementations et moins de bureaucratie, de sorte que le processus d’investissement soit plus souple », a déclaré Ziva Eger, le responsable du groupe Invest in Israël du ministère de l’Economie et de l’Industrie, qui veut devenir un guichet unique pour les investisseurs étrangers en Israël.
L’idée est de « donner le sentiment aux entreprises multinationales que cela vaut la peine de créer leur entreprise ici, non seulement pour les activités de recherche et de développement, mais aussi pour la fabrication ».
Le ministère a annoncé mercredi la mise en place d’un centre de services pour les investisseurs, qui vise à devenir un service pour répondre aux problèmes que rencontrent les sociétés étrangères lorsqu’ils mettent en place leurs opérations en Israël.
« Nous avons des voies directes » avec les régulateurs, les autorités fiscales et les responsables des visas, et à l’accès aux subventions, a déclaré Eyal Eliezer, directeur de la stratégie pour Invest in Israël, mis en place il y a deux ans dans le but d’attirer des investissements des multinationales dans la Startup Nation.
Dans le rapport annuel d’« Ease of Doing Business » pour l’année civile 2017, Israël a été placé dans le classement général à la 52ème place dans le classement de l’endroit le plus simple pour faire des affaires. Il s’en sort un peu moins bien que son classement en 2016 où il était placé à la 49ème place, sur un total de 190 économies.
Les entreprises multinationales contribuent à l’économie locale en apportant des investissements et des emplois dans le pays, en aidant à diversifier les risques, en apportant de nouvelles connaissances, en termes de technologies et de compétences de gestion, et en permettant d’ouvrir le marché israélien au monde. Une fois qu’une entreprise locale devient le fournisseur d’une société multinationale, c’est une sorte de cachet d’approbation en ce qui concerne la qualité, explique Eliezer.
Invest in Israel a organisé mercredi sa première conférence annuelle MNC Invest in Israel, programmée dans le cadre du festival DLD Innovation Festival, où quelque 10 000 visiteurs ont participé à des événements technologiques à Tel Aviv, selon les organisateurs de DLD.
Lors de la conférence, le ministre de l’Economie, Eli Cohen, a déclaré que si, par le passé, les multinationales avaient snobé Israël par crainte d’un boycott arabe, aujourd’hui, « Israël est un atout et non un fardeau. Le boycott aujourd’hui n’est plus pertinent », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’attend à ce que les exportations israéliennes en 2017 atteignent 100 les milliards de dollars.
« Israël est en fait le centre de recherche et développement du monde », a-t-il insisté face à un public composé de 400 chefs d’entreprise du monde qui ont participé à l’événement. On ne pouvait participer à l’événement que sur invitation uniquement. Les conférenciers comprenaient le président du DLD, Yossi Vardi, et le directeur des technologies d’Amazon Werner Vogels, ainsi que les cadres de Mercedes-Benz, Phillips, IBM et Flex.
« Amazon s’est installé en Israël en raison du talent », a déclaré Vogels d’Amazon lors de la conférence. Amazon dispose d’un centre local de recherche et développement. « Tout ce que nous faisons ici est motivé par le talent local. Ils travaillent avec une mentalité ‘internationale’ et sont très bien connectés et disciplinés grâce à leur service militaire. »
La sécurité, a-t-il ajouté, est la préoccupation numéro un d’Amazon. « Israël a le talent et les systèmes pour relever ce défi, mais c’est une cible en mouvement, donc nous devons continuer à investir ici pour mieux nous améliorer », a-t-il expliqué.
Les ingénieurs israéliens sont connus pour leur capacité à « travailler plus intelligemment, plutôt que de travailler dur », a souligné Vogels. Mais les jeunes ne doivent pas récolter toute la gloire, a-t-il laissé entendre.
« Les gens croient à tort que ce ne sont que les jeunes qui sont le moteur de l’innovation, mais ce sont vraiment les mentors les plus mûrs et les plus expérimentés, comme Yossi Vardi, ici en Israël, qui en sont le moteur derrière [l’innovation]».
Vardi, âgé de 75 ans, est l’un des premiers entrepreneurs dans la haute technologie d’Israël.
Il existe déjà plus de 300 multinationales qui opèrent déjà en Israël, dont Google, Facebook, IBM et Amazon. La plupart d’entre eux ont mis en place des centres de recherche et développement mais quelque 80 d’entre eux, comme Flex et Intel, par exemple, disposent également de centres de fabrication locales.
Les sociétés étrangères s’arrachent également les entreprises israéliennes et leurs technologies, avec des accords importants cette année, y compris la vente de la société spécialisée en technologie automobile Mobileye à Intel Corp. pour 15,3 milliards de dollars et la vente de la société pharmaceutique NeuroDerm pour 1,1 milliard de dollars en juillet.
L’intérêt qu’éveille Israël chez les multinationales est en croissance, explique Eger, avec des délégations de Chine et d’Inde s’ajoutant à l’intérêt déjà élevé que montrent les États-Unis et l’Europe.
« Tout le monde sait qu’Israël est un chef de file mondial dans le domaine de l’investissement en recherche et développement avec des talents de calibre mondial, mais il offre également des capacités de fabrication avancées et sophistiquées — qui, ensemble, créent une formule idéale pour la réussite commerciale », a déclaré Vardi lors de l’événement.
Philips est actif en Israël depuis 2001, depuis qu’il a acquis les opérations de Marconi Medical Systems Israel Ltd. et exploite à la fois un centre de recherche et développement, un incubateur et un centre de production à Haïfa.
« Israël est l’un des centres de recherche et développement dont nous disposons à l’échelle mondiale et il est très important pour le développement du diagnostique par imagerie et des logiciels », a déclaré Stefano Folli, le PDG de Philips Italie, Israël et Grèce en marge de la conférence. « Il est très facile de trouver de bons talents locaux ».
Les entrepreneurs, les investisseurs, les étudiants vont tous se presser dans l’ancienne gare dans le sud de Tel Aviv mercredi dans le cadre des événements organisés par DLD Innovation au cours des prochains jours, avec des conférences, des rencontres et des activités mettant en vedette les start-ups, aussi bien pendant la journée que la nuit.
Les participants ont pu également participer à une session sur l’intelligence artificielle organisée par Google, au cours de laquelle les dernières évolutions dans le domaine ont été présentées et où des prototypes ont été exposés.
Ruchir Patel, vice-président du développement commercial d’Ahmedabad de la société Krish Compusoft Services (KCS), basée en Inde, était l’une des nombreuses entreprises qui avaient un stand pendant l’événement. Sa société fournit des services pour développer des logiciels aux entreprises israéliennes et l’entreprise cherche à étendre son réseau de clients localement. « Lorsque les entreprises israéliennes veulent augmenter leur taille, elles peuvent utiliser les ressources indiennes », a-t-il déclaré. DLD « est fantastique », a-t-il ajouté. « Nous avons eu une excellente réponse. »
Cinq étudiants de l’université de New York ont posé pour une photo sur l’une des statues en forme de Lego exposées à l’événement. « Nous sommes ici pour observer la nation Startup », a déclaré Louis Demetroulakos, 20 ans, l’un des étudiants. Ils sont en Israël pour un semestre dans le cadre des études sur l’innovation et les nouvelles technologies.
« Nous avons le sentiment que nous progressons dans le futur », a-t-il déclaré.