Israël en guerre - Jour 492

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Jamais de « réelle réconciliation » entre Israël et la Jordanie – Netanyahu

Le Premier ministre dit que la paix avec les Etats arabes s'appuie sur la force et la dissuasion, racontant comment, en 2012, il a fait retirer les tanks égyptiens dans le Sinaï

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu durant une conférence marquant le 25è anniversaire du traité de paix entre Israël et la Jordanie à la Knesset, le 11 novembre 2019 (Crédit : Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu durant une conférence marquant le 25è anniversaire du traité de paix entre Israël et la Jordanie à la Knesset, le 11 novembre 2019 (Crédit : Flash90)

Ce sont la puissance militaire et le pouvoir diplomatique israéliens – et non une véritable amitié entre les peuples – qui sont à la base des accords de paix conclus par Jérusalem avec ses voisins arabes, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lundi, lors d’une conférence marquant le 25e anniversaire depuis la signature du pacte de paix avec la Jordanie.

Il a révélé, en l’espèce, comment il était rapidement parvenu en 2012 à obtenir le retrait des tanks égyptiens de la péninsule du Sinaï qu’avait déployés le président d’alors, Mohammed Morsi, peu après être arrivé au pouvoir.

« Quand Morsi a pris le pouvoir, la première action ou presque qu’il a entreprise a été de placer des dizaines de tanks dans le Sinaï, une violation claire de l’accord de paix conclu entre l’Egypte et Israël », a dit Netanyahu.

Le traité conclu au mois de mars 1979 stipulait très exactement le nombre de tanks égyptiens autorisés à stationner dans le Sinaï.

« Vous n’avez jamais entendu ça auparavant, mais j’ai envoyé un message à Morsi et je lui ai dit : ‘Vous avez très exactement sept jours pour les retirer’, » a narré Netanyahu. « J’ai ajouté : ‘Si vous ne les retirez pas, je ferai en sorte que le Congrès américain cesse de vous verser votre aide militaire’. Et il les a retirés ».

Depuis l’accord de paix signé entre l’Etat juif et l’Egypte, qui a été négocié par le président américain Jimmy Carter, Washington a fourni des dizaines de milliards de dollars aux forces armées égyptiennes.

« Plus nous serons forts, plus nous ferons la démonstration de notre force, plus ils se tiendront à nos côtés », a dit Netanyahu. « Même les régimes comme celui de Morsi sont obligés de respecter les accords de paix qu’ils ont passés avec nous à cause de notre force – dans ce cas, il ne s’agit pas de puissance militaire mais de pouvoir diplomatique ».

Morsi, membre des Frères musulmans, a été président de l’Egypte à partir du mois de juin 2012 jusqu’à sa destitution par Abdel-Fattah el-Sissi, qui est aujourd’hui encore au pouvoir, lors d’un coup d’Etat militaire, une année plus tard. Il est mort en 2019.

Le président égyptien Mohammed Morsi signe la constitution appuyée par les islamistes en Egypte, au mois de décembre 2012 (Crédit : AP/Egyptian Presidency)

Interrogé sur la froideur de la paix avec la Jordanie et sur la raison pour laquelle ses gouvernements consécutifs ont échoué, au cours de la dernière décennie, à améliorer les liens avec ce pays voisin, Netanyahu a répondu que les traités de paix israéliens étaient tous basés sur la dissuasion militaire et non sur l’entente entre les peuples.

Comme le Caire, Amman n’a accepté de signer un accord de paix avec Israël qu’après avoir réalisé qu’il n’était pas possible de vaincre l’Etat juif et qu’il y avait beaucoup à gagner en évitant les guerres contre Israël, a-t-il continué.

« Il n’y a pas eu de réconciliation réelle », a dit Netanyahu en évoquant la Jordanie.

La principale raison expliquant l’état actuel de froideur des relations bilatérales est principalement l’absence de progrès dans le processus de paix israélo-palestinien, a maintenu le Premier ministre. Pendant le week-end, la Jordanie a invoqué une annexe du traité de paix lui permettant de reprendre le contrôle d’enclaves frontalières qu’elle avait permis à Israël d’utiliser au cours des 25 dernières années.

Le roi de Jordanie Abdallah II, à droite, dans l’enclave de Baqura qui était précédemment louée par Israël, en compagnie du prince héritier Hussein et d’officiers militaires, le 11 novembre 2019 (Crédit : Yousef Allan/Jordanian Royal Court via AP)

En même temps, Netanyahu a souligné qu’il était important de préserver le traité de paix signé le 26 octobre 1994 par le roi Hussein de Jordanie et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin.

Elyakim Rubinstein (à l’extrême gauche) montre au Premier ministre Yitzhak Rabin où signer le traité de paix israélo-jordanien, alors que le président américain Bill Clinton protège ses yeux du soleil, et le Premier ministre jordanien Abdul-Salam Majali, (à droite), signe également le traité, au passage Wadi Araba, près de Eilat, Israël, le 26 octobre 1994. (AP Photo/Joe Marquette)

« Nous avons un intérêt flagrant à maintenir l’accord de paix parce que nous partageons notre plus grande frontière avec la Jordanie et également au vu de la courte distance qui sépare la frontière de la mer Méditerranée », a-t-il déclaré.

« Notre intérêt clair vis-à-vis du régime en Egypte et du régime en Jordanie, c’est l’importance de la stabilité en Jordanie, l’importance de la stabilité en Egypte et la stabilité des traités de paix – et d’empêcher tout coup d’Etat de la part des éléments islamistes ».

Il a continué : « D’un côté, il n’y a aucune raison de nous attaquer. Nous sommes forts : C’est la base. D’un autre côté, nous sommes également suffisamment forts pour empêcher d’éventuels coups d’Etat. Je le dis, et je le regrette, cette capacité à empêcher tout coup d’Etat est avant tout à la base de notre traité de paix ».

Les liens entre Israël et la Jordanie sont basés sur une « considération sobre et utilitaire des deux parties en faveur de la stabilité et de la sécurité et de l’interdépendance mutuelle de chacun », a continué Netanyahu.

« Nous sommes dans des territoires adjacents et c’est grâce à notre force que des éléments variés ne parviennent pas à faire un coup d’Etat », a-t-il dit, refusant de donner des détails sur la manière concrète dont les Israéliens aident les Jordaniens à dissuader toute prise de contrôle de leurs territoires.

Netanyahu a tenu ces propos vers la fin d’une conférence accueillie par la député Travailliste Merav Michaeli, qui préside le groupe, à la Knesset, chargé de la coopération régionale.

Ghassan Majali, nouvel ambassadeur de Jordanie en Israël (à gauche), s’entretient avec le président Rivlin dans sa résidence de Jérusalem, le 8 novembre 2018. (Yonatan Sindel/Flash90)

Dans ses paroles, Michali a souligné que la conférence était le seul événement à marquer la signature du traité de paix avec la Jordanie qui s’est tenu sous les auspices d’une institution gouvernementale. Comme les autres intervenants, elle a déploré le fait que l’ambassadeur en Jordanie, Ghassan Majali, n’était pas venu à la Knesset pour la conférence.

Aucun Jordanien n’a assisté à l’événement.

Les responsables israéliens continuent à saluer le traité dit de Wadi Araba comme étant un pilier de la stabilité régionale et le premier pas vers la conclusion future d’accords d’intérêts mutuels souscrits avec les autres Etats arabes.

Toutefois, le gouvernement de Jérusalem n’a pas organisé d’événements officiels pour célébrer cet anniversaire et la conférence de lundi a été organisée par un député de l’opposition.

Le ministre des Affaires étrangères Israel Katz, qui a pris la parole avant l’arrivée de Netanyahu, a déclaré qu’Israël avait cherché à mettre en place un événement conjoint pour commémorer la signature de son accord de paix avec la Jordanie mais que l’Etat juif s’était heurté au refus d’Amman.

« Avec toute la sensibilité diplomatique nécessaire, je dois dire qu’Israël a voulu organiser une cérémonie [avec la Jordanie]. Les Jordaniens nous ont dit que le gouvernement israélien avait oublié de demander qu’un événement soit organisé. Le gouvernement n’a pas oublié, il a demandé aux autorités jordaniennes mais rien n’a été fait », a dit Katz.

La raison expliquant le refus du royaume hachémite de célébrer un quart de siècle de paix est relative à la « réalité compliquée au sein de la Jordanie », a expliqué le ministre des Affaires étrangères, se référant à l’importante population palestinienne et au fait que les liens entretenus avec l’Etat juif restent profondément impopulaires là-bas.

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