Jonathan Pollard libre de quitter les Etats-Unis, Israël espère son retour
"Jonathan et Esther prévoient de rentrer chez eux en Israël aussitôt que cela sera possible d'un point de vue médical", a indiqué l'avocat Eliot Lauer
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué samedi la fin de l’interdiction de voyager de Jonathan Pollard, un juif américain emprisonné aux Etats-Unis en 1985 pour espionnage au profit de l’Etat hébreu.
Vendredi, le département américain de la Justice avait indiqué avoir levé les conditions imposées au moment de la libération de Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine âgé aujourd’hui de 66 ans.
« Le Premier ministre salue la levée des restrictions sur Jonathan Pollard » et espère qu’il arrivera « en Israël bientôt », selon un communiqué de son cabinet.
M. Pollard, qui avait plaidé coupable, avait été condamné en 1987 à la rétention à perpétuité pour avoir communiqué des documents américains secrets.
Après 30 ans en prison, il avait été libéré sur parole en novembre 2015 avec obligation de porter un bracelet électronique, de respecter un couvre-feu et interdiction de quitter le territoire américain pendant cinq ans supplémentaires, malgré les pressions israéliennes.
A l’issue de cette période, la Commission des probations, une agence du ministère de la Justice, a expliqué avoir examiné son dossier et « jugé que rien n’indiquait qu’il risquait de violer la loi ».
Elle a alors « ordonné de lever les conditions imposées à sa libération ».
Selon le communiqué israélien, M. Netanyahu s’était « engagé à obtenir la libération (de Jonathan Pollard) depuis plusieurs années » et a travaillé « sans relâche » pour le ramener en Israël.
Au milieu des années 1980, M. Pollard avait pris contact avec un colonel israélien à New-York et commencé à partager des secrets américains à l’Etat hébreu, en échange de dizaines de milliers de dollars.
Au total, Jonathan Pollard, a communiqué des milliers de documents américains. Son dossier a longtemps constitué une épine dans les relations entre Washington et Israël, allié stratégique en pleine guerre froide.
L’affaire s’était résorbée après la promesse d’Israël de mettre un terme à toutes ses activités d’espionnage sur le sol américain.
De hauts responsables du Pentagone ou de la CIA n’ont jamais pardonné à l’espion la masse d’informations classées secret-défense livrées contre de l’argent, et en pleine guerre froide, à l’allié stratégique israélien des Etats-Unis.
Selon des documents de la CIA déclassifiés, M. Pollard aurait aidé Israël à bombarder en 1985 le quartier général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), alors exilée en Tunisie, et à assassiner le numéro deux de l’OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988.
« Nous sommes ravis que notre client soit enfin libéré de toute restriction, et nous espérons le voir bientôt en Israël », ont indiqué dans un communiqué ses avocats, Eliot Lauer et Jacques Semmelman.
Ils n’ont pas confirmé s’il comptait quitter prochainement New York où il vit depuis 2015. Il est, selon eux, d’abord « heureux d’être enfin capable d’aider son épouse », souffrant d’une « forme agressive de cancer ».
M. Pollard a régulièrement exprimé son souhait d’aller s’installer en Israël, dont il a obtenu la nationalité en 1995 et où il est vu comme un héros national par une partie de la population.
Selon la radio publique israélienne, M. Pollard pourrait toutefois ne pas être en mesure de voyager dans l’immédiat car il ne possède pas de passeport.
Par ailleurs, il attendrait pour partir que sa femme Esther ait terminé sa chimiothérapie en cours.
« Jonathan et Esther prévoient de rentrer chez eux en Israël aussitôt que cela sera possible d’un point de vue médical », a indiqué Eliot Lauer.
« Toutes ces années, nous avons partagé la souffrance de Jonathan Pollard et ressenti une responsabilité et un engagement pour le faire libérer », a déclaré le président israélien Reuven Rivlin dans un communiqué en anglais.
Il sera accueilli après « de nombreuses années difficiles d’emprisonnement et de restrictions, pour une nouvelle vie en paix », a-t-il ajouté.