Jordanie : les islamistes arrivent en tête des partis aux législatives
Le bras politique des Frères musulmans a remporté 31 des 41 sièges réservés aux partis politiques (sur un total de 138) dans le futur Parlement qui jouit de pouvoirs limités
Le Front d’action islamique (FAI), bras politique des Frères musulmans et principal parti d’opposition en Jordanie, est arrivé mercredi en tête des formations politiques à l’issue d’élections législatives, sur fond d’économie morose et de guerre dans la bande de Gaza suite au pogrom du 7 octobre.
Le FAI a remporté 31 des 41 sièges réservés aux partis politiques (sur un total de 138) dans le futur Parlement qui jouit de pouvoirs limités, selon les résultats annoncés par la commission électorale.
La majorité est revenue comme à l’accoutumée à des responsables de tribus, des hommes d’affaires ou d’anciens militaires loyaux à la monarchie.
Les islamistes ne disposaient que de dix sièges sur 130 dans le Parlement sortant (contre 16 lors des législatives de 2016).
Ils avaient obtenu leur meilleur résultat lors des législatives de 1989, avec 22 sièges sur 80.
Le chef de la Commission électorale indépendante, Moussa Al-Maaytah, a déclaré lors d’une conférence de presse que le résultat du FAI illustrait « l’attachement de l’Etat jordanien au pluralisme politique (…) et à la participation de ses citoyens dans la prise de décision ».
Vingt-sept femmes siègeront dans ce Parlement à l’issue d’un scrutin marqué par une forte abstention.
« Sans précédent »
Oraib Rantawi, analyste et directeur du Centre d’études politiques d’al-Qods à Amman, s’est dit surpris par l’ « ampleur » du résultat obtenu par les islamistes.
« Les voix recueillies avoisinent le demi-million, un chiffre sans précédent pour le mouvement islamiste », a-t-il déclaré à l’AFP, alors que le pays compte 11,5 millions d’habitants.
La guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas a influencé selon lui le résultat des législatives dans le royaume où près de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne. Des manifestations réclament régulièrement l’annulation du traité de paix depuis le début de la guerre, déclenchée par le pogrom du 7 octobre par le Hamas.
« Nous sommes contents de ces résultats et de la confiance que le peuple jordanien nous a accordée. Ces élections marquent un pas important vers le développement de notre système politique », s’est félicité Wael al-Saqa, secrétaire général du FAI.
Il a promis de mobiliser les efforts pour soutenir Gaza et la cause palestinienne.
Deux jours avant les législatives, un Jordanien a tué trois vigiles israéliens à un poste-frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie, un attentat qui a été célébré à Amman.
Le royaume appelle à un cessez-le-feu à Gaza, où la guerre provoquée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre est entrée dans son 12e mois.
Voisine d’Israël et de la Cisjordanie, la Jordanie a connu un déclin du tourisme depuis le début de la guerre, un secteur qui représente environ 14 % de son Produit intérieur brut (PIB).
Mardi, environ 1,6 million de Jordaniens ont voté sur les 5,1 millions d’inscrits sur les listes électorales, selon la commission électorale.
Il s’agit des premières élections depuis l’adoption d’une nouvelle loi en janvier 2022 qui a augmenté le nombre de sièges au Parlement de 130 à 138, relevé le quota réservé aux femmes (de 15 à 18) et abaissé l’âge minimum des candidats.
Le Parlement jordanien est bicaméral. Outre les 138 députés qui seront élus, il compte 69 sénateurs désignés par le monarque. L’assemblée peut retirer sa confiance au gouvernement, approuver et promulguer des lois.