La 14e chaîne lie l’affiliation à la gauche à un risque accru d’être tué le 7 octobre
La chaîne conservatrice a suscité l'indignation en demandant si les villes de droite étaient plus sûres dans une émission consacrée à la question "Les positions politiques sauvent-elles des vies ?
La Quatorzième chaîne a suscité l’indignation mercredi lorsqu’elle a diffusé une émission sur la relation entre les tendances politiques et les victimes de l’assaut meurtrier du 7 octobre, avec notamment un graphique montrant que les partisans de la gauche avaient dix fois plus de chances d’avoir été assassinés ou kidnappés.
Les animateurs Shimon Riklin et Erel Segal ont présenté les images sous la légende : « Les positions politiques sauvent-elles des vies ? »
Ils ont interviewé le chercheur Liad Levi au sujet de son analyse sur l’attaque meurtrière du groupe terroriste palestinien du Hamas, qui a fait près de 1 200 morts et 252 otages, et le lien avec le vote des victimes.
Levi a indiqué qu’il avait examiné les habitudes de vote de 40 communautés dans un rayon de 10 kilomètres autour de Gaza et qu’il avait constaté un ratio de deux communautés de gauche (définies par 70 % ou plus des votes allant aux partis de gauche) pour chaque communauté de droite. Il n’a pas précisé quels partis avaient été considérés comme étant de gauche.
Sur la base de ces chiffres, Levi a établi un tableau du nombre de personnes tuées ou enlevées le 7 octobre, concluant qu’un habitant sur 35 des communautés ayant voté à gauche a été tué ou enlevé, contre seulement un habitant sur 335 des communautés ayant voté à droite. Les chiffres montrent qu’il y a eu dix fois plus de victimes à gauche qu’à droite.
« La question de cette recherche était de savoir si l’orientation politique d’une personne vivant dans le périmètre d’Otef Aza [c’est-à-dire les villes frontalières de Gaza] l’a sauvée, lui a causé du tort ou lui a conféré un avantage lors de l’attaque du 7 octobre », a expliqué Riklin.
« La plupart des personnes assassinées appartiennent à ce qui apparaît comme des communautés qui ont voté à gauche », a répondu Levi.
La distance entre les différentes communautés et la frontière de Gaza n’a pas d’incidence sur ce point, a-t-il déclaré.
Levi a également souligné que dans les communautés de droite où seules quelques personnes ont été assassinées, ces décès ont eu lieu lors de combats avec des terroristes. Selon lui, « les chiffres témoignent aussi de la ‘qualité de la mort’, le degré de cruauté des assassinats ».
Plus tard dans la même séquence, les personnes présentes dans le studio se sont demandées si les tendances politiques pouvaient avoir affecté l’efficacité des équipes de sécurité dans les communautés qui ont été attaquées, ou influencé la « connaissance de l’ennemi » au sein de ces communautés.
Le Forum des otages et des familles a réagi en se déclarant « choqué par le reportage diffusé […] sur la Quatorzième chaîne. Il est manipulateur, clivant, erroné et incite à la violence. »
« La tentative de présenter les citoyens d’Israël qui ont été massacrés, assassinés et kidnappés lors de la catastrophe d’octobre en fonction de leur appartenance politique est un acte répréhensible qui porte atteinte aux fondements de notre résilience nationale, aux familles des personnes assassinées et tombées au combat, et à la solidarité nationale vis-à-vis des otages », a déclaré le Forum dans un communiqué.
La condamnation des législateurs de l’opposition à la Knesset a été menée par le chef de l’opposition Yair Lapid, qui a écrit sur X que « j’ai vu des sondages dégoûtants et répugnants dans ma vie, mais celui-ci bat tous les records ».
Le chef d’Avoda, Yair Golan, a décrit la Quatorzième chaîne comme étant la « chaîne de propagande » du Premier ministre Benjamin Netanyahu et a écrit : « Il n’y a pas de limite ni de honte à la machine à empoisonner ».
La députée Yulia Malinovsky, du parti de droite Yisrael Beytenu, a écrit sur X que « séparer les otages et les personnes assassinées entre la gauche et la droite est le fond de l’égout et que la Quatorzième chaîne l’a atteint ».
Le journaliste Nadav Eyal a noté sur X que « la géographie, le plan du Hamas, la réponse de Tsahal et un millier d’autres paramètres sont des facteurs critiques » dans l’issue de l’attaque terroriste. Il a déclaré qu’il devrait être évident que la recherche était « médiocre, basse et mal conçue ».
Réagissant aux critiques, Segal a défendu son article, écrivant sur X « il ne s’agit pas d’un sondage ou d’une recherche de la Quatorzième chaîne. Nous avons interviewé le Dr Liad Levi, un physicien, qui a fait des recherches et trouvé des données statistiques claires qui valent la peine d’être examinées pour en tirer des leçons pour la prochaine fois. L’avenir ».
« Quiconque a lu ou lira le rapport verra qu’il a été sorti de son contexte », a-t-il ajouté.
Le matin du 7 octobre, le Hamas, à la tête de 3 000 terroristes, a déferlé sur Israël, traversant la frontière avec Gaza pour commettre des massacres dans le sud du pays. Ils ont envahi les communautés de la zone frontalière et les équipes de sécurité locales, composées d’habitants, ont riposté malgré leur énorme infériorité numérique. De nombreux membres des équipes de sécurité ont été tués au cours des combats ce jour-là.
Le soutien fervent de la Quatorzième chaîne à Netanyahu et à son gouvernement a conduit certains à qualifier le contenu de la chaîne de « propagande ».
La chaîne d’extrême-droite, qui appartient au milliardaire à la double nationalité russe et israélienne, Yitzhak Mirilashvili et est parfois comparée à Fox News aux États-Unis, a déjà été mêlée à une controverse.
En août 2023, l’un des présentateurs a été critiqué pour avoir exprimé sa sympathie à l’égard de Yigal Amir, l’assassin emprisonné de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin. Un mois plus tôt, un panéliste de la chaîne avait appelé à la libération d’Amir.
La Quatorzième chaîne a été créée sous le nom de la Vingtième chaîne en 2014, après avoir remporté un appel d’offres gouvernemental pour la création d’une « chaîne du patrimoine juif ». Il lui a été interdit de diffuser des programmes d’information et elle a été condamnée à plusieurs reprises à des amendes pour avoir enfreint cette règle. En 2016, elle a obtenu le droit de diffuser 90 minutes d’informations par jour. Elle continue cependant d’enfreindre les dispositions légales en dépassant régulièrement cette limite.