La bonne santé apparente des otages libérées est trompeuse – armée israélienne
Les voir debout, la démarche assurée, sans amaigrissement spectaculaire, monter prestement dans les voitures du CICR, ne dit rien de leur état de santé réel, explique un responsable

L’armée israélienne a décrit lundi la dénutrition et les souffrances psychiques des otages récemment libérées de la bande de Gaza par le Hamas, invitant à ne pas se fier à leur apparence lors de « spectacles » organisés par le groupe terroriste pour leur libération.
Samedi, quatre jeunes soldates israéliennes libérées du territoire palestinien sont apparues souriantes voire joviales, au moment de leur remise au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), saluant autour d’elles avec décontraction, tenant à la main un petit sac en papier en guise de cadeau de départ. Mais dans une visio-conférence ouverte aux médias, le colonel Avi Benov, chef adjoint de l’unité médicale de l’armée israélienne, a présenté une réalité moins rose.
Les voir debout, la démarche assurée, sans amaigrissement spectaculaire, monter prestement dans les voitures du CICR, ne dit rien de leur état de santé réel, a-t-il précisé. « Elles ont été mieux nourries dans les jours précédents [leur libération], elles ont pu se doucher, elles ont reçu des vêtements », a-t-il fait valoir. « Cela fait partie du spectacle organisé par le Hamas. »
Sept Israéliennes, dont quatre soldates, ont été libérées en deux fois depuis le 19 janvier, dans le cadre du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, en échange de près de 300 prisonniers palestiniens. Mais si les retrouvailles avec leur famille constituent un immense soulagement, leur rétablissement « prendra du temps », a-t-il affirmé.
Parmi les problèmes physiques détectés lors de leur hospitalisation, figurent « des symptômes de dénutrition, des carences en vitamines et un système métabolique en mauvais état », a-t-il expliqué.
Des blessures « mal ou pas soignées »
Des vitamines leur ont été administrées sur la base militaire de Réïm, à la lisière de la bande de Gaza, dès leur arrivée en Israël. Sans les nommer, le colonel Benov s’est dit particulièrement inquiet pour les quelques-unes d’entre elles détenues « ces huit derniers mois dans des tunnels », sans plus de précisions. « Pour elles, c’est beaucoup plus compliqué parce que la lumière, le soleil et la possibilité de parler à quelqu’un sont essentiels à la santé physique et mentale. »
Toutes ont été « blessées d’une manière ou d’une autre » lors de leur enlèvement le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas en Israël ayant déclenché la guerre à Gaza, et leurs blessures ont été mal ou pas soignées en captivité, a-t-il affirmé.
Selon des témoignages d’otages libérés lors de la précédente trêve, en novembre 2023, certains avaient subi des opérations sans anesthésie. Mais c’est au niveau psychologique que l’état des anciennes otages est le « plus compliqué ». « Même si elles sont visiblement heureuses, il reste tout de même une peur, une réticence à croire que cette fois-ci, elles sont vraiment dans de bonnes mains et que ce n’est pas encore un show organisé par le Hamas », déclare le Dr. Benov.
Le médecin miliaire a refusé de répondre à une question sur les « abus physiques », tortures et autres violences sexuelles qu’elles pourraient avoir subies, afin de « protéger leur intimité ». Les jeunes femmes « raconteront elles-mêmes, si elles le souhaitent, ce qu’elles ont vécu dans quelques semaines ou quelques mois », a-t-il expliqué.
D’après un rapport du ministère israélien de la Santé, transmis en décembre au rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et s’appuyant sur les témoignages d’otages libérés en novembre 2023, ces derniers ont subi diverses formes de violences physiques et psychologiques. Le rapport cite le marquage au fer rouge, les passages à tabac, les agressions sexuelles, la privation délibérée de nourriture, les menaces et la détention en isolement. Nombre d’anciens otages présentent des symptômes de stress post-traumatique, de dépression, d’anxiété et de culpabilité du survivant, selon le rapport.
Le colonel Benov se dit pessimiste sur la santé physique et mentale des otages qui doivent être libérés dans les semaines à venir, dont des hommes de plus de 50 ans ou en mauvais état de santé d’après l’accord. « Nous nous attendons, dit-il, à ce que les prochains otages libérés, qui sont plus âgés et dont certains étaient malades lorsqu’ils ont été enlevés reviennent en plus mauvais état. »