La Colombie exhorte l’ambassadeur d’Israël à quitter le pays avant de se rétracter
Le président colombien a publié de nombreux messages sur les réseaux sociaux, comparant notamment les représailles d'Israël contre le Hamas à la persécution des Juifs par les nazis
La Colombie a exhorté lundi l’ambassadeur d’Israël dans le pays à « s’excuser et partir », dans le cadre d’échanges tendus avec la diplomatie israélienne dans le contexte du conflit contre le groupe terroriste palestinien Hamas, avant de revenir sur ses propos.
Le ministre des Affaires étrangères Alvaro Leyva avait publié ces mots sur son compte X (ex-Twitter) à l’adresse de l’ambassadeur Gali Dagan, qualifiant les propos de celui-ci envers le président de gauche Gustavo Petro de « grossièreté insensée ».
Quelques heures plus tard, il a cependant précisé toujours sur X que son message ne demandait que du « respect » pour le président Petro. « Comprenez bien. Je n’ai pas dit que l’ambassadeur d’Israël avait été expulsé », a-t-il ajouté sans plus de précision.
Gustavo Petro a publié de nombreux messages sur les réseaux sociaux depuis les attaques du Hamas le 7 octobre contre Israël, comparant notamment les représailles d’Israël contre Gaza à la persécution des Juifs par les nazis.
Ces publications ont suscité sur les réseaux sociaux des échanges acerbes avec l’ambassadeur israélien.
Après l’annonce par le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, d’un « siège complet » de Gaza et disant combattre « des animaux », M. Petro avait écrit : « C’est ce que les nazis disaient des Juifs. Les peuples démocratiques ne peuvent pas permettre au nazisme de se réinstaller dans la politique internationale. »
« Israéliens et Palestiniens sont des êtres humains relevant du droit international. Ce discours de haine, s’il continue, n’apportera qu’un holocauste », avait-il ajouté.
Interruption des livraisons militaires israéliennes à la Colombie
Dimanche, Israël, l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’armée colombienne, a annoncé qu’il « interrompait ses exportations de sécurité » vers le pays sud-américain après les déclarations du président Gustavo Petro.
Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Haiat, a indiqué le même jour que l’ambassadrice de Colombie en Israël, Margarita Manjarrez, avait été convoquée à la suite des « déclarations hostiles et antisémites » de M. Petro, l’accusant « d’exprimer son soutien aux atrocités commises par les terroristes du Hamas, d’alimenter l’antisémitisme, d’affecter les représentants de l’État d’Israël et de menacer la paix de la communauté juive en Colombie ».
En réponse M. Petro a déclaré que son pays ne soutenait pas le « génocide ». « Si nous devons suspendre nos relations avec Israël, nous les suspendons », a-t-il ajouté.
Le gouvernement colombien a été fortement critiqué pour sa condamnation en demie teinte des attaques du Hamas, contrairement à la plupart des autres pays de la région. Le pays a pourtant toujours entretenu des relations diplomatiques et militaires étroites avec Israël et les États-Unis.
Engagée dans un conflit de plusieurs décennies avec les guérillas de gauche, les paramilitaires de droite et les cartels de la drogue, la Colombie utilise des armes et des avions de fabrication israélienne.
Des références à la Shoah
L’ambassadeur d’Israël en Colombie avait répondu aux nombreux messages du président Petro disant notamment attendre « d’un pays ami d’Israël qu’il condamne haut et fort l’attaque terroriste contre des civils innocents ».
Il avait ensuite « invité » M. Petro « à visiter le musée de Yad Vashem. Nous pouvons aussi nous arrêter en Pologne, visiter le camp (…) d’Auschwitz ».
« Je suis déjà allé au camp de concentration d’Auschwitz et je vois maintenant qu’il est reproduit à Gaza », avait rétorqué M. Petro.
Israël est en guerre depuis que le Hamas a lancé le 7 octobre une attaque sans précédent contre des localités israéliennes proches de la frontière de Gaza que le groupe terroriste palestinien contrôle. L’attaque et les combats qui ont suivi ont fait plus de 1 400 morts en Israël, principalement des civils.
Israël s’est engagé à détruire le Hamas et a répondu par une campagne de bombardements intensifs sur Gaza qui a tué environ 2 750 personnes, selon le Hamas.