La Cour veut la preuve que le téléphérique de Jérusalem stimulera le tourisme
Dans un geste qui pourrait signifier la fin du projet, la Haute Cour demande au gouvernement de lui fournir des "bases factuelles" prouvant que celui-ci favorisera le tourisme
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Dans ce qui pourrait être le début de la fin d’un projet (très) controversé de construction d’un téléphérique entre Jérusalem-Ouest et la Vieille Ville, la Haute Cour de justice a ordonné dimanche au gouvernement et aux autres organes concernés de préciser les « bases factuelles » sur lesquelles ils se fondent pour affirmer que le projet stimulera le tourisme.
Le téléphérique, une idée lancée par le ministère du Tourisme, doit partir du Centre culturel de la Première Station au sud de Jérusalem, passer par la vallée historique de Hinnom jusqu’au mont Sion, puis longer, parallèlement aux murs de la Vieille Ville, avant d’atteindre la Porte des Maghrébins, l’entrée la plus proche du mur Occidental.
Les partisans de ce projet – et il y en a peu en dehors des institutions de l’État – affirment qu’il s’agira d’une attraction touristique et, malgré le fait que le ministère des Transports n’y ait pas été impliqué, qu’il contribuera à désengorger la circulation encombrée principalement par les bus touristiques.
Le projet a été approuvé par toutes les institutions pertinentes et par le gouvernement.
Au début de ce mois, des opposants ont fait appel du projet devant la Haute Cour.
La réponse de la cour dimanche touche à ce qui pourrait s’avérer être le talon d’Achille de toute l’initiative : la décision du gouvernement de faire traiter le projet par le Comité national des infrastructures – un organe accélérateur au sein du ministère des Finances – plutôt que par les différentes entités de planification habituelles, qui doit permettre de tenir compte des objections du public à chaque étape d’examen. Le comité a été créé pour traiter les grands projets d’infrastructure tels que les lignes de gaz et de chemin de fer qui traversent les frontières des autorités locales.
En 2016, le gouvernement a modifié la loi sur la planification et la construction afin d’ajouter les projets d' »infrastructure touristique » à la définition des projets d' »infrastructure nationale » qui peuvent être traités par le Comité national des infrastructures, et plus précisément les systèmes de transport touristique.
Cela a permis le transfert de la gestion de l’initiative visiblement locale au comité après une seule présentation devant le comité de planification de Jérusalem.
La Haute Cour exige maintenant que le gouvernement et tous les autres organismes impliqués dans l’approbation du projet détaillent la « base factuelle » sur laquelle le téléphérique répond à la formulation de la loi de planification – s’il va vraiment « servir d’attraction touristique » et « apporter un réel atout touristique dans la région ».
Si le tribunal rejette la base factuelle, qui doit être soumise avant le 6 septembre, alors le Comité national des infrastructures aura outrepassé son autorité pour discuter du projet et ensuite le recommander au gouvernement. L’ensemble du dossier du téléphérique pourrait commencer à s’effilocher.
Eli Ben Ari, l’avocat représentant l’un des quatre plaignants, l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva V’Din, a déclaré au Times of Israel : « Je ne vois pas comment ils peuvent justifier cela d’un point de vue touristique. »
Les autres plaignants sont le World Karaite Movement et un groupe d’habitants du village palestinien de Silwan – le téléphérique doit passer au-dessus de Silwan et d’un cimetière caraïte – et Emek Shaveh, qui a mené la campagne contre le téléphérique. Emek Shaveh cherche à garder les antiquités ouvertes aux membres de toutes les communautés et croyances et à empêcher que l’archéologie ne soit exploitée à des fins politiques.
Les nombreux détracteurs du projet affirment que le téléphérique transformera les plus précieux panoramas historiques de Jérusalem en un parc à thème. Une analyse des données sur le trafic, publiée la semaine dernière, semble également saper la thèse de la congestion de la Vieille Ville et suggère qu’une augmentation du nombre de navettes serait un meilleur moyen, plus rapide et bien moins cher pour transporter les touristes du sud de Jérusalem à la Porte des Maghrébins.