La Hongrie demande à Paris l’extradition d’un militant anti-fasciste albanais
L'homme est accusé de violences alors qu'il protestait contre la tenue d'un rassemblement de commémoration néo-nazi à Budapest ; ses avocats craignent un « traitement inhumain » s'il était remis aux autorités hongroises
La justice française étudiera mercredi le cas d’un militant antifasciste albanais interpellé le 12 novembre à Paris sur mandat d’arrêt de la Hongrie qui l’accuse de violences en marge d’un rassemblement néo-nazi à Budapest, ont indiqué mardi ses avocats dans un communiqué à l’AFP.
Rexhino Abazaj, 32 ans, « interpellé mardi 12 novembre à Paris, sera présenté devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris mercredi à 14 heures, pour se voir notifier un mandat d’arrêt européen de la Hongrie » pour l’exercice de poursuites judiciaires, ont annoncé ses avocats, Me Laurent Pasquet-Marinacce et Youri Krassoulia.
« Les autorités judiciaires hongroises réclament sa remise, ainsi que celle de plusieurs autres personnes à travers toute l’Union européenne, pour leur implication supposée dans des affrontements violents survenus à Budapest en février 2023 alors qu’elles prenaient part à une mobilisation populaire d’opposition à une manifestation, dite « Journée de l’honneur », commémorant la tentative des troupes nazies et des forces collaborationnistes hongroises de fuir la ville en février 1945 », dénoncent les avocats.
Une source judiciaire a confirmé à l’AFP l’interpellation du 12 novembre dans la capitale française et l’audience prévue mercredi.
Le mandat d’arrêt « vise des faits de participation à une organisation criminelle et de coups et blessures graves », a précisé cette source judiciaire.
Outre M. Abazaj, l’Italienne Ilaria Salis avait été arrêtée en février 2023 pour des faits parallèles et était apparue début 2024 devant la justice hongroise enchaînée et pieds liés, suscitant les protestations de Rome.
Après plus d’un an de détention provisoire, dans des conditions qu’elle avait qualifiées « d’inhumaines et dégradantes », l’Italienne avait finalement été assignée à résidence en mai.
Elle a été libérée en juin suite à son élection au Parlement européen comme candidate du petit parti italien « Alliance Verts et gauche », et fait l’objet d’une demande hongroise de levée de son immunité parlementaire pour qu’elle soit jugée dans le pays de Viktor Orban.
Les avocats de M. Abazaj s’inquiètent, en cas de remise à la Hongrie, de l’absence de « respect des droits fondamentaux » de leur client « dont le droit à un procès équitable et l’interdiction de tout traitement inhumain et dégradant ».
Rexhino Abazaj, dit « Gino », va refuser le mandat d’arrêt, d’après ses avocats.
Lorsqu’un mis en cause refuse un mandat d’arrêt, une première audience est fixée au fond, dans un délai de plusieurs semaines, afin d’étudier la demande des autorités requérantes. La décision définitive peut ensuite prendre plusieurs mois.