La justice lève l’assignation à résidence des collaborateurs du Premier ministre
Le tribunal de Rishon Lezion a par ailleurs accordé à la police 48 heures pour faire appel de sa décision
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le tribunal de première instance de Rishon Lezion a ordonné que l’assignation à résidence de Jonatan Urich, un proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et Eli Feldstein, son ancien porte-parole, soit levée. L’État avait demandé que cette assignation soit prolongée de 21 jours.
Les deux hommes avaient été arrêtés à la fin du mois de mars en raison de leur rôle présumé dans le scandale du Qatargate, mais ils avaient été remis en liberté début avril.
La police craignait qu’Urich ne tente de gêner l’enquête s’il était remis en liberté, mais le juge Menachem Mizrahi a indiqué que ni Urich, ni Feldstein, n’étaient soupçonnés d’entrave aux investigations lors de leur assignation à résidence, en concluant qu’ils pouvaient donc être libérés.
Mizrahi a ajouté que les enquêtes complémentaires demandées par la police ne justifiaient pas le maintien des deux suspects en résidence surveillée.
Le juge a toutefois assorti cette levée de l’assignation des deux suspects d’un sursis de 48 heures, pour permettre à la police de faire appel de sa décision.
Dans l’affaire dite du Qatargate, Urich et Feldstein sont soupçonnés de multiples infractions liées à leurs activités présumées pour le compte d’une société de lobbying pro-qatarie, et notamment de contacts avec un agent étranger, sans compter les accusations de corruption impliquant des lobbyistes et des hommes d’affaires.
Plusieurs autres personnes ont également été interrogées dans le cadre de ce scandale, y compris Netanyahu, qui n’est pas suspecté et nie toute connaissance de l’affaire.
Au cours de la procédure judiciaire, Mizrahi a demandé pourquoi Urlich et Feldstein devraient être assignés à résidence alors que cette mesure n’a été appliquée à aucun autre suspect dans l’affaire.

La police souhaite également interroger un troisième assistant, Yisrael Einhorn, qui réside actuellement en Serbie.
Outre le Qatargate, Feldstein a été inculpé au mois de novembre pour atteinte à la sécurité nationale dans une autre affaire concernant le vol et la divulgation d’un document classifié de Tsahal au quotidien allemand Bild, dans le but d’influencer l’opinion publique en faveur du Premier ministre israélien. Urich est également suspecté dans cette affaire.
Au début du mois, Netanyahu a accusé la police d’avoir pris « en otage » Urich et Feldstein, affirmant que les enquêteurs ne disposaient d’aucune preuve réelle pour étayer leur « enquête politique ».
Le Premier ministre, qui se dit victime d’un complot de « l’État profond », a également affirmé que l’enquête sur le Qatargate n’avait été ordonnée par la procureure-générale Baharav-Miara et lancée par le chef du Shin Bet, Ronen Bar, que pour créer un prétendu conflit d’intérêts – avec un Premier ministre placé dans l’incapacité de renvoyer le même chef de la sécurité qui a ouvert une enquête sur son bureau.
L’affirmation du Premier ministre contredit la séquence connue des événements, puisque Netanyahou n’avait entamé la procédure de licenciement de M. Bar qu’après le lancement de l’enquête sur le Qatar.