La mainmise sur le Likud de Netanyahu serait remise en cause par les députés
D'anciens ministres auraient estimé que le chef de l'opposition aurait échoué à nouer des liens authentiques avec les députés, qui ne lui font pas confiance
Trois anciens ministres auraient déclaré que le chef du Likud et ex-Premier ministre se serait malgré lui éloigné des députés de sa propre formation qui ne lui font pas confiance, ce qui résulterait d’années de négligence, de la part de l’ancien chef du gouvernement, de la nécessité de maintenir des relations personnelles.
Aujourd’hui leader de l’opposition, Netanyahu tente de renforcer son statut en tant que chef de parti par une offensive de charme – après des années de relations basées sur des compromis mutuels avec les députés, ont indiqué des parlementaires issus du Likud au journal Israel Hayom dans le cadre d’un reportage qui a été publié jeudi.
Un reportage inhabituel dans Israel Hayom qui, jusqu’à présent, soutenait fortement Netanyahu.
« Le problème de Netanyahu, c’est qu’on ne peut pas lui faire confiance », a dit l’un de ces trois anciens ministres – tous les trois sont actuellement des députés du Likud à la Knesset. Aucun n’a été identifié dans cet extrait d’un reportage qui ne sera publié dans son intégralité que vendredi.
En raison de ce manque de confiance, Netanyahu devra « travailler très dur » pour reconstruire les liens, a noté le législateur. « C’est difficile de dire s’il se souvient de comment il faut faire et, selon moi, c’est hélas une initiative qui est appelée à échouer. »
Un autre ancien ministre a reproché à Netanyahu d’avoir noué des relations exclusivement faites « de compromis mutuels » avec son entourage, depuis des années, ne leur accordant de l’attention que lorsqu’il en avait besoin, sans porter un intérêt réel à son éventuel interlocuteur.
« Il n’a pas cultivé les relations, il ne s’est pas intéressé à la vie personnelle des uns et des autres et, au contraire, il a toujours agi avec soupçon, en restant vigilant face aux actions et aux déclarations de ses hauts-responsables », a continué la source.
Mais aujourd’hui, en tant que chef de l’opposition, Netanyahu s’efforce de diriger un combat ultra-coordonné contre le nouveau gouvernement tout en manquant du pouvoir nécessaire pour rétribuer ses loyalistes d’une manière ou d’une autre, ont confié les membres du Likud.
« Personne, au Likud, n’a le sentiment que Netanyahu lui prête attention » et en résultat, « il y a de la frustration chez les députés du parti », a poursuivi un autre ancien ministre.
« Et soudainement, là, Netanyahu cherche à se montrer agréable. Tout à coup, il demande à voir les membres du parti », a continué la source. Mais maintenant, « et contrairement au passé, Netanyahu n’a plus rien à donner. Il n’y a rien dans l’opposition ».
« Et aujourd’hui, il tente soudainement de revenir à des relations humaines de base – c’est leur absence qui explique les problèmes qu’il connaît aujourd’hui », a poursuivi le député, se référant à la désertion de certains législateurs du Likud et aux divisions avec les partis de droite, à la Knesset, qui ont finalement empêché Netanyahu de construire une coalition majoritaire après le scrutin du mois de mars.
Avec la formation d’un nouveau gouvernement, le mois dernier – qui a mis un terme à douze années consécutives passées par Netanyahu au poste de Premier ministre – le chef du Likud s’est trouvé dans l’obligation de mettre son parti dans l’opposition, où il y a un risque que certains députés choisissent de quitter la formation pour rejoindre le gouvernement, a noté Israel Hayom.
Une proposition de projet de loi qui permettrait à quatre législateurs d’un parti seulement de quitter leur faction d’origine pour en former une nouvelle – il fallait jusqu’à aujourd’hui un tiers de parlementaires pour que cela soit possible – est une menace supplémentaire.
Toutefois, les députés Likud s’inquiètent peu d’éventuels départs. L’un d’entre eux a fait savoir au journal que s’il devait y avoir des défections, elles auraient d’ores et déjà eu lieu. Le ministre de la Justice Gideon Saar et le ministre du Logement Zeev Elkin avaient tous les deux quitté le Likud avant le dernier scrutin, se rejoignant au sein du parti Tikva Hadasha, fondé par Saar.
La mainmise continue de Netanyahu sur la direction du Likud est également ouvertement remise en cause par certains membres de la formation.
L’ex-ministre de la Santé Yuli Edelstein aurait déjà attaqué Netanyahu au cours d’entretiens privés, avec des proches qui l’accuseraient d’avoir fait « toutes les erreurs possibles » qui auront finalement coûté le gouvernement au Likud. Edelstein aurait fait savoir qu’il se présenterait à la tête du parti lors de primaires.
Edelstein est populaire au sein du parti et il n’est pas seul à convoiter le trône de Netanyahu.
L’ancien maire de Jérusalem, le député Nir Barkat, pourrait aussi être un concurrent sérieux, avec des résultats récents plutôt bons enregistrés dans les sondages concernant la personnalité la plus à même de diriger le Likud.
Au mois de mai, l’ancien ministre des Finances, Israel Katz, avait déclaré aux militants du Likud qu’il avait suggéré une démission temporaire de Netanyahu pour permettre la formation d’un gouvernement de droite dans la mesure où Tikva Hadasha, de Saar, avait indiqué qu’il s’unirait au Likud en l’absence de Netanyahu. Katz avait ajouté qu’il pensait qu’il remporterait les primaires et qu’il pourrait devenir temporairement Premier ministre. L’idée avait été rejetée par Netanyahu.