Israël en guerre - Jour 466

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La mort d’un civil israélien au Liban due à un relâchement de la discipline militaire

Selon les experts, les règles sont moins bien respectées dans les zones de combat, faute à l'usure de la guerre. Des recommandations ont été faites pour que les choses rentrent dans l'ordre

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats de Tsahal opèrent à Jabalia, dans le nord de Gaza, sur une photo publiée le 5 novembre 2024. (Armée israélienne)
Des soldats de Tsahal opèrent à Jabalia, dans le nord de Gaza, sur une photo publiée le 5 novembre 2024. (Armée israélienne)

Les experts chargés d’enquêter sur la discipline dans les rangs de l’armée, engagée sur deux fronts à Gaza et au Liban, ont constaté que l’usure des combats avait pour conséquence un moindre respect des règles, a indiqué mardi l’armée israélienne.

La commission d’enquête a été établie le 21 novembre dernier par le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, suite à la mort accidentelle d’un civil israélien âgé de 71 ans et d’un soldat lors d’une fusillade avec des agents du Hezbollah, dans le sud-Liban. Accompagnées d’un officier supérieur, les deux victimes n’avaient pas été autorisées à se rendre à l’endroit où elles ont trouvé la mort.

Les 11 officiers – essentiellement des réservistes – membres de la commission d’enquête dirigée par le major-général Moti Baruch a été chargée de « dresser un tableau détaillé de la situation en matière de discipline opérationnelle, d’application des règles de conduite et des normes au sein des unités de l’armée » sur les fronts nord et sud, à l’exclusion de la Cisjordanie.

Les crimes de guerre présumés, pris en charge par la police militaire et le Mécanisme d’établissement des faits de l’État-major général, organisme militaire indépendant chargé d’enquêter sur les incidents atypiques en temps de guerre, ne faisaient pas partie de leur feuille de route.

« La commission a constaté que la fatigue opérationnelle des différentes unités, au combat depuis plus d’un an et trois mois, avait occasionné un relâchement au niveau de la discipline et des mesures de sécurité au sein de toutes les unités, qui se traduit par une utilisation incorrecte de l’armement et provoque des accidents opérationnels évitables, » a indiqué l’armée.

S’agissant de l’entrée non autorisée de civils dans des zones de combat, la commission d’enquête a précisé qu’il ne s’agissait pas là d’un phénomène courant, un très petit nombre d’incidents étant à déplorer.

Le général de division Moti Baruch, chef du commandement de la formation de Tsahal, le 30 novembre 2022. (Armée israélienne)

La commission était notamment chargée d’enquêter sur les circonstances de l’entrée du chercheur israélien Zeev Erlich au Liban en novembre dernier, qui lui a valu ainsi qu’au sergent Gur Kehati, 20 ans, de se faire tuer, et qui fait toujours l’objet d’une enquête, de même que l’entrée à Gaza du réserviste aujourd’hui licencié Rabbi Tzvi Kostiner, en septembre, et d’un donateur anonyme dans la bande de Gaza, à une date non précisée.

Pour l’heure, aucune sanction n’a été prise à l’encontre d’officiers d’active.

La commission n’a pas été en mesure de confirmer dans quelle mesure Daniella Weiss, dirigeante d’un mouvement de résidents d’implantations, était entrée dans la bande de Gaza.

Weiss affirme en effet être entrée à plusieurs reprises dans Gaza, ce dont l’armée israélienne, qui assure avoir mené une enquête approfondie, n’a pas établi la preuve.

Le point de contrôle dit « Terminal 3 » de Tsahal vers le corridor de Netzarim, dans le centre de Gaza, le 26 décembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Sur le plan de la sécurité opérationnelle, la commission d’enquête a constaté qu’« au fil du temps, la rigueur s’est érodée et, dans quelques cas, des téléphones portables ont été ouvertement utilisés dans des zones de combat ».

« On en trouve la preuve dans les vidéos publiées sur les réseaux sociaux, qui non seulement indiquent l’emplacement exact des unités mais donnent aussi à voir le champ de bataille, ce qui est de nature à saper notre légitimité internationale », a déclaré l’armée.

S’agissant des questions d’apparence et du code vestimentaire de Tsahal, la commission d’enquête a constaté que « lors des combats, une forme de non-respect généralisé s’était installé dans tous les domaines, allant par exemple jusqu’au port d’écussons extra-militaires non réglementaires et non autorisés ».

La commission a par enquêté sur d’autres sujets, comme par exemple sur les dons reçus par les unités ou l’utilisation d’armes et équipements non autorisés dans le cadre militaire.

Un soldat de Tsahal portant un écusson représentant le Saint Temple, avec le texte « Nous verrons cela de nos yeux », aux abords de la ville de Gaza, le 2 février 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

La commission a formulé un certain nombre de recommandations, parmi lesquelles le renforcement des normes opérationnelles et de la discipline militaire, l’organisation de « journées d’apprentissage » sur les questions de discipline, tout en prenant des mesures en cas de non-respect des ordres, le renforcement des conditions de sécurité lors des combats et l’émission d’instructions précises concernant l’apparence et l’habillement, l’octroi de davantage de pauses aux soldats combattants…

Le chef de l’armée israélienne, Halevi, a ordonné à l’armée de mettre immédiatement en œuvre les conclusions de la commission d’enquête dans l’ensemble des départements militaires, a précisé Tsahal.

Halevi a également ordonné la mise en place d’un nouveau dispositif en vertu duquel chaque commandant de division – des officiers de combat ayant le grade de brigadier général – a un officier supérieur ayant le grade de général de division comme « référent » chargé d’évaluer la situation en matière de discipline et de sécurité au sein de la division, « dans le but d’initier avec les commandants un processus d’apprentissage et d’amélioration ».

Le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, assiste à une cérémonie marquant l’anniversaire du calendrier hébraïque de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 27 octobre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Outre l’enquête menée par Baruch et ses experts, l’armée mène toujours l’enquête sur les circonstances de la mort du chercheur Erlich et du sergent Kehati, tous deux tués au Liban.

Selon les conclusions de l’enquête préliminaire de Tsahal, l’homme, âgé de 71 ans, a été autorisé à se rendre au Liban par le chef d’État-major de la brigade Golani, le colonel Yoav Yarom, afin d’examiner une forteresse antique.

Le secteur dans lequel Erlich a été escorté était supposé avoir été débarrassé par Tsahal des agents du Hezbollah qui s’y trouvaient, mais deux membres du groupe terroriste soutenu par l’Iran qui s’y étaient cachés ont ouvert le feu sur le chercheur, l’officier supérieur et les soldats chargés de les escorter.

Le sergent Gur Kehati, tué le 20 novembre 2024 lors d’un échange de coups de feu avec des terroristes du Hezbollah. (Crédit : Autorisation)

Lors de cet incident, Yarom a été modérément blessé mais un commandant de compagnie du 13e bataillon de la brigade Golani a lui été grièvement blessé.

L’armée israélienne a élevé Erlich au grade de major de réserve, alors même qu’il n’était pas en service actif lorsqu’il a été tué.

Le Commandement Nord de Tsahal mène une enquête susceptible de donner lieu à des sanctions disciplinaires à l’encontre de ceux qui ont permis au chercheur, un civil, d’entrer au Liban, et la police militaire enquête de son côté sur des actes criminels présumés.

Le chercheur israélien Zeev Erlich en uniforme de l’armée israélienne, le 20 novembre 2024, quelques heures avant d’être tué lors d’un échange de coups de feu avec des terroristes du Hezbollah. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Compte tenu de la gravité de cet incident », a déclaré l’armée israélienne, Halevi a ordonné que l’enquête militaire se poursuive jusqu’à ce que l’enquête de la police militaire se termine et que ses conclusions soient transmises à l’avocat général militaire.

Selon des sources internes à Tsahal, la police militaire aurait reçu l’ordre de mener plus rapidement son enquête.

Les conclusions de cette enquête seront, le moment venu, présentées aux proches d’Erlich et de Kehati, puis au grand public.

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