La mosquée de Paris invite l’imam de Toulouse controversé à continuer sa mission
L'Union des étudiants juifs de France et la Licra avaient déposé plainte pour "incitation à la haine raciale" contre Mohammed Tatai
Le recteur de la grande mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur a invité lundi l’imam de Toulouse Mohamed Tataï, soupçonné d' »incitation à la haine » après un prêche considéré comme antisémite, à poursuivre sa mission « dans la paix, le dialogue et la sérénité ».
« L’imam Mohamed Tataï proteste vivement de sa bonne foi. Il s’excuse profondément auprès de ses amis de la communauté juive de Toulouse et de France de l’interprétation décontextualisée de ses propos », écrit dans un communiqué Dalil Boubakeur, après avoir reçu l’intéressé en présence du conseil théologique de la GMP.
« En raison de son engagement exemplaire à Toulouse et dans la région en faveur du vivre-ensemble, la Mosquée de Paris souhaite que l’imam Tataï poursuive sa mission dans la paix, le dialogue et la sérénité », ajoute l’institution parisienne.
La GMP est le siège d’une fédération nationale (FGMP) liée à l’Algérie dont est proche l’association gérant la grande mosquée de Toulouse fraîchement inaugurée, où prêche l’imam Tataï.
Le parquet de Toulouse avait été saisi le 28 juin par le préfet de la Haute-Garonne sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale de « faits susceptibles de constituer une incitation à la haine » à travers des propos diffusés dans une vidéo datant de décembre 2017.
L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait déposé plainte pour « incitation à la haine raciale » et avait été rejointe dans cette action en justice par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
Dans la vidéo, on entend l’imam Tataï déclarer, selon le texte sous-titré: « (Le prophète Mohamed) nous a parlé de la bataille finale et décisive: le Jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les musulmans combattent les juifs ».
Selon la GMP, le prédicateur a évoqué « un hadith dans un prêche consacré à l’eschatologie des fins dernières et à la souffrance du peuple juif ».
« Il a toujours appelé dans ses prêches au respect de toutes les communautés religieuses, et en particulier de la communauté juive qu’il évoque constamment en termes favorables – Moïse est cité 134 fois dans le Coran – et avec qui il entretient d’excellents rapports », souligne le Dr Boubakeur.
La GMP invite cependant « les imams de France à observer une stricte impartialité dans leurs propos (…), notamment à l’égard des Religions du Livre (judaïsme et christianisme selon le Coran, NDLR), dans le respect scrupuleux de toutes les croyances ».