La négation du génocide arménien peut être dénoncée en France
La cour d'appel de Paris a relaxé jeudi le directeur du site des Nouvelles d'Arménie, attaqué par un chercheur français qualifié de "négationniste patenté" du génocide arménien
La négation du génocide arménien peut bien être dénoncée en France : la cour d’appel de Paris a relaxé jeudi le directeur du site des Nouvelles d’Arménie, attaqué par un chercheur français qualifié de « négationniste patenté » du génocide arménien de 1915.
La situation peut sembler paradoxale : la France a reconnu le génocide arménien en 2001, mais le Conseil constitutionnel a censuré en 2012 la loi pénalisant sa contestation, la jugeant contraire à la liberté d’expression.
Ainsi, Maxime Gauin, un chercheur français financé par un think tank turc, a attaqué le directeur du site des Nouvelles d’Arménie, Jean-Marc Toranian, et un contributeur à son site pour diffamation et injure publique par voie électronique.
Le plaignant poursuivait trois séries de propos publiés en 2013 et 2014, où il était comparé au négationniste Robert Faurisson (régulièrement condamné pour nier la réalité de la Shoah) et qualifié de « véritable tâcheron au service du fascisme turc », notamment pour avoir écrit que « les déportés étaient très bien nourris et accueillis et au cours et au terme de leurs marches forcées ».
La cour d’appel a confirmé le jugement de première instance, déboutant Maxime Gauin. Elle a jugé que les propos poursuivis présentaient un caractère diffamatoire, mais a retenu « la bonne foi » sur un sujet présentant « un intérêt public ».
« Puisqu’on n’érige pas en délit le négationnisme des Turcs, qu’au moins on puisse dire que ce sont des menteurs », avait réagi après le jugement de première instance l’avocat et défenseur des droits de l’Homme Henri Leclerc.
Lors du procès en octobre 2017, Maxime Gauin avait pleinement assumé contester la qualification de génocide contre les Arméniens. Il demandait à la justice de lui accorder réparation pour avoir été « injurié », « blessé ». « Quoi de pire pour un historien que d’être comparé à des faussaires comme Robert Faurisson ? », avait-il demandé. « Quoi de pire pour un historien » que d’être assimilé à un suppôt du « fascisme ? ».
Jean-Marc Toranian avait lui rappelé son inlassable combat contre le négationnisme « qui est un moment du crime, sa continuation ».