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La police dément tout quota d’arrestation imposé lors des manifestations

Ben Gvir "se permet de faire ce qu'il veut", a affirmé Roni Alsheich, ancien responsable des forces de l'ordre qui disent, de leur côté, que l'accusation de discrimination à l'encontre des rassemblements anti-gouvernementaux est dépourvue de "tout fondement factuel"

La police arrête un manifestant en faveur d'un accord sur les otages avec le Hamas devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 7 septembre 2024. (Crédit : Gili Yaari /FLASH90)
La police arrête un manifestant en faveur d'un accord sur les otages avec le Hamas devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 7 septembre 2024. (Crédit : Gili Yaari /FLASH90)

L’ancien chef de la police israélienne, Roni Alsheich, a affirmé jeudi que les forces de l’ordre s’étaient politisées, expliquant que des agents lui avaient expliqué qu’ils avaient dorénavant des quotas concernant le nombre de personnes à placer en détention lors des manifestations – une affirmation que les représentants des forces de l’ordre ont rejetée, la qualifiant de « délirante ».

« J’entends des agents me dire qu’ils arrivent à une manifestation avec un quota de personnes à arrêter », a déclaré Alsheich devant les caméras de la chaîne publique Kan, faisant apparemment référence aux mouvements de protestation qui dénoncent la politique du gouvernement.

« J’ai des frémissements rien qu’à dire ça. Non seulement c’est clairement illégal mais ça ne sert absolument personne », a-t-il ajouté. « Quelque chose de mauvais est en train de se produire et je ne sais pas d’où ça vient exactement, mais ce qui est sûr, c’est que ça vient de la hiérarchie. »

Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, qui est en charge des forces de police, « se permet de faire ce qu’il veut et le système politique lui apporte son aval parce qu’il comprend très bien que sans lui, il n’y a pas de gouvernement », a accusé Alsheich qui a noté que Ben Gvir « évoque, aux différentes tribunes, la possibilité de promouvoir des policiers qui feront avancer la politique qu’il veut mettre en œuvre. Ce qui le sert lui, et ce qui ne sert pas le public ».

La police a démenti avec force l’accusation qui a été lancée par Alsheich.

« La police israélienne est une force apolitique qui assume toutes ses responsabilités pour mener à bien sa mission qui est de garantir la paix, la sécurité et la qualité de vie du public », a déclaré un porte-parole au Times of Israel.

« L’affirmation délirante suggérant que lors des manifestations, les policiers viendraient avec un quota d’arrestations préalablement déterminé est dépourvue de toute base factuelle ou de tout fondement dans la réalité, et nous démentons avec véhémence les déclarations qui ont pu être faites par l’ancien commissaire de police », a-t-il ajouté.

Alsheich avait été à la tête de la police de 2015 à 2018 – c’est lui qui avait supervisé les enquêtes pour corruption impliquant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, des investigations qui ont abouti au procès en cours du chef de gouvernement.

Au plus fort du mouvement de protestation lancé contre le plan de refonte radicale du système judiciaire qui était avancé par le gouvernement, l’année dernière, un certain nombre de ministres – avec Ben Gvir à leur tête – avaient déploré le nombre insuffisant, selon eux, d’arrestations et ils avaient estimé que dans certains cas, les protestataires devaient être mis en examen.

L’ancien chef de la police, Roni Alsheich, arrivant pour témoigner devant la commission d’enquête sur la tragédie de Meron, à Jérusalem, le 11 janvier 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En réponse, la procureure-générale Gali Baharav-Miara avait déposé, à l’époque, un document qui mettait en garde contre toute tentative de fixer des quotas d’arrestations ou de lancer des poursuites pénales à l’encontre des manifestants.

Politisation

Pendant sa cérémonie d’adieu qui avait eu lieu cet été, le chef sortant de la police israélienne, Kobi Shabtai, avait mis en garde contre la politisation des forces de police, faisant allusion au comportement de Ben Gvir sans pour autant le nommer directement.

Le commissaire avait déclaré qu’il quittait son poste « avec un sentiment de malaise », notant que « la lutte contre la politisation de la police et sa déviance à des fins politiques – des phénomènes qui se font au détriment de son professionnalisme – bat son plein ».

Le mois dernier, deux ans après que Ben Gvir a été nommé ministre de la Sécurité nationale, Baharav-Miara avait fait savoir à Netanyahu qu’il devait réexaminer la nomination de Ben Gvir à son poste au vu des interventions répétées et continues de ce dernier dans les opérations des forces de l’ordre et de la nature politique de ses promotions au sein de la police israélienne.

Dans un courrier qui était adressé au Premier ministre, la procureure a indiqué que Ben Gvir avait, à plusieurs reprises, paru violer des décisions qui avaient été prises par la Haute Cour ainsi que des ordres le sommant de ne pas intervenir dans les opérations des forces de l’ordre.

« Il semble que le ministre utilise son autorité pour procéder à des nominations et pour mettre fin au mandat des agents – le faisant en intervenant de manière illégitime, semble-t-il, dans le fonctionnement opérationnel de la police », a écrit Baharav-Miara.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, lors d’une séance plénière, à la Knesset, à Jérusalem, le 13 novembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Baharav-Miara a aussi cité de nombreux exemples d’ingérence de Ben Gvir dans les affaires de la police – avec notamment la convocation publique de responsables qui avaient été réprimandés dans la mesure où le ministre était mécontent de leur prise en charge des mouvements de protestation anti-gouvernementaux ; la déclaration faite par le ministre, alors qu’il se trouvait dans une cellule de commandement des forces de l’ordre, qu’il y était venu pour s’assurer que la police appliquait bien ses directives en matière de gestion des manifestations ; et une lettre de Shabtai dans laquelle il expliquait que Ben Gvir avait demandé à des officiers de police de ne pas tenir compte des ordres donné par le cabinet concernant la protection des convois d’aide humanitaire qui étaient en route pour Gaza, dans le contexte de la guerre opposant Israël au Hamas dans la bande.

En réponse, Ben Gvir a accusé la procureure de s’être engagée dans une chasse à l’homme à son encontre, affirmant qu’elle avait entrepris une recherche de prétextes juridiques suffisants pour pouvoir s’en prendre à lui.

Baharav-Miara s’est heurtée à plusieurs reprises à Ben Gvir au sujet de sa prise en charge des forces de police. Elle a notamment fait savoir qu’une promotion qui avait été décidée par le ministre d’extrême-droite était illégale, et elle a ordonné au commissaire de la police israélienne d’interrompre le licenciement du principal conseiller juridique des forces de l’ordre, mis sur la sellette.

Le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir a voté contre des projets de loi relatifs au budget de l’État pour 2025 à la suite de l’annulation, à la dernière minute, d’une réunion prévue entre les principaux alliés de la coalition de Netanyahu sur la question du licenciement de Baharav-Miara.

Depuis lors, les dirigeants de la coalition se seraient mis d’accord sur le principe d’une audience disciplinaire de Baharav-Miara en amont d’un éventuel renvoi – même si Ben Gvir a exigé que cette procédure soit accélérée.

Remise en question d’un successeur

Lors de son interview qui a été accordée jeudi à la chaîne publique Kan, Alsheich a également remis en question la procédure qui a entraîné la nomination, par Ben Gvir, de Daniel Levy à la tête des forces de police.

Le chef de la police israélienne Daniel Levy, à proximité des lieux d’une attaque terroriste au couteau, à la porte de Damas, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 15 septembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Le bond que représente la transition entre un poste de commandant de district et un poste de chef de la police est énorme. Ce n’est pas une petite avancée », a-t-il déclaré lorsqu’il lui a été demandé de commenter le récent aveu qui a été fait par Levy lorsqu’il a reconnu qu’il entretenait une « amitié de longue date » avec une collaboratrice proche du Premier ministre.

Levy a reconnu avoir entretenu une relation amicale avec feu Hanni Bleiweiss dans la journée de lundi, plusieurs jours après la diffusion d’un reportage d’investigation dans le cadre de l’émission « Uvda », une émission phare de la chaîne d’information N12. Ce reportage était consacré à des agissements présumés de Sara Netanyahu qui est accusée d’avoir tenté d’intimider et de harceler ceux dont elle considérait qu’ils étaient des ennemis de son clan.

Le reportage a également abordé les liens – apparemment de proximité – qui avaient unis Bleiweiss et Levy au fil des années, avant sa nomination au poste de commissaire de police. Il a aussi affirmé que Bleiweiss avait parlé de Levy à Sara Netanyahu et que Levy lui-même avait envoyé des messages de soutien au Premier ministre par son intermédiaire.

Bleiweiss est décédée l’année dernière des suites d’un cancer.

« Tout au long de mes années de service au sein de la police israélienne, j’ai toujours fait preuve d’intégrité et j’ai toujours agi avec loyauté, professionnalisme et sans arrière-pensées politiques », a écrit Levy dans une lettre adressée à la police à la suite de la diffusion du reportage.

Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, lors d’une réunion de faction à la Knesset, à Jérusalem, le 9 décembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Suite à ces révélations, Yair Golan, le chef du parti des Démocrates, une formation de gauche, a proféré ce que le porte-parole de Levy a qualifié de « menace explicite » à l’encontre du commissaire de police.

« Netanyahu et [le ministre de la sécurité nationale Itamar] Ben Gvir ne seront pas toujours là pour vous protéger. Le jour qui suivra le gouvernement actuel, la vérité éclatera et, si nécessaire, nous vous demanderons également des comptes », a averti Golan.

« La loyauté personnelle à l’égard de Netanyahu, au détriment de la loyauté à l’égard de la loi, à l’égard de l’État et de ses citoyens n’est pas seulement une erreur morale et éthique, c’est une grave infraction pénale », a-t-il ajouté.

En réponse, Ben Gvir a accusé Golan d’utiliser une rhétorique qui constituait « un dangereux franchissement d’une ligne rouge et une menace intolérable pour l’Etat de droit ».

Jeremy Sharon et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.

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