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La rencontre inédite en Israël entre « makers » et vétérans blessés de guerre

Henry Rebujent, soldat français blessé en Afghanistan en 2005 a perdu l'usage d'un pied. Invité en Israël pour le "maker-a-thon" il espère retrouver toute sa mobilité

Journaliste Société-Reportage

Le major David, également blessé au Liban, et Henry Rebujent (d.) devant la présentation du projet de sa "team"  (Crédit: Makers for Heroes)
Le major David, également blessé au Liban, et Henry Rebujent (d.) devant la présentation du projet de sa "team" (Crédit: Makers for Heroes)

Les rencontres Makers for heroes 2018 se sont déroulées du 30 avril au 2 mai à Tel Aviv avec l’objectif d’accompagner des blessés de guerre « de la blessure à l’action ».

Pour cela, tout le petit monde des makers israéliens a été convoqué pour s’occuper de 12 soldats, 7 Israéliens, 4 Américains et un Français, le colonel Henry Rebujet, blessé en Afghanistan, afin de rendre à ces blessés toute leur souplesse et leur capacité physique pour qu’ils puissent remarcher, courir, ou faire du vélo « comme avant ».

Derrière le mot de « maker » se trouve une communauté de personnes armées de ce que la technologie a sans doute créé de plus innovant ces dix dernières années : l’imprimante 3D.

Associée à des machines complémentaires, comme des découpeuses vinyles, ou lasers par exemples, ces machines sont capables d’imprimer des choses aussi diverses et complexes que des objets (tasses, jeux d’échec…), de la nourriture, des implants dentaires, des pièces de rechange pour l’industrie, des tissus humains pour la médecine, et des maisons construites en quelques jours. Tous ces objets peuvent aussi être « faxés », c’est-à-dire conçus à distance, et imprimés n’importe où dans le monde.

A l’occasion de ces rencontres les makers ont été rejoints par des concepteurs, des programmeurs, des ingénieurs, des physiothérapeutes, des médecins, et des psychologues.

« Ceux-ci sont divisés en équipes, explique l’organisateur, chacune visant à résoudre un défi pour un soldat spécifique. L’objectif est de créer un prototype de travail imprimé en 3D pendant les trois jours du « Make-a-Thon ». Après l’événement, le prototype sera développé pour des produits reproductibles à travers le projet TOM (Tikkun Olam Makers) dans le monde entier ».

Le 17 septembre 2005, Henry Rebujent est en patrouille près de Kandahar en Afghanistan. Cet ancien du premier RPIMa de Bayonne est alors en mission pour les Nations unies. Mais soudain le véhicule léger qui transporte une poignée de soldats se soulève sous le coup d’une violente explosion, l’oeuvre d’une mine anti-char posée par les Talibans. Le bilan est lourd : un mort et trois blessés.

Henry Rebujent s’en tire, mais il est victime d’un « pied de mine » selon les termes de la chirurgie de guerre.

« J’ai gardé mon pied, raconte-t-il mais il conserve une mobilité réduite, plus du tout de travail latéral. Je marche avec une énorme boiterie à l’aide d’une canne ».

Depuis il s’est relancé dans le sport sur le vélo qu’il pratique à haut niveau. « Mais c’est fatiguant et très douloureux ».

Henry Rebujent est déjà venu en Israël, il y a 30 ans. Il faisait alors partie de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), chargée depuis 1978 de créer une zone tampon entre le Pays du Cèdre et Israël, alors en guerre.

« Ça a bien changé Israël depuis, » observe-t-il.

30 plus tard et après diverses missions passées dans des forces internationales sous mandat de l’ONU, Henry Rebujent est revenu en Israël pour retrouver toute sa mobilité.

En France, il avait déjà commencé à chercher une solution : « On a vu avec des prothèses dynamiques, ce qui permet d’avoir une propulsion, » explique-t-il. Mais ce système était trop compliqué ».

« Mon équipe a scanné ma jambe en 3D. Ils ont ensuite réalisé un prototype de prothèse qui rentre dans une chaussure normale, qui se positionne correctement dans des baskets et qui permettrait éventuellement de courir. »

« Là, ils sont en train de rechercher une entreprise d’impression 3D en Israël pour l’imprimer à base de carbone. »

A l’heure actuelle, le nombre des applications de l’impression 3D augmente de manière exponentielle au fur et à mesure que la technologie s’affine et que les investissements abondent. Airbus, Safran ou encore Peugeot ont intégré des machines d’impression 3D et certains parlent d’ores et déjà de « 4e révolution industrielle ».

Mais loin de succomber aux sirènes du « Grand capital », les makers font partie d’un mouvement plus général appelé Open source, dont les membres partagent les tutoriels de leurs dernières inventions, sans s’en réserver les droits d’exploitation, et défendent les valeurs du partage et de la collaboration, sur le mode de Wikipedia.

En 2015 par exemple, les plans d’une prothèse de main – un modèle simple permettant de tenir un objet ou la poignet d’une trottinette par exemple – ont été mis en ligne, et le premier bénéficiaire, Maxence, alors âgé de 6 ans né sans main droite, a pu bénéficier de cette main pour un coût de seulement 50 euros. Elle a été conçue par un bénévole, Thierry Oquidam.

Cette dernière initiative Makers for Heroes est coordonnée par Restart – une organisation à but non lucratif, qui aide les soldats blessés à dépasser leur handicap dans la vie quotidienne – en partenariat avec Tikkun Olam Makers qui développe et œuvre dans le monde entier à produire et à rendre accessibles des produits adaptés aux personnes souffrant de handicap. Challenge America, le troisième partenaire, soutient les vétérans des armées américaine et française.

Parmi les juges de la compétition : le Dr Oren Barzel – directeur du département de réadaptation orthopédique à l’hôpital Tel Hashomer et Rafi Kesten – associé directeur du fonds de capital-risque JVP. Tous les appareils et solutions seront disponibles sur la plate-forme Tom pour permettre à d’autres personnes ayant des handicaps similaires de bénéficier des produits.

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