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La série « Russian Doll » de retour sur Netflix, encore plus juive qu’avant

Natasha Lyonne est l'une des grandes figures artistiques de notre époque ; la deuxième saison est diffusée depuis le 20 avril

  • Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l'épisode 201 de "Poupée russe". (Autorisation de Netflix © 2022)
    Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l'épisode 201 de "Poupée russe". (Autorisation de Netflix © 2022)
  • Ephraim Sykes dans le rôle de Derek dans l'épisode 202 de "Poupée russe". (Crédit : Bennett Raglin/Netflix © 2022)
    Ephraim Sykes dans le rôle de Derek dans l'épisode 202 de "Poupée russe". (Crédit : Bennett Raglin/Netflix © 2022)
  • Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l'épisode 205 de "Poupée russe". (Autorisation de Netflix © 2022)
    Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l'épisode 205 de "Poupée russe". (Autorisation de Netflix © 2022)

Cela fait quelques années – des années pour le moins étranges – que Natasha Lyonne a lancé sa série « Poupée russe » sur Netflix. Nous avons connu une violente insurrection au sein de la capitale des États-Unis et un fléau mondial qui a bouleversé nos sociétés. Des moments où on a envie de dire, comme le fait avec beaucoup d’éloquence le personnage de Lyonne, Nadia Vulvokov, avant de s’envoyer un verre de bourbon : « Quand l’univers te baise… laisse-le ! »

Ce serait une bonne punchline, mais ce n’est sans doute pas ce que ferait un vrai New-Yorkais. Si l’on en croit Jacob, ce n’est pas davantage ainsi qu’un Juif gèrerait la question. Fort heureusement, Vulvokov, à l’instar de sa créatrice, est les deux à la fois. Une fois posé le postulat de base psychédélique mâtiné de science-fiction de la suite de cette série, on sait avec certitude que Nadia va faire face à ses problèmes et faire des choix difficiles, mais justes, au final.

Alors que le postulat de départ de la saison une, inspiré d’« Un jour sans fin », dessinait des boucles parfaites de cause à effet, cette deuxième saison, diffusée depuis le 20 avril sur Netflix, ne s’assemble pas parfaitement comme un puzzle. Je pense que c’est voulu. Nadia, notre juive hipster urbaine – l’un des personnages les plus « oh-mon-Dieu-je-la-connais » jamais vus à la télévision – a beaucoup évolué depuis la dernière fois. Cette fois, elle doit, d’une manière ou d’une autre, changer deux ou trois choses pour sa famille, et c’est là que ça devient compliqué.

Pour commencer, sa mère et sa grand-mère sont toutes deux décédées mais, une nuit, en montant à bord de la ligne 6, elle découvre que ses 2,75 $ lui permettent de remonter le temps. Quelques jours avant son 40e anniversaire en 2022, elle refait surface à Astor Place, il y a 40 ans, pour s’apercevoir qu’elle se trouve en fait dans le corps de sa mère enceinte, interprétée par Chloë Sevigny.

Sa mère, qui s’est suicidée à l’âge de 36 ans, avait coupé les liens avec sa propre mère après avoir perdu la fortune familiale, investie dans des pièces d’or sud-africaines Krugerrand. Si Nadia réussit, d’une manière ou d’une autre, à récupérer cette sacoche volée, elle pourrait créer un tout autre futur, n’est-ce pas ? Non, évidemment que non.

La grand-mère de Nadia avait investi dans des Krugerrands parce que, comme beaucoup de survivants de la Shoah, elle se méfiait de… tout, absolument tout. Elle avait été témoin des mensonges du gouvernement et de vols de grande envergure. Tout ce qu’elle possédait de valeur lui avait été pris, emporté par le train de l’or hongrois, une petite histoire vraie (et étrange) dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. (Sans trop entrer en territoire « spoilers », je dirai simplement que les chemins magiques de Nadia ne la conduisent pas seulement dans l’East Village des années 80, mais aussi à Budapest dans les années 40. Pour une femme qui a vécu avec le spectre du nazisme toute sa vie, cela a quelque chose de terrifiant.)

Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l’épisode 205 de « Poupée russe ». (Crédit : András D. Hadjú/Netflix © 2022)

Mais drôle également ! Parce que Natasha Lyonne, qui a écrit et réalisé elle-même la plupart des sept épisodes (et a produit tout ce « shmear » [bazar]) est l’une des artistes les plus créatives de notre époque. D’une beauté éblouissante oscillant entre une extrême confiance en soi et les malheurs des perplexes, elle peut être dure comme la pierre et, l’instant suivant, douce comme une femme amoureuse qui veut juste que les gens soient heureux. Elle ne manque jamais non plus une occasion de faire des blagues, même si personne ne l’écoute. Personne d’autre que nous.

J’ai commencé à noter certaines répliques particulièrement fulgurantes en parcourant la série, mais j’ai rapidement abandonné, la liste devenait trop longue. C’est un véritable déluge de répliques cultes (« On dirait que Pourim est en avance cette année ! » ; « Nous sommes des Juifs ashkénazes, pas des sorciers ! »).

Poupée russe. Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l’épisode 201 de Poupée russe. (Crédit : Autorisation de Netflix © 2022)

L’enquête de Nadia sur son judaïsme n’est pas de l’ordre du dialogue, mais bien plutôt de celui de la sitcom entre elle et son destin. « Vous n’êtes pas créationniste, n’est-ce pas ? », lui demande-t-on alors qu’elle s’efforce, à rebours du temps et du destin, de changer l’histoire de sa famille. « Ne serait-ce pas bien d’avoir quelqu’un à blâmer ?! », répond-elle. Elle n’a pas le temps de s’interroger sur les projets que Dieu a pour elle ; elle est trop occupée à essayer de les contourner.

Un chantier aussi riche ouvre de nombreuses pistes qui méritent d’être discutées (toute la musique choisie – de Van Halen au Bauhaus en passant par Falco, Franz Liszt, le Velvet Underground et Brian Eno – est parfaite), tout comme les délicieuses blagues qui parleront aux personnes qui ont vécu une vie similaire à celle de Nadia. (C’était génial de revoir Crazy Eddie.)

Poupée russe. Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia Vulvokov dans l’épisode 201 de Poupée russe. (Crédit : Autorisation de Netflix © 2022)

Mais au-delà des méandres bizarre de la science-fiction et des airs de dure à cuire de l’héroïne, il s’agit d’une réflexion sage, tendre et extrêmement intelligente du traumatisme générationnel. Un spectacle que les Juifs de ma génération – la génération des petits-enfants – ressentira au plus profond de leur être.

On pourra débattre pour savoir si la saison deux est aussi bonne que la première, mais une chose est sûre : on aimerait voir une troisième saison.

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