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La Turquie résolue à fermer son « autoroute du jihad » après Paris

Pendant longtemps, la Turquie s'est montrée complaisante envers le passage des djihadistes jusqu'à l'attentat de Suruç

Illustration du drapeau de la Turquie (Crédit : domaine public)
Illustration du drapeau de la Turquie (Crédit : domaine public)

Pendant longtemps, elle était « l’autoroute du jihad ». Ces derniers mois, la Turquie est parvenue à réduire sur son sol la circulation des djihadistes qui vont et viennent en Syrie et promet désormais, après les attentats de Paris, de la tarir définitivement.

A en croire son ministre des Affaires étrangères, l’opération est imminente. « Nous ne permettrons pas à Daech de maintenir sa présence à notre frontière », a proclamé cette semaine Feridun Sinirlioglu, « vous verrez dans les prochains jours ».

Comme lui, son homologue américain John Kerry a annoncé son intention de couper le flux des combattants du groupe Etat islamique (EI) entre la Turquie et la Syrie.

« La frontière est fermée à 75 % », a-t-il dit, « nous allons engager une opération avec les Turcs pour fermer les 98 km restants ».

Depuis une semaine, la porosité des 900 km de frontière qui séparent la Turquie de la Syrie alimente à nouveau toutes les inquiétudes.

Comme des milliers d’autres candidats au « jihad », la plupart des auteurs des attentats de Paris, dont l’organisateur présumé Abdelhamid Abaaoud tué par la police française, l’ont franchi pour rejoindre les rangs de l’EI puis pour revenir en Europe, sans attirer l’attention.

Abdelhamid Abaaoud, (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Abdelhamid Abaaoud, (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Depuis le début de la guerre civile, le régime de Damas a progressivement perdu le contrôle de sa frontière entre les deux pays, ce qui a aussitôt été utilisé par ses ennemis pour s’approvisionner en hommes, en armes ou en matériel.

Depuis de longs mois, le groupe Etat islamique y fait transiter les recrues en route pour son QG de Raqa, dans le nord de la Syrie.

Sitôt débarqués de l’aéroport d’Istanbul, la plupart des apprentis djihadistes en provenance d’Europe ou d’ailleurs sont acheminés par la route jusqu’à Gaziantep et Sanliurfa, dans le sud de la Turquie, d’où ils franchissent ensuite avec des passeurs la mince clôture de barbelés qui les séparaient de la Syrie.

« Les autorités turques étaient parfaitement au courant de ce trafic », confie un diplomate occidental, « elles ont laissé faire en faisant le pari qu’il précipiterait la chute de leur ennemi numéro 1, le président Bachar al-Assad ».

‘Prise de conscience’

Sous la pression de ses alliés, le gouvernement islamo-conservateur turc a toutefois commencé, il y a moins d’un an, à renforcer les contrôles à ses frontières.

Après l’attentat-suicide attribué aux djihadistes qui a fait 34 morts fin juillet dans la ville de Suruç, près de la frontière syrienne, Ankara a encore resserré les mailles du filet en construisant un nouveau mur dans les provinces de Hatay et de Gaziantep.

« Ce changement a été provoqué par la prise de conscience que l’EI constituait une vraie menace pour la sécurité turque », résume Naz Masraff, spécialiste de la Turquie au centre de recherches Eurasiagroup de New York.

Depuis l’attaque contre la gare d’Ankara le mois dernier (103 morts), les autorités ont ainsi multiplié les coups de filet dans les milieux jihadistes turcs. Il y a quelques jours, elles ont démantelé à Istanbul une cellule qui, selon elles, préparait une opération dans la plus grande ville du pays le même jour que les attentats de Paris.

Les victimes se trouvent dans la rue après une explosion dans la gare principale dans la capitale Ankara en Turquie, le 10 octobre, 2015. (Crédit : AFP PHOTO / FATIH PINAR)
Les victimes se trouvent dans la rue après une explosion dans la gare principale dans la capitale Ankara en Turquie, le 10 octobre, 2015. (Crédit : AFP PHOTO / FATIH PINAR)

Ces efforts ont compliqué la logistique des djihadistes, qui ne contrôlent plus depuis juin, et la perte du poste syrien de Tall Abyad à la frontière turque, qu’une petite bande frontalière autour de Jarablus.

Selon une note d’information du gouvernement, les forces de sécurité turques ont arrêté et expulsé plus de 2.300 « combattants terroristes étrangers » depuis l’émergence de l’EI, dont 700 dans la première moitié de l’année.

« Peut mieux faire », répondent toutefois les alliés d’Ankara, en notant que ces mesures n’ont pas entravé les mouvements des auteurs présumés des attentats de Paris. « Il y a un mieux incontestable », juge le diplomate occidental, « mais c’est insuffisant ».

« Des centaines de Syriens franchissent la frontière tous les jours, alors il n’est pas difficile pour les membres de Daech de se faufiler parmi eux », abonde depuis la Turquie Taym Ramadan, de l’ONG syrienne « Raqa est massacrée en silence ».

« Il est devenu plus difficile de faire passer des combattants », ajoute-t-il, « mais l’EI a d’autres moyens de le faire, notamment en profitant des flux de réfugiés ».

Au-delà, certains doutent que la seule fermeture, même à double tour, de la frontière suffise. « Il semble qu’il y ait déjà pas mal de cellules de l’EI en Turquie », estime Mme Masraff, « donc leur faire la chasse uniquement à la frontière ne suffira pas à réduire la menace ».

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